Actualités De l'étranger Images Miscellanées Courrier Favoris Index Archives Plan
Accueil De l'étranger

De l'étranger


Elections américaines John Allen L'agenda du Saint-Père Lettre au sénateur Pera Pie XII Voyage en Terre Sainte Dernières entrées

Un ami du Saint-Père: le cardinal Giacomo Biffi

Il vient de publier un nouveau livre, et Sandro Magister lui consacre encore son billet hebdomadaire, en citant un chapitre consacré au "défi de la chasteté". Dossier (25/11/2008)

Le cardinal Biffi (voir ici: http://www.cardinalrating.com/.. ), archevêque émérite de Bologne joue pour moi le rôle d'une vieille connaissance amicale, même si j'ai découvert son existence il y a à peine deux ans, et si je n'ai eu l'opportunité de lire aucun de ses livres - à ma connaissance, aucun n'est disponible en français, pour le moment (le site Pro Liturgia citait "le Cinquième Evangile" ** paru en 1971 aux Editions du Cèdre), ce qui n'a rien d'étonnant, si on regarde les rayons "religions" de nos marchands de livres... mais ceci est une autre histoire.
Il apparaît comme une sorte d'anti cardinal Martini, et qu'il fasse - heureusement - parler de lui peu de temps après que l'autre se soit signalé par une des sorties qui lui sont habituelles et dont les medias sont friands (à l'occasion de la publication de son livre Conversations nocturnes à Jerusalem - Carlo-Maria Martini, SJ, l'Ante-Pape ), où il se place à l'extrême lisière de la doctrine, me paraît un signe. Même un très bon signe!
Pour le définir, voici des mots de Saint-Ambroise qu'il reprend à son compte, dans son autobiographie:
"Pour un évêque, il n’y a rien de plus risqué devant Dieu et de plus honteux devant les hommes que de ne pas proclamer librement sa propre pensée".
-------------
Il est donc VRAIMENT libre. D'une liberté plus difficile à porter en ce moment, vu l'ambiance morale délétère et le prêt-à-penser théologiquement correct, que celle du carinal Martini, salué, LUI, par les medias pour (sic!) "des prises de position qui ont toujours montré une grande liberté intérieure".

Le Cardinal Biffi prêche le carême pour le Pape


La première fois que j'ai entendu son nom, c'était en 2007 (c'est donc très récent!). Le pape Benoît XVI lui avait confié la rédaction des méditations de la retraite de Carême, au mois de mars http://beatriceweb.eu/Blog/.
Le 27 février, au cours de son homélie, le Cardinal avait cité ce qu'il appelait "l'avertissement prophétique" de Soloviev, on trouvera les détail ici.
Les remerciements que lui avaient alors adressés verbalement le Saint-Père, répondant à l'humour par l'humour, témoignaient à la fois son estime et sa gratitude, et même une certaine complicité: .
Les curieux pourront regarder cet extrait video publié sur le site de l'archevêché de Bologne, justement en Mars 2007: On y voit le cardinal, lors d'une conférence de presse, commenter avec beaucoup de gentillesse et de simplicité le déroulement de ces prédications de Carême, et, très amusé, raconter l'anecdote de la gouvernante qui aurait dit, en patois milanais "Le Seigneur avait ses défauts, comme les autres" (ce que le saint-Père aurait relevé en citant avec malice "la théologie un peu audacieuse d'une des personnes à votre service: je n'oserais pas soumettre ces paroles "le Seigneur a peut-être aussi ses défauts" au jugement de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi", ici).

Les mémoires du Cardinal

Un peu plus tard, toujours en 2007, il publiait ses mémoires sous le titre Mémoires et digressions d’un italien cardinal. (http://benoit-et-moi.fr/2007/... )
Il y parlait en particulier du déroulement du dernier conclave, en des termes qui tranchaient avec les ragots lus par ailleurs à ce sujet, et Sandro Magister lui consacrait déjà un long billet hebdomadaire, le 26 octobre 2007.

