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Un rabbin au Synode

Il sort un peu de son rôle... Articles de John Allen et d'Andrea Tornielli (7/10/2008)

On peut penser "pourquoi?". En tout cas, il faisait l'actualité déjà avant l'ouverture.
Et il n'a pas déçu.



Un article de John Allen

Comme toujours, John Allen est très factuel, très bien informé, et apparemment objectif.
Texte original en anglais sur le site de ncr: http://ncrcafe.org/node/2154
Ma traduction:

Le premier rabbin à s'adresser à un synode d'évêques s'est aujourd'hui félicité des efforts entrepris par l'église pour dialoguer avec les juifs, mais il a également rappelé les tensions entre juifs et catholiques en critiquant indirectement le défunt pape Pie XII, pape de la période de guerre dont le silence allégué pendant l'holocauste a longtemps été un sujet de polémique.

Jeudi, Benoît XVI conduira les commémorations du cinquantième anniversaire de la mort de Pie XII en 1958.

À l'issue d'un bref discours lors du synode, cet après-midi, au sujet de l'approche juive de la bible, le Rabbin Shear-Yashuv Cohen a fait allusion aux polémiques sur Pie XII.

« Nous ne pouvons pas oublier la triste et douloureuse réalité de ceux qui, y compris parmi les grands chefs religieux, n'ont pas élevé la voix dans l'effort de sauver nos frères, mais ont choisi de rester silencieux et d'aider secrètement, » a dit Cohen, grand rabbin de Haïfa en Israël.

« Nous ne pouvons ni pardonner ni oublier, et nous espérons que vous comprenez notre douleur, notre tristesse, » a déclaré Cohen, s'adressant en anglais à une assistance d'environ 253 cardinaux, archevêques et évêques, parmi lesquels Benoît XVI.

Cohen n'a jamais mentionné le nom de Pe XII, même si, dans le contexte, l'allusion a semblé évidente. Plus tôt dans la journée, Cohen avait accordé une interviewe à Reuters dans laquelle il disait que s'il avait réalisé que sa visite au Vatican coïnciderait avec les cérémonies commémorant la mort de Pie XII, il ne serait peut-être pas venu.

Ses remarques sur le pape Pie XII devant le synode n'étaient pas dans le texte rédigé par Cohen, ce qui suggére un ajout de dernière minute.

Les remarques de Cohen viennent à un moment délicat, alors que Benoît XVI pèse le pour et le contre avant de déclarer saint son controversé prédécesseur. En mai 2007, la Congrégation vaticane pour la cause des saints a voté une motion approuvant les « vertus héroïques,» de Pie XII, première étape formelle dans le processus, et document confirmant que le verdict attend désormais une signature papale. Ce n'est qu'alors que les fonctionnaires du Vatican pourront avancer, avec la recherche d'un miracle, exigé pour la béatification. Un autre miracle serait exigé pour la canonisation certaine.

Cohen a également lancé une attaque mordante, bien qu'une fois encore indirecte, contre le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Cohen s'est référé « aux mots terribles et vicieux du président d'un certain état du Moyen-Orient » dans un discours récent aux Nations Unies. Cohen a dit que « les accusations fausses et malveillantes, les menaces et l'incitation anti-sémite » ne peuvent manquer de rappeler les juifs de l'holocauste.

Quand il était jeune homme, Cohen a fait partie d'un mouvement lié à l'Irgoun, un groupe armé recherchant la création d'un état juif.
Au cours des combats qui ont entouré la reconnaissance de la nation de l'Israël en 1948, au cours desquels les forces juives ont perdu le contrôle de la vieille ville de Jérusalem, Cohen a été blessé à la jambe et a passé un certain temps dans un camp de prisonnier de guerre en Jordanie. Rabbin en chef de Haïfa, Cohen a longtemps été un conseiller et un guide spirituel de l'armée israélienne. Il est également un ancien adjoint au maire de Jérusalem.

Cohen a invité les dirigeants catholiques « à élever votre voix, en sorte qu'avec l'aide du monde libre, nous puissions protéger et sauver Israël des mains de nos ennemis. »

« Ce qui s'est produit par le passé ne devrait pas se reproduire » a dit Cohen. « Ma présence ici me fait penser que nous pouvons compter sur votre aide, et je suis sûr que votre message sera écouté par les personnes influentes partout dans le monde. »

Cohen a applaudi l'église catholique pour son rapprochement avec les juifs, qu'il fait remonter au pape Jean XXIII (1958-63), et qu'il a également attribué au Pape Jean Paul II. Il a noté que cet après-midi, plusieurs évêques on fait référence aux juifs en tant que « frères aînés » des chrétiens, et a déclaré « nous apprécions profondément cette évaluation. »

Depuis 2002, Cohen a été le co-président juif du dialogue bilatéral entre la Commission du Vatican pour des relations religieuses avec les juifs et le rabbinat en chef de l'Israël.

L'invitation à s'adresser au synode des évêques, est, selon Cohen, une indication « que vous avez l'intention de continuer cette politique. »

« Je remercie Dieu qui nous a accordé vie pour être ensemble, pour travailler ensemble à un avenir de coexistence paisible dans le monde entier » a dit Cohen.

