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| Un pape post-moderne |
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Une interview de Messori parue dans un journal espagnol, au lendemain de l'élection: resté d'une grande actualité aujourd'hui, quand les catholiques "progressistes" - qui sont encore bien présents! - se signalent tristement en se joignant au choeur des vociférations contre le Pape à propos de l'affaire Allam. Apparemment, ces gens-là n'ont pas digéré l'élection de Benoît XVI. (1er/4/2008)
Vittorio Messori ne mâche pas ses mots, sur des sujets comme l'apport des églises extra-européennes (négligeable, selon lui, ce qui répond indirectement aux critiques récentes sur la composition du Sacré Collège), à l"impérialisme" de feue la théologie de la libération, à l'obssession politiquement correcte du tiers-mondisme. Tous thèmes chers aux "libéraux". Dont on découvre avec stupeur la réelle méchanceté (et pas seulement verbale!), puisque je n'ai aucune raison de mettre la parole du journaliste en doute lorsqu'il dit qu'il a reçu des menaces de mort de leur part. Enfin ce qu'il dit sur le "grand théologien", le médiatiquement incontournable Hans Kung, lorsqu'il s'agit de l'opposer au Pape pour critiquer ce dernier, est particulièrement réjouissant: c'est d'ailleurs le titre de l'article! Article original en espagnol ici: http://www.et-et.it/articoli2005/a05e17.htm
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L'Avant-garde, 17 mai 2005
"Benoît XVI est un Pape post-moderne, et les 'modernes' ne s'en sont pas encore aperçus -----------------------------------------------------------------------
L'auteur et journaliste italien Vittorio Messori, qui a conquis une grande notoriété internationale par le livre interviewe avec Jean-Paul II "Franchir le seuil de l'espérance", est l'auteur d'un autre livre du même type, un "Rapport sur la foi", écrit avec le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et aujourd'hui Pape Benoît XVI. Vittorio Messori, 64 ans, catholique pratiquant et auteur de différents ouvrages sur des sujets religieux, a maintenu depuis lors "une relation fréquente et amicale" avec Ratzinger. Dans une interview téléphonique depuis sa maison du lac de Garde, Messori soutient que Benoît XVI a été injustement accusé d'être conservateur, obscurantiste et réactionnaire. ---------------------------------------------- - Vingt ans se sont écoulés depuis votre conversation avec le cardinal Ratzinger. Qu'est-ce qui différencie son style d'alors et son style actuel comme Pape ? - Je ne l'ai pas vu encore en personne; seulement à la télévision. De théologien et "contrôleur", Joseph Ratzinger s'est transformé en père. Au Saint Office il devait faire le gendarme... et cela lui coûtait beaucoup, parce que c'est un professeur, et il lui coûtait d'intervenir dans le travail d'autres professeurs. Maintenant, son action pastorale sera très différente, plus ouverte et libre. Dans l'aspect extérieur, c'est le Ratzinger de toujours. On l'a abusivement décrit comme un "Panzerkardinal". En réalité, il est un des hommes les plus timides que je connaisse, le plus éloigné d'un grand inquisiteur; c'est un homme timide, gentil, compréhensif...
- Dans le Rapport sur la Foi, émergent les idées de Joseph Ratzinger, pour lesquelles il a été très critiqué par les secteurs libéraux, et vous avez indirectement fait l'objet aussi de critiques. Cette tension entre les deux Églises persiste-t'elle? - Non seulement j'ai reçu des critiques, mais des menaces. Quand j'ai écrit le livre avec Ratzinger, dans l'Église catholique il existait encore l'alternative de gauche, appelée progressiste. Il y avait un grand chaos, parce qu'on pensait que le Concile Vatican II avait été une rupture, le début d'une nouvelle Église, et par conséquent on voulait détruire le passé. Toutefois, tant Jean-Paul II, qui était Pape depuis six ans, que Joseph Ratzinger, qui était préfet de la Doctrine de la Foi depuis trois ans, étaient convaincus, avec raison, que le Concile n'était pas une rupture, mais une continuité.