Il y rendait hommage à "une pensée qui jaillit en toute liberté, piquante, ironique ou anticonformiste".
Le cardinal Biffi y témoignait de son admiration et de son affection pour Benoît XVI ...
J'avais traduit un extrait de son livre, où il écrivait:
------------
Le nouveau Pape Benoît XVI a conquis le peuple des croyants dès sa première apparition au balcon, et ses premiers mots. Et dans les jours suivants, l'admiration et l'affection ont grandi, pour la clarté et la douce vigueur de son annonce évangélique, la gentillesse naturelle de son caractère, l'extraordinaire aptitude à se faire comprendre de chaque auditeur. Encore une fois le Seigneur avait pourvu généreusement son "épouse"; et tous, nous en avons été consolés.
-------------
Il était par contre nettement plus réservé sur Martini, l'ante-Pape auto -proclamé.
"... le silence presque total au sujet du cardinal Carlo Maria Martini – dont le cardinal Biffi a été évêque auxiliaire pendant quatre ans à Milan – laisse transparaître un jugement impitoyablement critique à son égard. Juste avant d’expédier en quelques lignes la nomination du célèbre jésuite comme archevêque de Milan, à la fin de 1979, le cardinal Biffi explique clairement que l’époque glorieuse des grands évêques de Milan du XXe siècle – véritables héritiers de saint Ambroise et de saint Charles Borromée – s’est bel et bien achevée avec le prédécesseur du cardinal Martini, le cardinal Giovanni Colombo.
.......
Et d’expliquer pourquoi: selon lui, un évêque est grand lorsqu’il gouverne l’Eglise "par la chaleur et la certitude de la foi, par des initiatives et des œuvres concrètes, par la capacité de répondre aux attentes de l’époque non par des concessions et du conformisme mais en puisant dans le patrimoine inaliénable de la vérité". Bien évidemment, selon lui, le cardinal Martini [..] ne correspond pas à ce profil.
"

Des propos iconoclastes sur l'immigration

Plus tôt, en 2004, le Cardinal Biffi avait tenu des propos jugés incendiaires sur l'immigration, qui lui avaient valu une volée de bois vert de la part de l'ensemble des medias, propos en réalité pleins d'humanité et de bon sens. Ils avaient été commentés par le cardinal Ratzinger, en des termes qui laissaient supposer que ce dernier ne les désapprouvait pas.

On trouvera d'autres détails ici: http:// http://www.europaegentes.com/Il y plaidait pour une régulation raisonnable des flux migratoires:
"... il est donc légitime moralement que l’Union mette en œuvre un dispositif afin de maîtriser et réglementer les flux migratoires".

D'autres propos iconoclastes suivaient:
« Celui qui vient chez nous doit savoir dès le début qu’il lui sera demandé, comme contrepartie nécessaire de l’hospitalité, le respect de toutes les règles de vie en commun qui sont en vigueur chez nous, y compris les lois fiscales.(…) Autrement, on ne ferait que susciter et favoriser de pernicieuses crises de rejet, des comportements aveugles de xénophobie et l’apparition de déplorables intolérances raciales ».


Et il ne craignait pas de conclure:
« J’estime quant à moi que l’Europe redeviendra chrétienne ou deviendra musulmane. Ce qui me paraît sans avenir, c’est la "culture du néant", de la liberté sans limites et sans contenu, du scepticisme vanté comme une conquête intellectuelle ; culture qui semble être l’attitude largement dominante dans les peuples européens, tous plus ou moins riches de moyens, mais pauvres de vérité. »

Et pourtant, pour clouer le bec aux amateurs de raccourcis scabreux, Sandro Magister nous apprend:
"On est surpris de découvrir que, étant archevêque de Bologne, il a logé un groupe important de maghrébins sans domicile dans une église pendant de nombreuses nuits au plus froid de l’hiver, lui qui a été tellement critiqué pour avoir dit qu’il valait mieux accueillir en Italie des immigrés chrétiens plutôt que musulmans".

Son dernier livre

Dernière sortie du cardinal, donc, avec la publication ces jours-ci en Italie, intitulé "Pecore e pastori" (brebis et pasteurs).
Sandro Magister lui consacre encore une fois son billet hebdomadaire, sous le titre: Nouvelle choc: un cardinal fait l'éloge de l'orthodoxie.
La lecture de l'article vaut la peine, et celle du livre me paraît possible - car le cardinal, qui a des choses à dire, s'exprime avec simplicité, semble-t'il!
--------------

Pour donner la preuve qu'il s'agit d'un livre totalement à contre-courant, Sandro Magister reproduit un chapitre (traduit, donc, en français, par Charles de Pechpeyrou) intitulé "Le défi de la chasteté": un sujet des plus controversés, où l'auteur "se réfère directement aux sources de la doctrine et de la morale chrétiennes: les paroles de Jésus dans les Evangiles, les lettres de Paul et les autres livres des Ecritures". Du solide, donc.
Un sujet évidemment ancré à fond dans notre réalité quotidienne, "un défi actuel" comme en témoigne ce paragraphe étonnant:

Le défi de la chasteté

La chasteté annoncée et proposée par la prédication apostolique a sans aucun doute été un défi à la mentalité et au comportement de l’humanité de cette époque. Et c’est un défi qui conserve aujourd'hui encore toute son actualité. A un certain point de vue, elle est même devenue plus nécessaire et plus urgente.

