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Spe Salvi
Galilée

Il est évident que la référence à Galilée était le prétexte imaginé par une poignée de spécialistes de l'agit-prop' pour empêcher le Pape de venir à l'Université de Rome.
Galilée, ils s'en moquent éperdument.

En réalité, il s'agit d'une tempête dans un verre d'eau.

Joseph Ratzinger, dans son livre d'entretiens avec Peter Seewald y avait d'ailleurs fait allusion, et voici ce qu'il disait:
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... on avait adopté le principe de laisser l'affaire se perdre par prescription. Personne ne ressentait le besoin de procéder expressément à une réhabilitation.
C'est seulement à l'époque des Lumières que le cas de Galilée est devenu l'exemple typique du conflit entre l'Église et la science. Ce conflit a son poids historique, mais il n'était pas tout d'abord chargé d'une telle tension nerveuse, au point de devenir quasiment mythique.
Les Lumières ont essayé d'en faire un symptôme de la manière dont l'Église se comporte envers la science. Ainsi, le cas de Galilée s'est stylisé jusqu'à symboliser le caractère désuet de l'Église et son hostilité à la science. Peu à peu, on en est venu à penser : ce n'est pas un simple événement appartenant au passé, cela continue à tarauder les esprits et il faut que ce soit encore une fois explicitement réglé.
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J'ai retrouvé dans mes archives un numéro de Crapouillot (n°125, septembre 1996), intitulé, tout un programme, "Les mensonges de l'Histoire" (parmi ceux-ci, l'amoire de fer de Louis XVI, épisode peu connu, qui a quand même conduit le malheureux Roi sur l'échafaud).
Un article est consacré à Galilée, sous le titre "Galilée, père de la Science moderne".
Il n'est pas nécessaire de critiquer l'homme pour discréditer le savant (ce que ne fait pas l'article, tout en nous le présentant sous un angle assez peu compatible avec son statut d'icône et de martyr de la Science).

Je me contente donc de reproduire la conclusion.
Dans une ambiance d'hystérie médiatique, on a lu ou entendu tellement de bêtises qu'il est utile de contrebalancer par un autre "son de cloche":



Le véritable procès Galilée

Crapouillot (n°125, septembre 1996)
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Il y aurait beaucoup à dire sur le « procès Galilée » qui se déroula de 1633. Les faits ont été tellement travestis qu'on ne comprend plus guère ce qui s'est réellement passé.
Certains points doivent être mis en évidence
- Galilée, contrairement à ce que l'on suppose, n'a jamais subi la torture. Dès 1755, avec Pierre Estève dans son Histoire de l'astronomie, on a prétendu que ses juges lui avaient « crevé les yeux ». C'est un mensonge éhonté. Le savant a toujours été traité avec les égards dus à son rang. Il put habiter, durant le temps de ses interrogatoires, soit à la Villa Médicis, soit dans un appartement donnant sur les jardins du Vatican. C'est mieux, quoiqu'on en dise, que la prison inquisitoriale du château Saint-Ange. Le pape en personne insista pour que ce soit une commission extraordinaire, nommée par ses soins, qui s'occupe de la phase d'instruction, et non, comme le voulait la procédure, le Saint-Office, beaucoup plus sévère à en croire tous les avis. Urbain VIII voulut même que le procès ne se fit pas. Il n'en signa d'ailleurs pas le jugement.
- Galilée n'a pas été jeté , au cachot jusqu'à la fin de ses jours ». Urbain VIII commua la peine de prison prononcée par l'Inquisition en assignation à résidence. Galilée fut donc autorisé à vivre dans sa maison de campagne « Le Joyau », à Arcetri, près de Florence, où il continua à recevoir ses élèves et à écrire.
- Il n'a jamais, après sa formule d'abjuration, prononcé la phrase que la postérité lui a prêtée : « Et pourtant, elle tourne! » (E pur, si muove !). Cette parole de défi n'entre dans l'histoire qu'en 1757, par le touche-à-tout turinois Giuseppe Baretti, dans son livre The Italian Library. Personne n'y a jamais fait allusion avant ce livre. Il écrit alors que Galilée était mort depuis cent quinze ans.
- Galilée n'a pas été condamné pour motif d'hérésie, mais pour simple « suspicion d'hérésie »
Cette « suspicion » était due à l'infraction au précepte ecclésiastique qui exigeait de ne pas présenter pour vérité absolue et définitive ce qui ne doit rester qu'une hypothèse (l'héliocentrisme, dans le cas présent) et ne pas y mêler l'Écriture Sainte.
- Galilée, enfin, n'a jamais été excommunié. L'Inquisition espagnole, à l'inverse de la romaine, ne prohiba pas son Dialogue. Depuis 1594, le système de Copernic était d'ailleurs enseigné à l'Université de Salamanque!

Si nous sommes tous scandalisés par la condamnation que dut subir Galilée, quelle que fut cette condamnation et quelque soit le génie ou non du scientifique, nous pouvons aussi remarquer que, paradoxalement, l'Eglise lui offrit un cadeau posthume en le condamnant. C'est finalement grâce à son procès que le savant florentin apparut comme un martyr de la science face à l'obscurantisme de l'Inquisition et, à bien y réfléchir, c'est à cette palme du martyre qu'il doit d'être aujourd'hui reconnu comme le « père de la science moderne », ce qu'il n'est manifestement pas.
Avec tout ce que nous savons maintenant sur son ancêtre éponyme, la « Galiléite » galopante de nos savants contemporains survivra-t-elle encore longtemps?
N'en doutons pas. Les mythes ne se déboulonnent pas en un jour. Celui de la « Terre au centre du monde » comme celui du « grand Galilée, père de la science ».



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