Mise au point...

Lorsque je traduis des articles de la presse étrangère, cela ne signifie nullement que j'adhère à leur contenu.
Lorsque c'est le cas (ce qui veut dire que je me réjouis) je le signale.

Le reste du temps, il s'agit d'informations qui m'intéressent personnellement à la fois par le thème abordé, et par ce qu'elles révèlent... de leur auteur.
Je n'ai pas forcément de lumières particulières sur les questions, et par conséquent pas d'opinion arrêtée.

C'est exactement ce qui s'est passé lorsque j'ai traduit l'article de John Allen sur l'assassinat d'Aldo Moro: Aldo Moro, trente ans après .
Je n'ai à l'évidence pas les "clés de lecture" pour évaluer son récit, je l'ai donc pris comme une simple narration, qui mettait en relief la personnalité attachante de Paul VI.
Point.
Mon amie Sheelagh qui a plus de connaissances que moi sur la question a lu l'article (dans sa version originale en anglais) d'un oeil plus critique.
Concernant Paul VI, elle doute de beaucoup de choses, tout le côté romanesque, qui m'avait séduite, je l'avoue: qu'il se soit laissé aller à pleurer devant des enfants, qu'il se soit proposé en otage en échange de son ami, qu'il ait "offert" une rançon aussi énorme... Sans parler du rôle des américains, et des arcanes de la politique italienne.
Beaucoup de choses, en effet, qui, d'après elle, relèvent plus de la recherche du sensationnel que de l'information.
Elle a déniché sur le site du Vatican deux liens précieux (en italien) qui pourraient aider à se faire une opinion:
- www.vatican.va/...paul_vi/speeches/1978/...preghiera-aldo-moro_it
- www.vatican.va/...paul_vi/speeches/1978/...uccisione-aldo-moro_it

Concernant le titre de l'article (L'affaire Aldo Moro, un tournant pour l'Occident et pour l'Eglise), et reprenant point par point les arguments de John Allen, elle les réfute de façon assez convaincante:



Je me souviens de ce temps. Un temps qui a marqué l'Italie comme un pays qui changeait de gouvernement presque toutes les semaines...
Je ne crois pas que cela ait été un tournant si important pour l'Ouest. Peut-être pour l'Europe car il y avait aussi des enlèvements en Allemagne, et l'Irlande avait ses problèmes nullement reliés à l'Europe.
Pour ce qui est d'un tournant dans l'Église pour l'Ouest, non.
Paul VI et son encyclique "Humane Vitae" fut le tournant dans l'Église et cela datait de 1968.
L'assassinat de M. Moro vient 10 ans plus tard... ce n'est pas du tout la même histoire.
...
Dire que la mort d'Aldo Moro "sapa ce qui restait de force à Paul VI, et accéléra sans doute sa propre mort, trois mois plus tard" est, je crois, une exagération. Je ne remets pas en question la peine que Paul VI a pu avoir suite à la mort tragique d'un ami. Paul VI avait déjà 81 ans lorsqu'il est mort et il a vécu des années très, très pénibles comme Pape.
Si quelque chose l'a tué c'est bien son Église et non pas la politique italienne.
Il n'y a pas un pays de l'Ouest qui n'ait vécu de grands tournant entre 1965 et ce jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989 - et voilà un autre immense tournant pour l'Europe et l'Europe de l'Est... et ce fut du temps de JPII. Je ne suis pas du tout d'accord avec Allen.
...
Paul VI a peut-être été angoissé, mais encore là sa peine était sûrement plus pour son Église qui, n'oublions pas, l'a carrément rejeté. Je crois qu'il était probablement plus fatigué qu'autre chose. Lui aussi a vécu les années de guerre et d'après-guerre. Il a vécu Vatican II et c'est à lui qu'est revenue la tâche ingrate de clore le Concile et de pourvoir au "renouveau" qui fut un échec monumental.
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Merci à Sheelagh.



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