Baptême de Magdi Allam: la polémique continue

Andrea Tornielli persiste dans ses "doutes". (28/3/2008)
Voir ici: Une accolade et un doute



Provocation?

J'ai tout de suite pensé que la démarche du journaliste égyptien était ambigüe, et même franchement discutable dans sa volonté de "recruter" le pape pour sa cause.
Je partage donc les "doutes" d'Andrea Tornielli!

Il faut souligner la réserve (Une dépêche de l'AFP, reproduite sur La Croix ) exprimée en termes feutrés mais cependant fermes par le porte-parole du Saint-Siège:
"Accueillir dans l'Église un nouveau croyant ne signifie évidemment pas en épouser toutes les idées et les positions. Magdi Allam a le droit à exprimer ses idées, qui restent des idées personnelles, sans qu'elles deviennent évidemment en aucune façon l'expression officielle des positions du Pape ou du Saint-Siège ".



Les doutes d'Andrea Tornielli

blog.ilgiornale.it/tornielli/...ancora-sul-battesimo-di-allam-e-sui-dubbi
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[..] Après avoir lu la lettre avec laquelle Magdi Chrétien Allam a rapporté sa conversion (je ne la connaissais pas encore lorsque, le matin de Pâques, j'ai écrit ce post), j'ai vu mon doute s'approfondir et s'aiguiser.

J'ai trouvé hors de propos le fait qu'à peu à d'heures du baptême qu'il a reçu - un don de grâce - Allam ait publié une sorte de manifeste anti musulman en disant que "la racine du mal est inhérente à l'islam qui est physiologiquement violent" et en affirmant que le baptême l'a libéré "de l'obscurantisme d'une idéologie qui légitime le mensonge et la dissimulation, la mort violente qui conduit à l'homicide et au suicide, à la soumission aveugle et à la tyrannie".
En fait, il ne ressort pas que Magdi Allam ait jamais été soumis à cette religion "obscurantiste". Il a été, par contre, objet de graves menaces (c'est pourquoi il vit sous protection).
Je suis donc en mesure de préciser mon doute et mes perplexités : je me réjouis - évidemment - du "point d'accostage" auquel le journaliste est parvenu après un cheminement intérieur et des rencontres significatives. Je ne discute en aucune façon le choix de célébrer le baptême à Saint-Pierre.
Je discute, par contre, le sens hautement symbolique et anti-islamique qu'Allam a voulu lui donner en fournissant le matin de Pâques une interprétation du geste du Pape. Interprétation belliqueuse, dont je ne suis pas certain qu'elle ait été partagée au Vatican (oltre Trevere).

Je voudrais rappeler, parce que c'est important, qu'après le discours de Ratisbonne 138 intellectuels musulmans ont écrit au Pape et on a jeté ainsi les bases d'un dialogue. Magdi Allam, dans l'article intitulé "la duplicité de la terreur", avait adressé des critiques très dures aux 138, étiquetant entre autre comme naïves les réactions de Giuliano Ferrare (...) et des cardinaux Angelo Scola (patriarche de Venise) et Jean-Louis Tauran (Président du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux).
Magdi Allam affirme qu'il n'existe pas d'islam modéré, que l'islam, lorsqu'il dialogue, en réalité dissimule, que l'islam est génétiquement violent. Magdi Allam a même été jusqu'à cataloguer comme complices des terroristes certains chrétiens qui cherchent le dialogue.

Il a soutenu jusqu'au bout la guerre anglo-américaine contre l'Irak, à laquelle Jean-Paul II était hostile, et que Benoît XVI, a de façon réaliste décrite comme catastrophique quelques jours auparavant.

Oui... le baptême d'Allam est une nouvelle belle et émouvante.
Mais l'interprétation un peu trop belliqueuse que lui-même en a donnée, en accusant l'Église d'avoir été trop prudente, non.

Je ne crois pas vraiment qu'en le baptisant à Saint-Pierre, le Pape et le Saint-Siège aient voulu s'approprier le contenu et le ton des articles de sous-directeur du Corriere della Sera.... Je me permets de citer une phrase de Jean Paul II (24 janvier 2003) en référence, justement, à la responsabilité des mass media : "Opposer l'un à l'autre au nom de la religion est une erreur particulièrement grave contre la vérité et la justice, de même que c'est une attitude discriminatoire vis-à-vis des différentes convictions religieuses, puisqu'elles appartiennent à la sphère la plus profonde de la dignité et de la liberté de la personne humaine".

L'attitude des chrétiens envers l'islam est celle qui est sanctionnée par le Concile Vatican II et a été réaffirmée plusieurs fois par le Pape Benoît XVI, qui le 25 septembre 2006 a dit : "Dans un monde marqué par le relativisme, et qui trop souvent exclut la transcendence de l'universalité de la raison, nous avons absolument du besoin du dialogue authentique entre les religions et entre les cultures, un dialogue en mesure de nous aider à dépasser ensemble toutes les tensions dans un esprit d'accord fructueux. En continuité avec l'oeuvre entreprise par mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, je souhaite donc vivement que les rapports inspirés par la confiance, qui se sont instaurés depuis années entre les chrétiens et des musulmans, non seulement se poursuivent, mais se développent dans un esprit de dialogue sincère et respectueux, un dialogue fondé sur une connaissance réciproque toujours plus authentique qui, avec joie, reconnaît les valeurs religieuses communes et, avec loyauté, prend acte et respecte les différences ".

Je ne me cache pas ... les graves problèmes du fondamentalisme islamique, des lois liberticides qui ne respectent pas la dignité des personnes et leur droit à changer religion, de traditions qui humilient les femmes, et cetera. Je crois cependant que les simplifications ne servent pas à faire la clarté. Et je crois qu'affirmer que tout l'islam est intrinsèquement violent et que le dialogue de la part des musulmans est de la dissimulation, n'est tout simplement pas vrai.
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J'ajoute les mots tout juste prononcés par le directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, en référence au baptême de Magdi Allam : "Accueillir dans l'Église un nouveau croyant ne signifie évidemment pas en épouser toutes les idées et les positions. Magdi Allam a le droit à exprimer ses idées, qui restent des idées personnelles, sans qu'elles deviennent évidemment en aucune façon l'expression officielle des positions du Pape ou du Saint-Siège ".



Une dépêche de l'AFP, reproduite sur La Croix

Le Vatican se démarque des opinions de l'ex-musulman baptisé par le pape
www.la-croix.com

Le Vatican s'est démarqué jeudi des déclarations contre l'islam de Magdi Allam, le journaliste italien d'origine musulmane baptisé par Benoît XVI durant la nuit de Pâques, dans une note de son porte-parole soulignant qu'elles n'expriment pas la position du pape.

"Accepter dans l'Eglise un nouveau croyant ne signifie évidemment pas en épouser toutes les idées", a souligné le porte-parole Federico Lombardi dans une note diffusée aux médias.

Magdi Allam "a le droit d'exprimer ses idées qui restent des idées personnelles, sans bien sûr devenir d'aucune façon l'expression officielle des positions du pape ou du Saint Siège", a-t-il ajouté.

Le père Lombardi a par ailleurs souligné que le pape "a pris le risque de ce baptême" pour "affirmer la liberté de choix religieux découlant de la dignité de la personne humaine".



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