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La réforme de Benoît XVI

A propos d'un livre à paraître en Italie sur la réforme liturgique (12/10/2008).


Sur son blog, Andrea Tornielli présente sa recension (parue ce dimanche dans Il Giornale) d'un essai à paraître, oeuvre d'un théologien italien "estimé du Saint-Père" don Nicola Bux, et intitulé "La réforme de Benoît XVI": « un livre très intéressant, dit-il, pour comprendre et recadrer dans son sens le plus authentique les intentions du Pape en faisant promulguer son motu proprio sur l'ancienne liturgie ».

Il est peu probable que le livre sera traduit en français, et donc que nous le lirons un jour, mais l'intérêt de l'article de Tornielli n'est pas là: il confirme, et il aide à comprendre la mission que Benoît XVI s'est donnée, qui devient de plus en plus claire au fur et à mesure que le Pontificat avance, même à ceux qui, comme moi, ne sont pas du tout des spécialistes, seulement des observateurs au jour le jour.
Elle se résume en une formule sans doute trop simple, mais dont on se contentera, pour faire court: "Réformer la réforme" (Vatican II dans une herméneutique de continuité, évoqué dans le discours à la Curie en décembre 2005). La liturgie n'en est qu'un des aspects, le plus visible.

Rappelons que le Saint-Père lui-même s'est exprimé tout récemment sur son Motu Proprio:
- D'abord, dans l'avion qui l'emmenait à Paris, il a répondu à une question d'un journaliste, qui s'inquiétait (?) d'un possible retour en arrière:
C’est une peur infondée parce que ce Motu proprio est simplement un acte de tolérance, dans un but pastoral pour des personnes qui ont été formées dans cette liturgie, l’aiment, la connaissent, et veulent vivre avec cette liturgie....
Il n’y a aucune opposition entre la liturgie renouvelée par le Concile Vatican II et cette liturgie.
Chaque jour (du Concile), les pères conciliaires ont célébré la messe selon l’ancien rite et, en même temps, ils ont conçu un développement naturel pour la liturgie dans tout ce siècle car la liturgie est une réalité vivante qui se développe et conserve dans son développement son identité.

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Puis, devant les évêques français réunis à Lourdes, il a usé d'une de ces images saisissantes et belles dont il a le secret, et qui est sans doute une clé de compréhension de cette réforme de la réforme:
"... afin que la tunique sans couture du Christ ne se déchire pas davantage. Nul n'est de trop dans l'Église. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir chez lui, et jamais rejeté."

Un mot pour terminer, sur la méthode Benoît XVI, qui émerge une fois de plus de cet article, et qui contredit l'image du pape réactionnaire, dans un exercice solitaire du pouvoir: proposer plutôt qu'imposer; l'exemple plus que le décret; la réforme qui vient de la base, plutôt que de la Curie.

L'article d'Andrea Tornielli

Article original ici.
Ma traduction
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Il n'est pas toujours facile, dans la forêt des déclarations polémiques et des simplifications journalistiques, de comprendre quel est le vrai message que Benoît XVI, avec son exemple plus encore qu'avec son discours, entend donner à l'Église au sujet de la célébration liturgique. Le rétablissement de la croix au centre de l'autel, la récupération d'anciens ornements et surtout la promulgation du motu proprio qui en 2007 a libéralisé le rite pré-conciliaire, sont au centre de débats et de discussions, souvent polarisées en fronts opposés et pas toujours dépourvus d'une coloration extrémiste.
Il convient donc de saluer comme une bonne nouvelle la sortie du livre de don Nicola Bux, "La réforme de Benoît XVI", un volume délié et en même temps dense et documenté, préfacé par Vittorio Messori.
Un livre qui aide à « lire » les actes et les initiatives liturgiques du pontificat ratzingérien, en les rapportant à leur sens le plus profond, sans lequel on risque de les juger comme apparences nostalgiques d'un côté, revanches restauratrices de l'autre.
Bux, théologien estimé du Pontife, expert en théologie et en liturgie orientales, explique que « la nature de la liturgie sacrée est d'être le temps et le lieu privilégiés dans lesquels Dieu va à la rencontre à l'homme », non pas « quelque chose de construit par nous, quelque chose d'inventé pour faire une expérience religieuse », mais plutôt « le chanter avec le choeur des créatures et l'entrer dans la réalité cosmique elle-même ».
La perte de vue de son sens profond a conduit à déformer le mouvement liturgique post-conciliaire, « tant par ceux qui considéraient toujours la nouveauté comme la chose la meilleure, que par ceux qui voulaient rétablir l'ancien comme le meilleur en chaque occasion ».
La décision du Pape de redonner plein droit de cité à la forme antique du rite romain, en expliquant en même temps que les deux missels n'appartiennent pas à deux rites différents, « est un réponse à ceux qui, traditionalistes et innovateurs, affirmaient que l'ancien rite romain était mort avec la réforme liturgique et qu'un autre était né, en totale discontinuité : une véritable rupture!».
Bux rappelle que le Pape, dans la lettre envoyée aux évêques en accompagnement du motu proprio, suggère (n'oblige pas) que ceux qui célèbrent avec l'ancien missel célèbrent aussi avec le nouveau : « Par conséquent, celui qui célèbre selon l'usage ancien doit éviter de délégitimer le nouveau ». Aussi parce qu'il serait paradoxal que la messe, culminant avec l'eucharistie, sacrement de l'unité et de la paix, « finisse par devenir marque de division, de discorde ».
À ce propos, don Bux observe que « ce ne sont pas seulement certains groupes traditionalistes qui se sont servis de la liturgie comme d'un étandard identitaire, pour affirmer le fondamentalisme catholique mais aussi un nombre non négligeable de progressistes pour revendiquer l'autonomisme de marque protestante et no-global (voir les drapeaux de la paix - arc-en-ciel - hissés sur les églises et devant les autels) ».
En somme, une « réforme de la réforme » est nécessaire, qui au contraire de la démarche post-conciliaire, parte de la base et ne soit pas imposée par les experts, parce que « si l'ancienne liturgie était "une fresque recouverte", la nouvelle a risqué de perdre la fresque à cause de la technique aggressive employée pour la restaurer ».
« La réforme liturgique parfaite - écrit le théologien - n'est pas encore conclue : il faut des corrections et des intégrations, en procédant cependant différemment de ce qui a été fait à l'époque post-conciliaire, en n'imposant pas d'obligations si elles ne sont pas nécessaires, en illustrant les possibilités et en promouvant le débat ».
Le but ultime de la liturgie est la rencontre avec le mystère, la redécouverte d'une nouvelle sensibilité, une adéquation de l'espace au sacré, au silence, à l'écoute, pour éviter que la liturgie se transforme - comme cela arrive malheureusement souvent - en « exhibition d'acteurs et inondation de paroles ».
Avec ce livre, Bux se propose « d'aider à comprendre et à célébrer dignement la liturgie comme possibilité de rencontre avec la réalité de Dieu et cause de la moralité de l'homme, à lire les dégradations symptômes de vide spirituel, en indiquant le chemin pour en restaurer l'esprit en signe d'unité de la foi apostolique et catholique, à promouvoir un débat sérieux et un chemin éducatif en suivant la pensée et l'exemple du Pape, qui permette de reprendre le mouvement liturgique ».

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