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Non, Pie XII ne fut pas le "Pape d' Hitler"!

Un article d'un historien italien, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort du Pape des années de guerre (9/10/2008)


Sur son blog, Raffaella reproduit plusieurs articles de la presse italienne. Ils répondent en particulier aux accusations du rabbin de Haïfa (Un rabbin au Synode et Un rabbin au Synode (2) ).

De la plume de l'historien et journaliste Luciano Garibaldi, celui ci est tiré du journal Il Sussidiario: http://www.ilsussidiario.net/articolo.aspx?articolo=6743

Ma traduction

POLÉMIQUE
Ces préjugés infondés contre Pie XII
Luciano Garibaldi
mercredi 8 octobre 2008
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Ceux qui critiquent Pie XII en l'accusant de n'avoir jamais prononcé, avant l'écroulement du nazisme, une condamnation solennelle et publique du racisme hitléren, savent à l'évidence peu de choses sur Hitler, Rosenberg (« le mythe du XX siècle ») et les méthodes de la plus implacable dictature de toute l'histoire européenne.
Mais surtout ils ignorent que la condamnation du nazisme par Eugenio Pacelli vint avant même la prise du pouvoir par Hitler.
Et précisément lorsque les évêques allemands - avec la pleine approbation de celui qui était alors nonce apostolique en Allemagne, Pacelli - se prononcèrent sur l'inconciliabilité du nazisme avec la foi dans le Christ, et que « l'Osservatore Romano », du 11 octobre 1930, proclama l'appartenance au NSDAP « incompatible avec la conscience catholique ».
Selon un témoignage de soeur Pasqualina Lehnert dans son livre « Pie XII : le privilège de le servir », Milan, 1984, Pacelli avait lu « Mein Kampf » déjà dans sa première édition de 1925 et avait exprimé sur Hitler un jugement sévère: « Cet homme est complètement possédé. Tout ce qui ne lui est pas utile, il le détruit. Il est capable de piétiner les morts. Pourtant, beaucoup en Allemagne, même parmi les gens les meilleurs, ne l'ont pas encore compris. Qui parmi ceux-là a déjà lu l'abominable « Mein Kampf » ? ».

À partir du lendemain du Reichskonkordat (établi entre l'État allemand et l'Église, en septembre 1933), et jusqu'au 14 Mars 1937, date de publication de l'encyclique de Pie XI « Mit brennender Sorge », solennelle condamnation du nazisme, Eugenio Pacelli envoya au moins 70 notes de protestation au gouvernement du Troisième Reich. Ce fut lui ensuite, nommé entretemps secrétaire d'État, qui écrivit, de la première à la dernière ligne, la célèbre encyclique, que le Pape Ratti (ndt: Pie XI) signa le 14 Mars 1937 sans changer une virgule.
Élu souverain Pontife, il eut tout de suite à coeur de soutenir de toutes les façons les évêques allemands opposants du régime hitlérien, en premier lieu Mgr Clemens August von Galen, l'évêque de Münster qui en 1941, en pleine guerre, avait prononcé trois sermons de très dure condamnation du racisme hitlérien, face à milliers de fidèles.
Après cet évènement, qui avait eu un profond écho sur la presse du monde entier, tout le monde attendait, d'un instant à l'autre, l'arrestation de Von Galen et sa condamnation à mort. Sur l'organe des organisations juvéniles des SS, le Gauleiter de Westphalie, Alfred Mayer, avait écrit: « Pour nous, Clemens August est un porc. Ce traître à la patrie, ce porc a osé parler contre le Führer. Il doit être pendu ! ». Mais les choses prirent une autre tournure. Le 18 août 1941 Joseph Göbbels, le ministre de la propagande, eut une rencontre avec Martin Bormann, le dirigeant le plus implacable pour réclamer l'arrestation et la pendaison de Von Galen. A cette occasion, il l'invita à ne pas insister : « La Westphalie toute entière serait perdue pour l'engagement en guerre, si nous agissions maintenant contre l'Évêque ». Peu de jours après, Göbbels se rendit chez Hitler en lui conseillant de suspendre toute mesure. Et c'est ce qui se produisit. Le Führer donna personnellement l'ordre de ne pas toucher à Von Galen.

