Saint-Isidore et la "voie médiane"

Catéchèse du 18 juin: commentaires et photos (20/6/2008)



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Presque chaque semaine, lors des catéchèses, Benoît XVI se raconte, et nous avons eu à plusieurs reprises l'occasion de le souligner ici.
Il a fréquenté si assidûment les Pères de l'Eglise, qu'il n'a aucun mal à littéralement se glisser dans leur peau.
Le thème récurrent est la dichotomie entre le désir intime de se refermer sur soi-même pour se consacrer uniquement à la méditation, au dialogue avec Dieu, et à l'écriture, et d'autre part le devoir d'obéissance qui impose de renoncer à soi-même pour se consacrer aux-autres.

Dernière épisode, mercredi dernier (18 juin). La catéchèse portait sur Saint Isodore, " frère cadet de Léandre, évêque de Séville, et grand ami du pape Grégoire le Grand", qui avait fait l'objet d'une précédente leçon.

La catéchèse (en italien ici) n'a pas encore été traduite en français sur le site du Vatican, et je n'ai pas eu le temps de le faire, je me contenterai donc de citer ce que d'autres ont dit:



D'abord, Yves Daoudal qui, sur son blog, dans un billet joliment intitulé Le Pape par procuration , remarque:

"Une fois de plus, hier, Benoît XVI a parlé de lui-même par l’intermédiaire d’un père de l’Eglise. C’est toujours émouvant".

Et il reproduit le passage le plus significatif à cet égard, qui est une citation de Saint-Isidore par le Saint-Père, qui pourrait fort bien l'avoir écrit lui-même, et pour lui-même; on pense à une autre version de l'histoire de l'ours de Saint-Corbinien, la bête de somme de Dieu:

« Le responsable d'une Eglise (...) doit d'une part se laisser crucifier au monde par la mortification de la chair et, de l'autre, accepter la décision de l'ordre ecclésiastique, lorsqu'il provient de la volonté de Dieu, de se consacrer au gouvernement avec humilité, même s'il ne voudrait pas le faire ...
Les hommes de Dieu ne désirent pas du tout se consacrer aux choses séculières et gémissent lorsque, par un mystérieux dessein de Dieu, ils sont chargés de certaines responsabilités... Ils font tout pour les éviter, mais ils acceptent ce qu'ils voudraient fuir et font ce qu'ils auraient voulu éviter. »



Paolo Rodari et "la voie du milieu"

Ensuite, Paolo Rodari, dont je traduis intégralement l'article ci-dessous:
(voir ici):
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Le professeur Ratzinger le dit: entre action et contemplation, il existe une troisième voie, celle du milieu (la plus utile)

Aujourd'hui pour Benoît XVI, audience générale place Saint-Pierre avec le chapeau de couleur rouge au large bord (saturno) pour se protéger du soleil. Mais la lumière est venue quand même, grâce à ses paroles.

Benoît XVI a consacré sa catéchèse à Saint Isodore de Séville (frère cadet de Léandre, évêque de Séville et grand ami du Pape Grégoire le Grand) et, en s'appuyant sur la vie du saint, il a dégagé la grandeur de la voie médiane, c'est-à-dire celle qui se partage par moitiés entre vie active et vie contemplative: des paroles utiles pour tous les consacrés qui voudraient être davantage dans le monde et pour tous ceux qui sont bel et bien dans le monde mais qui voudraient le fuir.

Isidore doit sa formation à Leandre, personne très exigeante, érudite et austère, qui avait créé autour de son frère cadet un contexte familial caractérisé par les exigences ascétiques d'une vie de moine et le rythme de travail requis par une consacration sérieuse à l'étude.
Isidore, explique Ratzinger - « fit l'expérience d'un conflit intérieur permanent, très semblable à celui qu'avaient déjà éprouvé Grégoire le Grand et saint Augustin, partagé entre le désir de solitude, pour se consacrer uniquement à la méditation de la Parole de Dieu, et les exigences de la charité envers ses frères, se sentant responsable de leur salut en tant qu'évêque. ».
Mais il savait bien, Isidore, que « les hommes de Dieu (sancti viri) ne désirent pas du tout se consacrer aux choses séculières et gémissent lorsque, par un mystérieux dessein de Dieu, ils sont chargés de certaines responsabilités... Ils font de tout pour les éviter, mais ils acceptent ce qu'ils voudraient fuir et font ce qu'ils auraient voulu éviter. Ils entrent en effet dans le secret du cœur et, à l'intérieur de celui-ci, ils cherchent à comprendre ce que demande la mystérieuse volonté de Dieu. Et lorsqu'ils se rendent compte de devoir se soumettre aux desseins de Dieu, ils courbent le cou de leur cœur sous le joug de la décision divine ».
Et encore : « Ceux qui cherchent à atteindre le repos de la contemplation doivent d'abord s'entraîner dans le stade de la vie active ; et ainsi, libérés des scories des péchés, ils seront en mesure d'exhiber ce cœur pur qui est le seul qui permette de voir Dieu ». Mais il ajoute : « La voie médiane, composée par l'une et par l'autre forme de vie, apparaît généralement plus utile pour résoudre ces tensions qui sont souvent accentuées par le choix d'un seul genre de vie et qui sont, en revanche, mieux tempérées par une alternance des deux formes ».

La confirmation définitive d'une juste orientation de vie, Isidore la cherche dans l'exemple du Christ et dit : « Le sauveur Jésus nous offrit l'exemple de la vie active, lorsque pendant le jour il se consacrait à offrir des signes et des miracles en ville, mais il montrait la voie contemplative lorsqu'il se retirait sur la montagne et y passait la nuit en se consacrant à la prière ».
À la lumière de cet exemple du divin Maître, Isidore peut conclure avec cet enseignement moral précis : « C'est pourquoi le serviteur de Dieu, en imitant le Christ, doit se consacrer à la contemplation sans se refuser à la vie active. Se comporter différemment ne serait pas juste. En effet, de même que l'on aime Dieu à travers la contemplation, on doit aimer son prochain à travers l'action. Il est donc impossible de vivre sans la présence de l'une et de l'autre forme de vie à la fois, et il n'est pas possible d'aimer si l'on ne fait pas l'expérience de l'une comme de l'autre ».

Et le Pape conclut ainsi sa catéchèse : « Je considère qu'il s'agit là de la synthèse d'une vie qui recherche la contemplation de Dieu, le dialogue avec Dieu dans la prière et dans la lecture de l'Ecriture Sainte, ainsi que l'action au service de la communauté humaine et du prochain. Cette synthèse est la leçon que le grand évêque de Séville nous laisse à nous aussi, chrétiens d'aujourd'hui, appelés à témoigner du Christ au début d'un nouveau millénaire. ».



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