La majeure partie du discours de Cohen a été consacrée à une description du rôle de la bible dans la foi et le culte juifs. Il a décrit les rituels élaborés, par exemple, qui entourent la proclamation publique du Tanakh, le terme hébreu pour la loi, les prophètes et les écrits sapientiaux de l'ancien testament.

Cohen s'est souvenu que quand il était enfant, son père, qui était également un rabbin célèbre lui avait enseigné à apprendre par couer le Tanakh en entier. Il a dit que la bible est au centre de la prédication juive.

« Quand nous les rabbins, parlons de sujets importants tels que le caractère sacré de la vie, la résistance à la promiscuité, la lutte contre le sécularisme, ou les valeurs de fraternité, de paix, d'égalité, et de respect de d'autres, nous construisons toujours notre discours autour de citations bibliques, » a t'il dit. « Les Eritures saintes ne perdent jamais leur vitalité, leur pertinence avec les questions de notre temps »

Cohen a indiqué qu'un grand intérêt pour l'écriture sainte est vivant en Israël contemporain. Pendant des célébrations annuelles de Jour de la Déclaration d'Indépendance, a dit Cohen, Israël sponsorise un « quiz de la bible » national pour la jeunesse qui attire l'intérêt non seulement des étudiants dans les écoles religieuses, mais également des juifs laïcs.

Première réaction

Sur son blog (http://paparatzinger-blograffaella... ), Raffaella qualifiait hier soir (lundi 6 octobre) la sortie du Rabbin de "grave manquement à la courtoisie".
Elle citait une dépêche de l'Agence italienne Apcom rédigée en ces termes (traduction):
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Le Rabbin invité au Synode: non à la béatification de Pie XII:

Le grand rabbin de Haïfa... demande au pape que Pie XII ne soit pas béatifié, à cause de ses silences sur l'holocauste. Shear-Yashuv Cohen s'est exprimé devant un groupe de journalistes à l'issue de son intervention de ce soir devant l'assemblée synodale.
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Raffaella déplore que le rabbin ait cru bon de mettre son hôte dans l'embarras, en s'exprimant devant des journalistes sur le ton de la polémique. Sans compter que la béatification de Pie XII ne devrait pas être une décision où il a son mot à dire. On a au moins le droit de le penser.
Et l'endroit était-il bien choisi pour lancer l'anathème contre le président iranien? Là encore, le rabbin a profité d'une tribune providentielle, mais Raffaella note que le synode n'est pas une assemblée politique. Il a donc pratiqué à son profit la confusion des genres.

Sur tout cela, inutile de dire que je partage entièrement son point de vue.

Andrea Tornielli

Andrea Tornielli commente la nouvelle de son côté sur son blog - après Raffaella, ce mardi, il dit la même chose... - dans un article intitulé "Le rabbin invité au Synode attaque Pie XII". Preuve supplémentaire que les propos du rabbin peuvent laisser pour le moins perplexe:
http://blog.ilgiornale.it/tornielli/...
Ma traduction.

... La nouveauté absolue de ce Synode est la présence d'un rabbin, qui hier après-midi est intervenu dans la salle: il s'agit du grand rabbin de Haifa, Shear-Yashuv Cohen.
Ce dernier, dans son intervention dédiée à l'interprétation de l'Écriture selon la foi hébraïque, s'est jeté sur le président iranien Ahmadinejad (si è scagliato contro il presidente iraniano Ahmadinejad).
Et dans la soirée, interviewé par Phil Pullella, vaticaniste de Reuters, il a dit que l'Église ne doit pas béatifier Pie XII et que s'il avait su que Benoît XVI était en train de célébrer le cinquantième anniversaire de la mort de Papa Pacelli (avec la messe qu'il présidera jeudi matin à Saint-Pierre), il ne serait pas venu au Synode.
À part le fait que la date de la mort de Pie XII n'est pas vraiment un secret du Mossad, se trouvant dans toutes les encyclopédies, à part le fait que le cinquantenaire représente une échéance importante, je trouve entièrement hors de propos qu'un représentant juif invité à parler aux évêques catholiques en profite pour mettre le Pape dans l'embarras, et qui plus est sur la base de légendes noires.
Je vous laisse imaginer ce qui se serait passé si un cardinal de la curie romaine avait été invité à prendre la parole dans une importante assemblée religieuse juive à Jérusalem et ensuite en sortant, avait fait aux journalistes des déclarations de teneur semblable…
Au rabbin Cohen je me permets respectueusement de rappeler les mots prononcés par un illustre collègue, le Grand rabbin de Jérusalem, Isaac Herzog, en 1944 : « Le peuple d'Israël n'oubliera jamais ce que Sa Sainteté et ses illustres envoyés, inspirés des principes éternels de la religion, qui sont à la base de l'authentique civilisation, font pour nos frères et soeurs malchanceux dans l'heure la plus tragique de notre histoire, preuve vivante de la Divine Providence en ce monde ».
Au lendemain de la mort de Papa Pacelli, le même Herzog déclara : « La mort de Pie XII est une grave perte pour tout le monde libre. Les catholiques ne sont pas les seuls à en déplorer le décès ».

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