En compensation, il y eut une raffle de 566 prêtres et 96 religieux du diocèse de Münster, tous enfermés dans le camp de Dachau, dont peu revinrent. Durant ces jours, à Hambourg, trois prêtres furent décapités pour avoir lu les trois sermons en chaire.

Tel était le nazisme. Si Pie XII avait prononcé une homélie sur le modèle des sermons de Von Galen, des milliers de prêtres auraient été éliminés et l'organisation de l'Église n'aurait plus été en mesure de sauver les juifs qui au contraire durent la vie - comme le monde israëlien lui-même le reconnaît - aux structures de l'Église.

Toutefois cela n'empêcha pas Hitler de projeter l'enlèvement de Pie XII. La rage du Führer contre le Pape explosa violemment au cours des 25, 26 et 27 Juillet 1943, pendant les dramatiques conférences militaires convoquées presque chaque heure, suite à la chute de Mussolini et à l'arrivée de Badoglio. Je dois ces informations à la révélation que m'a faite le général Karl Wolff, chef des SS et de la police allemande en Italie, dans 1983, un an avant sa mort. J'étais allé l'interviewer pour une série d'articles dans l'hebdomadaire « Gente ». Il me dit, entre autre : « Je fus présent à toutes les conférences, parce qu'entretemps j'avais été nommé représentant du Reichsführer Himmler prés du quartier général. Peu avant la conférence de midi, le 26 Juillet 1943, lorsqu'il était désormais clair que Mussolini était prisonnier du Roi, Hitler pointa l'index sur en moi hurlant : « Vous, Wolff, où en êtes-vous du projet d'enlever le Pape? Vous devez le reprendre immédiatement ! Tenez-vous prêt à partir pour Rome ! » ».

[De la conférence de ce jour il existe d'autre part le compte rendu sténographique, publié dans « Hitler directs his war » par Felix Gilbert, Oxford University Press, New York, 1950.
...]
Peu de temps après cette orageuse conférence, arriva le communiqué de Badoglio avec la célèbre phrase « la guerre continue ». Même les premiers rapports de l'ambassadeur allemand à Rome, Von Mackensen, rassurant sur la fidélité à l'alliance de la part du Roi d'Italie et du nouveau gouvernement, contribuèrent à jeter de l'eau sur le feu. Le Führer se limita à ordonner l'envoi massif de divisions allemandes en territoire italien, en attendant l'évolution des événements. De l'enlèvement du Pape, au moins pour l'instant, il ne parla plus.

Mais le projet revint sur le tapis peu de semaines avant la prise de Rome par les Alliés. Et dans cette circonstance aussi, le vrai protagoniste fut le général Wolff qui avait reçu d'Hitler l'ordre de capturer le Pape et le trasférer dans un château du Liechtenstein (sur l'exemple de ce qu'avait fait Napoleon avec Pie VII, emprisonné à Savone). Ce fut Wolff, dans cette longue interviewe de plusieurs jours, qui me raconta les stratagèmes auxquels il avait eu recours pour différer le plus possible la date de la séquestration du Pape. Un des éléments qui joueront à sa faveur à Nuremberg, lui permettant d'obtenir l'aquittement.
Enfin, dernière remarque, mais pas la moindre: comme je l'ai montré dans mon dernier livre « Opération Walkyrie : Hitler doit mourir » , Pie XII « ne pouvait pas ne pas savoir » tout du complot du 20 Juillet 1944, étant donné que le colonel Von Stauffenberg, dix jours avant d'essayer de tuer le Führer, était allé se confesser, avait obtenu l'absolution auprès de l'évêque de Berlin, Konrad Von Preysing, l'homme de confiance numéro un du Pape en Allemagne.

À la lumière de ces remarques historiques, l'exhortation du grand rabbin de Haifa, Shera Yshuv Cohen, lors du Synode des Évêques, à ne pas commencer le procès de béatification de Pie XII, apparaît entièrement hors de propos, et fruit d'une absence de connaissance des évènements.

© Copyright Il Sussidiario, 8 octobre 2008

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Diplomatie "sacrée" Messe pour Pie XII