Notre époque est dominée et touchée par une sorte de pansexualisme.
Le sexe est sans cesse cité: pas seulement dans les formulations sociales et psychologiques, dans les multiples expressions artistiques et culturelles, dans les spectacles et les divertissements; même dans les messages publicitaires, on ne peut s’empêcher de l’évoquer et d’y faire allusion.

Nous avons parfois l’impression d’être conditionnés et manœuvrés par une bande mystérieuse de maniaques qui imposent à tout le monde leur dégénérescence mentale. Ce sont eux qui ne manquent jamais de traiter de bigots et de puritains tous ceux qui ne se laissent pas convaincre par leurs arguments élevés. Et grâce à leur ténacité et à leur esprit d’initiative, ils atteignent involontairement le triste but d’un comique objectif.

Gageons que le courageux cardinal ne se fera pas beaucoup d'amis dans le milieu des medias dominants. C'est cela que j'appelle la vraie liberté.

Pour aller plus loin...



Un article de Golias: sur le cardinal Biffi
-------------
A lire avec les précautions d'usage, mais trés intéressant.


Soloviev et l’antechrist au programme des exercices spirituels du pape !
-------------
Vladimir Soloviev, philosophe slave dans l’âme, né à Moscou en 1853, est issu du milieu traditionnel orthodoxe. Au fil des années, il va s’éloigner de la foi et de la pratique religieuse avant de revenir à la fois à l’âge de dix-sept ans. En 1877, il noue pour quelques années une amitié profonde avec Fédor Dostoievski. L’un et l’autre sont tourmentés par la question de Dieu et de l’athéisme, et sans doute aussi par la culpabilité. Il meurt prématurément en 1900 non sans nous laisser une œuvre de très grande qualité et d’une incomparable élévation spirituelle et morale.

C’est à lui en particulier que le cardinal Giacomo Biffi, ancien archevêque de Bologne, a fait référence en prêchant les exercices spirituels de la Curie romaine pour le Carême. Né en 1928, théologien d’avant-garde de l’école de Venegono (comme Carlo Colombo), Don Giacomo Biffi défend en particulier une thèse, voisine de celle du théologien protestant Oscar Cullmann de l’atemporalisme eschatologique : autrement dit, il n’y aurait plus de temps jusqu’à la résurrection universelle. Cette position présente un grand inconvénient pour un catholique : celui de ne plus pouvoir facilement rendre compte du dogme du purgatoire et de la thèse de l’âme séparée en attente de la renaissance du corps. En outre, cette position ne permet plus d’affirmer qu’avant la victoire du Christ les âmes attendaient dans le sein d’Abraham, sous l’autel. Don Biffi avait donc le mérite d’ouvrir un chantier théologique novateur.

Jeune curé du diocèse de Milan, Don Giacomo s’inscrit d’abord dans un courant novateur de l’Eglise italienne. Il prend pour exemple le cardinal Giovanni Battista Montini (futur Paul VI) alors son archevêque et celui qui aura donc été son prédécesseur sur le siège de San Petronio à Bologne, le cardinal Giacomo Lercaro. Sa rencontre avec Don Luigi Giussani, fondateur de « Communione e Liberazione », le marque profondément. En outre, les tournants, y compris ecclésiaux, de l’ après 68 le place de plus en plus en position de réactionnaire. Il demeure cependant encore prudent à l’époque. Dans l’Eglise italienne d’alors, c’est un autre courant, modéré, qui garde le contrôle, notamment sous la présidence du cardinal de Bologne Antonio Poma. En 1975, Don Biffi devient évêque auxiliaire du cardinal Giovanni Colombo à Milan. En 1984, le décès prématuré de l’éphémère Enrico Manfredini, depuis peu à Bologne, lui ouvre la voie à une charge importante. L’année suivante, Mgr Biffi devient cardinal.

