Colonialisme juridique: l'Europe que nous refusons

A propos des attaques réitérés contre la famille, un article en plein dans l'actualité d'Andrea Tornielli (17/6/2008)



Avant le "non" français au référendum sur la constitution européenne, on nous avait fait le coup du plombier polonais.
Apparemment, il a resservi en Irlande.
J'ignore si c'est cela qui a fait reculer les gens, des considérations uniquement économiques, le fameux pouvoir d'achat.

Peut-être pas. Peut-être que, confusément ou consciemment, certains rejettent cette Europe qui, "de façon étouffée et sournoise" contourne les législations nationales, et vide de sa substance la souveraineté des peuples, rendant les gouvernements des pays semblables à des théâtres de marionnettes.
Peut-être aussi que, de même que la chute du communisme est parti de la Pologne, il faut voir un signe dans le fait que la résistance (la défense de la famille?) parte de ce bout de terre encore très majoritairement catholique.

Version originale en italien sur son blog (http://blog.ilgiornale.it/tornielli/ ), et sur Il Giornale.

Ma traduction.



La famille est soumise aux attaques de forces qui « cherchent à l'affaiblir ».

C’est ce qu’a dit hier soir Benoît XVI aux jeunes brindisiens, qui l'ont accueilli avec beaucoup de chaleur dans une des rares régions italiennes qui, sur l’initiative de la commission menée par Nichi Vendola (le président de gauche de la région des Pouilles - ndt), a légiféré pour concéder des droits aux couples de fait (DICO).
Le Pape leur a rappelé que « parmi les valeurs enracinées» dans cette terre il y a « le respect de la vie » et « l'attachement à la famille » qui aujourd'hui « est exposée aux attaques convergentes de nombreuses forces qui cherchent à l'affaiblir ».
Dernièrement, j'ai publié sur Il Giornale un article sur les menaces que de façon étouffée et sournoise l'Europe fait peser sur ce sujet, à travers ce que le professeur Marta Cartabia appelle « colonialisme juridique » : en fait, la modification des législations familiales à coups de sentences des cours européennes.
Un débat très actuel, après l'échec retentissant du Traité de Lisbonne en l'Irlande.



Dans "Il Giornale"

Un dossier dénonce le fait que souvent, les sentences des cours de la Communauté Européenne, et les directives anti-discrimination, entrent en conflit avec la Constitution italienne

Catholiques en révolte: l'Europe contre la famille

« Le fameux DICO, les adoptions par les couples homosexuels, le mariage entre personnes du même sexe… Tout ce nous croyons avoir mis à la porte de notre pays risque à présent d’y rentrer par la fenêtre de l’Europe ».

C’est le cri d’alarme lancé par le Professeur Marta Cartabia, professeur de droit constitutionnel à l’Université de Milan, qui vient d’éditer un rapport substantiel, intitulé « I diritti in azione » (les droits en action)
La spécialiste, en syntonie avec « L’Association pour la Fondation Europa » (AFE), et avec plusieurs réalités du monde catholique, lance un cri d’alarme pour ce qu’elle définit comme un risque de « colonialisme juridique », autrement dit l’invasion, à coup de sentences des cours européennes, du domaine réservé des Constitutions nationales.

« Théoriquement – explique la spécialiste au Giornale – l’Europe ne devrait pas intervenir en terme de droit familial, et cela est établi par un protocole du traité de Lisbonne. Mais ces argument font leur retour par d’autres voies, par exemple les directives anti-discrimination, ou les sentences des cours européennes ».
Dans le premier cas, on remarque l’activisme de l’Agence pour les droits fondamentaux de Vienne, qui comme l’a déclaré de façon à peine voilée son directeur, le danois Morten Kjaerum, ne se contente pas de mener un juste combat contre les discriminations envers les homosexuels dans le monde du travail, mais considère également comme « discriminatoire » le fait que les homosexuels ne puissent pas se marier et avoir des enfants.
« Les directives anti-discrimination – affirme le Professeur Cartabia – une fois insérées dans le droit européen, deviennent le moyen pour réclamer l’équivalence des couples gay et de la famille. ».
Pour ce qui concerne les sentences, il suffit de se rappeler de celle de la Cour Européenne des droits de l’homme, qui, au début de cette année, a condamné la France pour avoir refusé à une lesbienne l’autorisation d’adopter un enfant (duquel, par ailleurs, la compagne de la plaignante n’avait aucune intention de s’occuper), décrétant 10 milles euros de dommages et intérêts pour préjudice moral. Ou la sentence de la Cour de justice de l’Union Européenne qui en avril dernier, bien que ne pouvant intervenir sur des perspectives, a donné raison à un homosexuel allemand qui s’était adressé à elle pour obtenir la pension de réversion de son compagnon disparu, réversion pourtant non prévue pour les unions civiles en Allemagne.

« Nul doute – dénonce Giorgio Salina, président de l’AFE – que la convergence de députés européens appartenant à divers groupes politiques, les « groupes transversaux » gays et lesbiens, et d’autres organisations européennes analogues, exercent une forte pression relativiste dans les différentes institution ».
En outre, il arrive – poursuit Salina- « que les différentes cours internationales, y compris certaines cours constitutionnelles nationales, considèrent les sentences et résolutions du Parlement Européen comme source du droit, accumulant les cas de jurisprudence.
Il s’agit d’une méthode subreptice de légiférer à travers la magistrature, contournant les compétences reconnues aux différentes institutions ».

Au cours des dernières semaines, la ministre de la Justice du gouvernement de Paris, Rachida Dati, en prévision de l’imminente gouvernance française du Conseil de l’UE, a affirmé : « Le président Sarkozy et le gouvernement français entendent porter le thème de l’adoption d’un droit de la famille commun dans l’UE, et ceci afin d’éviter des contentieux onéreux consécutifs à la libre circulation des citoyens des pays membres ».
Invoquer une uniformisation du droit de la famille implique d’ouvrir la question du mariage et de l’adoption pour les homosexuels.
Le traité de Lisbonne, qui régit le fonctionnement des institutions communautaires, intègre aussi la Charte des droits fondamentaux, l’en rendant tributaire.
Ce n’est pas un hasard – font observer Cartabia et Salina – si ce document « est ouvert à diverses interprétations des droits relatifs à l’anthropologie humaine. Il suffit de se rappeler que l’article 9 cite le droit à se marier, et, séparément, le droit à former une famille ».
En fait, la tentative, par certaines forces, de procéder par voie législative au niveau européen, au milieu du désintérêt général, pourrait faire rentrer dans notre pays des conceptions de la famille différentes de celles qui sont sanctionnées par notre Constitution.



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