- C'est pourquoi Ratzinger a accepté de vous rencontrer? - Avec ce livre on a rompu un tabou ; c'était la première fois qu'un préfet de la Doctrine de la Foi acceptait de parler avec un journaliste, mais le grand impact a été que Ratzinger disait quelque chose qui paraissait alors réactionnaire et scandaleux. Il confirmait la foi de de toujours ; il disait que le Catholique doit s'adapter à l'esprit nouveau du Concile Vatican II, mais en même temps il ne doit pas renier la tradition. Par conséquent, il parlait d'enfer, de purgatoire, de paradis, d'anges gardiens... Durant ces années, cela ne pouvait pas être dit. Il y a eu un grand vacarme : Ratzinger a été considéré comme un cardinal "restaurateur", et moi, le pauvre journaliste qui l'avait interviewé - non seulement sans le contredire, mais en étant en accord avec lui - j'ai été menacé de mort par des prêtres et des théologiens. C'est la fameuse "rage des clercs", qui, lorsqu'elle explose, est terrible. Je vivais à Milan, et pendant quelques mois j'ai eu d'aller me dissimuler, quand ces "théologiens" du dialogue m'ont agressé.
- Dans les homélies de Benoît XVI on voit sa préoccupation pour le relativisme moral, un aspect très liée à l'Europe. Que ressentiront les millions de Catholiques d'autres continents, avec des urgences pastorales d'un autre type, devant un autre Pape européen qui parle tant de l'Europe ? - Si vous vous référez à Amérique latine, il faut dire aux latino-americains qu'ils se calment. Nous avons déjà vu ce qui est resté de la théologie de la libération ; qu'ils se taisent les théologiens, parce qu'ensuite, le résultat, c'est que ce ne sont pas les gens qui protestent, mais les théologiens. La théologie de la libération parlait en Espagnol et en portugais, mais, en réalité, tous ses théologiens s'étaient formés en France et en Allemagne. Ça a été un véritable cas d'importation impérialiste. La foi est la même partout; Ratzinger a toujours défendu l'orthodoxie de la foi, et cela vaut en Corée, en Argentine et aux Pays-Bas. Il n'y a pas une foi différente ; il y a des manières pastorales de l'incarner. Les Etats-Unis n'ont pas donné un saint, un théologien valable, un auteur catholique...
- Ils ont donné beaucoup d'argent. - Oui, de l'argent, mais pas grand chose de plus. Et pour en revenir à l'Amérique latine, son grand produit, la théologie de la libération, est, comme je le disais avant, un produit allemand et français importé. En outre, maintenant, là-bas se développent des sectes protestantes financées par les Etats-Unis, donc ce sera bientôt l'ex-continent catholique. En somme, il faut en finir avec les légendes tiers-mondistes, c'est de la démagogie. Qu'est-ce qu'a apporté l'Afrique à l'Église, si elle n'est toujours pas capable d'être misionnaire d'elle-même? Et en Asie les chrétiens, surtout les Catholiques, sont une rareté. J'insiste : le destin de la foi se décide en Europe.
- Certains déçus par l'élection de Joseph Ratzinger comme Pape, et parmi eux le théologien Hans Küng, ont dit qu'il réservera peut-être des surprises. À quelles surprises se réfèrent-ils ? - Hans Küng, le pauvre, essaye de se consoler en disant cela. Ratzinger a été présenté comme un réactionnaire, mais c'est un Pape post-moderne, et là est l'équivoque. Küng et les siens, c'est-à-dire, les théologiens post-Vatican II, sont modernes, ils sont encore ancrés dans la modernité. Mais la modernité est finie, et ils ne l'ont pas compris. Küng est resté coincé aux années soixante, tandis que Ratzinger a dépassé les mythes et les illusions de ces années, et est en contact avec le monde d'aujourd'hui. Le Pape surprendra seulement ceux qui ne le connaissent pas. Il est ouvert au dialogue ; seulement il veut le dialogue adéquat, en rappelant les bases du catholicisme. On ne peut pas dialoguer en se reniant soi-même. Les Catholiques ne doivent pas dialoguer en occultant leur doctrine, en demandant pardon pour leur passé... Le seul dialogue honnête est celui dans lequel l'interlocuteur ne se renie pas lui-même.
- Jean-Paul II avait une relation privilégiée avec la jeunesse catholique. Apparaissent maintenant les Ratzinger-boys avec des clubs sur internet. C'est cela la nouveauté médiatique du nouveau Pape ? - Ce sont des groupes limités, du pur folklore. L'important, c'est la jeunesse ; il n'y a que ceux qui ne connaissent pas l'Église qui croientt qu'en elle il n'y a pas de jeunes, mais sa présence est plus fort que ce que pensent certains comme Zapatero, qui est convaincu que vont à masse seulement les vieilles dames et quelques avocats de provinces ; je dis Zapatero comme exemple d'anticlericalisme radical. Il ne faut pas juger l'Église catholique universelle par ce qui se passe en Espagne ou en Catalogne, qui fait peine...
© La Vanguardia
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Le Pape a désarmé l'aile gauche de l'Église Le Christ continue à captiver les coeurs
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