Son épiscopat bolognais a été marqué par des prises de position de plus en plus conservatrices. Les religieux regrettaient ses mauvaises relations avec eux : le cardinal supportait qu’il lui échappent (??). Giacomo Biffi a tenu des propos très controversés au sujet de l’immigration musulmane proposant notamment de faire la distinction entre les demandes d’accueil en fonction de la religion d’origine. Considéré au sein de l’Eglise italienne comme un « anti-Martini », Mgr Biffi s’est beaucoup opposé à certaines initiatives trop relativistes à son goût de Karol Wojtyla. Il s’est notamment publiquement distancé du projet de repentance qui lui semble théologiquement incorrect. Cité parfois comme Papabile, pourtant bien improbable en raison de ses positions très extrêmistes, il ne cachait pas que son candidat sur le siège de Pierre était Joseph Ratzinger.

Dans ses propos au Pape et aux prélats de Curie, le cardinal Biffi a lancé une mise en garde contre la venue de l’Antéchrist. En l’occurrence, citant Soloviev, il a présenté l’Antéchrist comme « écologiste, pacifiste et oecuméniste ». L’ancien archevêque de Bologne est reparti en guerre contre des rencontres comme celle de Bâle il y a une vingtaine d’années (où était justement présent…le cardinal Carlo Maria Martini, alors archevêque de Milan). Le projet théologique d’un Hans Küng visant une nouvelle rencontre des religions au service d’un nouvel « ethos » mondial entre bien entendu en plein dans la ligne de mire de ce croisé infatigable que demeure Mgr Biffi. Les discours qu’il a tenus devant les hauts responsables de la Curie tendaient à mettre définitivement les points sur les « i » : la ligne oecuménique de Jean Paul II, très actif également dans le dialogue religieux , doit désormais faire place à une ligne intransigeante et anti-relativiste, centrée sur l’idée de reconquête.


(**) Le cinquième évangile
--------------------
Qu'il me soit permis de souligner le côté prophétique d'une oeuvre de fiction romanesque, où "une découverte [pourrait] faire la lumière sur quelques-uns des plus inexplicables mystères du christianisme".
Cela nous rappelle les "quatrièmes de couverture" des innombrables avatars du Da Vinci Code qui innondent les gondoles des marchands de livres, et que le cardinal avait anticipées avec presque 40 ans d'avance... sauf que cette fois, c'était au service de la vérité, par le biais de l'ironie.
---------------

Texte issu du site de l'archevêché de Bologne.
Ma traduction
Tandis que se poursuivent au Vatican les exercices spirituels du Pape et de la Curie romaine, prêchés par le Cardinal Giacomo Biffi, les éditions Studio Domenicano de Bologne ont resorti un des petits livres les plus déconcertants de l'Archevêque émérite de Bologne, « le cinquième évangile ». Écrit pendant les vacances d'été de 1969... « le cinquième évangile » s'est vendu comme du petit pain dans les nombreuses éditions qui se sont succédé. Écrit à l'époque où le curé ambrosien était aux prises avec les jeunes des temps de la contestation - temps que d'une certaine façon Biffi dit regretter parce que ces jeunes, au lieu d'aller se perdre en discothèque, préféraient se passionner pour des problèmes théologiques, même si ensuite ils mettaient en discussion même les choses évidentes - le petit volume se base sur un agréable artifice littéraire : Biffi raconte l'histoire d'un ami d'enfance, aux temps des immeubles HLM. Après, écrit l'auteur, j'ai fait le prêtre, lui, il a fait de l'argent. Le Commendator Migliavacca présente à son ami prêtre un manuscrit ancien, débusqué dans un marché aux puces de Terre Sainte : rien moins que le cinquième évangile, dont les codes finalement retrouvés pourraient faire la lumière sur quelques-uns des plus inexplicables mystères du christianisme. Voilà alors, par exemple, que la parabole de la brebis égarée trouve une version finalement plus compréhensible : « Le Royaume des cieux est semblable à un berger qui, ayant cent moutons et en ayant perdu quatre-vingt-dix-neuf, reproche au dernier mouton son manque d'initiative, le chasse, ferme la bergerie, et s'en va au bistrot pour discuter d'élevage des moutons ».
Naturellement la clé de lecture est l'ironie, ironie qui n'empêche pas le cardinal de mettre en lumière les positions anti-évangéliques de la théologie politiquement correcte. « Allez dans le monde entier et discutez : de la libre comparaison des avis bourgeonnera la vérité ». C'est l'ultime fragment de l'évangile manquant, qui offre le fondement théologique de l'insuffisante aptitude de la chrétienté contemporaine à annoncer l'évangile. Désacralisant, et même subversif, c'est le jugement de celui qui lirait le cinquième evangelo de Biffi, sans l'intelligence de l'ironie.

http://www.bologna.chiesacattolica.it/12porte/

Version imprimable

L'ONU et l'UE contre le Vatican Autopsie de la réunion des évêques américains