Le "Pape vert" (bis)

Dans un site consacré au Pape, le moins que l'on puisse faire est d'être honnête dans l'information.
J'ai donc décidé de traduire cet article de la presse italienne décidément très (trop?) bien informé, même si ce qu'il dit ne me convient pas.
Article original dans La Stampa du 14 octobre, reproduit sur le blog de Raffaella:
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La Stampa saurait-elle mieux que le Pape lui-même ce qu'il a écrit (ou va écrire) dans une encyclique à sortir dont on ne connaît pas encore précisément le thème (les "vaticanistes" sont les premiers à dire qu'il travaille dans le plus grand secret, et on balance pour celle-là entre deux possibilités : voir Une nouvelle encyclique sur l'espérance ) ou ce qu'il va dire l'année prochaine à la tribune de l'ONU? C'est quand même très surprenant!
Si l'article ne se trompait pas, je serais obligée de réviser ma position personnelle (je le ferais avec joie), ou de convenir que je ne suis pas totalement d'accord avec lui sur ce point, à moins d'admettre qu'il possède des informations plus solides que les miennes -ce qui est évident.

En tout cas, le procédé qui consiste à découper et extraire de leur contexte des phrases déjà prononcées, en les faisant passer pour le contenu d'un discours pas encore tenu, en mélangeant le certain (il est certain que le Pape se préoccupe de la création et du sort des plus pauvres) avec l'hypothétique, voire l'invraisemblable (un pape "écolo", on nous a déjà fait le coup, s'enrôlant sous la bannière d'Al Gore et militant pratiquement pour un gouvernement mondial), en conjuguant les verbes au futur, et pas au conditionnel, est à la limite de l'insupportable.
A moins qu'il ne s'agisse de faire pression sur lui par anticipation?
Rendez-vous l'an prochain, à New-York.

Le Pape "vert" en route vers l'Onu

L'intervention de Benoît XVI aux Nations Unies sera un "blitz" environnementaliste.
Si, à l'assemblée générale des Nations Unies Paul VI a tonné contre la guerre et Jean-Paul II a défendu le droit des nations à la liberté, à New-York, Benoît XVI sanctionnera en avril l'obligation morale des gouvernements à intervenir au plus vite contre les changements climatiques.
Et l'alarme écologiste de l'Église catholique (partagée, en une stratégie oecuménique, dans un avertissement à la sauvegarde de l'environnement du patriarche oecuménique de Constantinople, Bartolomeo I) trouvera aussi son expression dans l'encyclique que le pape prépare, sur les thèmes de l'espoir, la globalisation et les défis sociaux du futur.
Au Palais de Verre de l'ONU, le Souverain Pontife mettra au centre de l'attention la question de l'environnement et du développement durable, en misant sur l'éducation à la responsabilité écologique. Face aux preuves scientifiques du réchauffement de la planète, Benoît XVI réclamera aux états des "politiques de protection de l'environnement" pour conjurer la destruction de ce "patrimoine naturel" dont les fruits sont nécessaires au bien-être de l'humanité.

L'urgence
"C'est un thème d'extraordinaire urgence qui justifie un appel fort à la conscience des dirigeants", explique le cardinal Achille Silvestrini : "Le prix Nobel attribué à Al Gore est la marque d'une prise de conscience qui s'exprime aussi dans la sollicitude du Saint-Père".
Le Pape fera également appel aux opportunités offertes par la science, c'est-à-dire, selon l'anthropologue et environnementaliste Brando Crespi,... collaborateur de projets éthiques au Vatican, "à la capacité d'évaluer et de prévoir, de contrôler les dynamiques des modifications de l'environnement et du développement durable, de tracer les grandes lignes et d'appliquer des solutions au niveau international". Dans les changements climatiques, mettra en garde le Pape, les Pays plus pauvres sont ceux destinés à payer le prix plus lourd : "des choix courageux sont nécessaires pour éviter des dégradations irréversibles de la planète".

Entre temps, le Vatican devient le premier état à effet de serre zéro. Deux entreprises, une américaine et un hongroise, ont offert au Saint-Siège un bois, pour contre-balancer les émissions de CO2 produites par le plus petit état du monde...
En outre, le Saint-Siège a décidé de couvrir de panneaux solaires la salle "Nervi" (aula Paul VI), où se tiennent les audiences du Pape au Vatican...
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Théorie et pratique, donc, avec Benoît XVI qui à l'Onu portera à l'attention des gouvernements les symptomes d'un développement qui "n'a pas su défendre les délicats équilibres de la nature", réclamant des choix courageux et une nouvelle alliance entre l'homme et la terre "avant qu'il ne soit trop tard". Il est prioritaire de respecter la création, "don de Dieu", selon le Pape qui s'exprimera en porte-parole de la chrétienté parce que la ligne environnementaliste a été définie "en dialogue avec les chrétiens des différentes confessions".
Une préoccupation pour l'environnement, guidée par des principes éthiques objectifs : les décisions prises aujourd'hui sur l'environnement doivent tenir compte de la responsabilité morale envers les générations futures. Et, pour le Pape qui se posera ainsi à la tête de la bataille mondiale contre les changements climatiques la sauvegarde du "créé" demande une mobilisation globale. Il n'y a pas temps à perdre : le "problème de l'environnement se manifeste dans toute son urgence".
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A la réflexion, le plus probable est que ces thèmes seront effectivement abordés (pas forcément sous cet angle), mais qu'il parlera de bien autre chose, puisque le problème de l'environnement s'insère pour lui dans une vision plus large, qui est celle de la relation à Dieu.
Un peu comme à Loreto où, au lendemain d'un rendez-vous riche d'enseignements, les medias n'avaient voulu retenir que le "rallye écologique".

Mais c'est tout de même incroyable cet empressement à relayer les propos du Pape -quitte à les déformer- lorsqu'ils s'insérent plus ou moins dans le consensus, alors que sur tous les autres sujets (et Dieu sait qu'il y en a!!) il est scandaleusement boycotté.