A Lorette, pour continuer la même histoire

JL Restan consacre son billet au pélerinage de Benoît venu prier humblement au pied de Notre-Dame de Lorette. Et en profite pour réfléchir sur le Concile. Traduction de Carlota (7/10/2012).

>> Voir aussi:
Benoît XVI prie à Lorette

Texte en espagnol:
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À Lorette, pour continuer la même histoire
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José Luis Restán
05/10/2012

C’est la même Église, avant et après le Concile, l’unique sujet-Église qui grandit dans le temps et se développe, mais en demeurant toujours le même et unique sujet du peuple de Dieu en chemin.
Voir et écouter Benoît XVI aux pieds de Notre Dame de Lorette est quelque chose qui impressionne ; son humilité (d’autant plus difficile qu’un homme est grand) impressionne ; de même que la dévotion simple et la ferveur avec lesquelles il parle de son prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII.

Dans la maison de Lorette, dans la maison qui se réchauffe à l’amour de la Mère, deux successeurs de l’apôtre Pierre ont voulu venir confesser la foi des simples. Ils ont voulu montrer que ce ne sont pas les plans stratégiques ni les astuces de communication qui assurent le « succès » de la mission de l’Église, mais l’obéissance pleine de gratitude que Marie enseigne.
Dans la phrase géniale du Pape Ratzinger, Elle est la Mère du « oui », Elle qui nous narre le chemin pour le suivre par lle moyen de la foi.
Il devait venir se prosterner à Lorette, précisément lui, un des grands penseurs de ce temps : lui, qui est reçu dans les Parlements et les Académies, pour dire simplement en quoi consiste le christianisme, à un monde qui dans une bonne mesure, l’ignore complètement.

Rénovation dans la continuité : à l’irritation de ceux qui postulent pour une Église complètement nouvelle, réinventée à la suite du Concile, et au scandale de ceux qui dénoncent avec arrogance que tout le corps ecclésial, avec Pierre à sa tête s’est jeté dans l’abime. Face aux uns et aux autres, l’image calme et lumineuse de Benoît XVI, sa parole transparente et musicale, comme une brise de printemps, son parfum incomparable d’Évangile.

Ce Concile avait pour but de « comprendre toujours plus la lumière bienfaisante de l’Incarnation et de la Rédemption du Christ dans toutes les formes de la vie sociale ». Aucun « restaurationiste », de ceux que la presse progressiste a inventés depuis quarante ans, ne le dit. C’est le Pape Jean qui le dit, celui qui a convoqué et lancé le Concile. C’est ainsi. Dehors, les interprétations! C’est pour cela que le Concile a été convoqué. Et cinquante ans après, Benoît XVI a dit que « cette invitation résonne avec une force particulière dans la crise actuelle…parce que sans Dieu l’homme finit par faire prévaloir son propre égoïsme sur la solidarité et l’amour, les choses matérielles sur les valeurs, l’avoir sur l’être ».

« Il est nécessaire de revenir à Dieu pour que l’homme soit de nouveau homme ! », a-t-il proclamé il y a à peine une semaine avant d’ouvrir l’Année de la Foi. Une fois de plus Benoît XVI a voulu parler de l’insécurité de notre époque, de ses peurs : « nous avons peur que la présence du Seigneur soit une limite pour notre liberté… mais c’est Dieu, précisément, celui qui libère notre liberté de son enfermement sur elle-même, de la soif du pouvoir, de la possession, de la domination, et la rend capable de s’ouvrir… au don de soi, à l’amour, qui se fait service et collaboration ». Il est l’origine, Il est la force de tout ce qui s’établit ces mois-ci dans l’Église: revenir à Dieu pour que l’homme trompé se retrouve, soigne ses blessures et puisse se reconnaître chez lui, à l’intérieur d’une grande famille de frères.
Plus d’un fera la grimace en pensant: mais quelle ingénuité ! Mais c’est cette ingénuité audacieuse qui a porté l’Église jusqu’au jour d’aujourd’hui, et pas les stratégies ou les pouvoirs de ce monde.

À Lorette, le Pape n’a pas voulu faire de grandes analyses, attendre cela de lui serait ne pas connaître qui il est et comment il se meut. Il a voulu surtout mettre au centre le Dieu de Jésus Christ et contempler la Vierge qui nous indique le chemin. Et il a voulu montrer, même physiquement, que sur le chemin ardu de la vie, Dieu a disposé d’une maison : « c’est la foi qui nous fournit une maison en ce monde », la maison de l’Église où nous pouvons habiter en sécurité, mais qui nous invite aussi à cheminer sans peur par les labyrinthes de l’histoire. Les canons grondent, les marchés s’inquiètent, les images grouillent sur la toile, les violents font leurs plans.
À Lorette les cloches sonnent à la volée.
La partie va commencer.