Vatileaks: Les agences qui couvriront le procès

L'amertume, et la courageuse lettre de Salvatore Izzo, vaticaniste de l'AGI, qui écrit à Raffaella (22/9/2012).

Et après cela, on nomme un "spin doctor" pour "gérer la communication du Vatican....

Cité du Vatican, 17 septembre 2012 (VIS).
Voici le communiqué diffusé ce midi par la Salle de Presse du Saint-Siège:
"Le Président du Tribunal de la Cité du Vatican, M.Giuseppe Dalla Torre, a émis ce jour le décret fixant au 29 septembre l'audience préliminaire du procès à charge de M.Paolo Gabriele et de M.Claudio Sciarpelletti, renvoyés en justice le 13 août dernier. Cette audience s'ouvrira à 9 h 30' dans la salle de ce tribunal".

Salvatore Izzo explique comment vont être choisis les journalistes qui vont "couvrir" le procès.
Il utilise un mot anglais, pool, qui appartient au jargon journalistique italien - j'ignore le terme français.
Il s'agit des journalistes d'agences de presse, qui doivent fournir à leurs confrères toutes les informations auxquelles ils auront eu personnellement un accès direct: la déontologie veut qu'ils ne gardent rien pour eux. Et bien entendu, voudrait qu'ils soient d'une totale objectivité. Sur ce dernier point, ne rêvons pas trop.
Ici, le problème, c'est que ce sont les "grandes" agences (et pas forcément les plus fiables) qui ont été privilégiées, inexplicablement, par le Vatican: AP, AFP, Reuters....

Texte de la lettre de Salvatore Izzo: paparatzinger5blograffaella.blogspot.fr/2012/09/il-processo-gabriele-la-scelta-dei.html
Ma traduction.

 

Le choix des media qui assisteront aux audiences, et le Vatican qui se plie à la logique du plus fort (titre de Raffa)
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Chère Raffaella,

je voudrais attirer l'attention de ton blog sur un épisode qui en apparence intéresse seulement le petit groupe des journalistes Vaticanistes, mais qui, à mon avis, met en lumière le mauvais fonctionnement de l'information de notre secteur, raison pour laquelle, par exemple, le passionnant voyage du pape au Liban a été relégué à de misérables entrefilets.
Il semble que la seule chose qui intéresse, dans la religion, ce sont les scandales, mais depuis hier, en tant que vaticanistes, nous n'avons plus le droit de nous plaindre.
Le secrétaire de notre association (AIGAV: Associazione Internazionale dei Giornalisti Accreditati in Vaticano ) a en effet fait la proposition suivante pour le "pool" qui va suivre les audiences du procès de Vatileaks: postes fixes pour AP, Reuters, Agence France Presse, et Ansa; les quatre autres agences en rotation.
En somme, ce sont les mêmes agences qui ont effectivement fait du tort au pape à Ratisbonne, sur le SIDA en Afrique (dans ce cas, à l'exception de l'ANSA) et sur la pédophilie (rappelez-vous la lettre du Cardinal Ratzinger mal traduite par AP), qui sont «récompensées».
Et en revanche, est éliminée l'Efe, la principale agence en espagnol, c'est-à-dire la langue la plus parlées par les catholiques à travers le monde.

Devant les doléances des autres agences italiennes (TMNews, ASCA, Adn Kronos et AGI) à la fin du briefing du père Lombardi sur le procès, nous nous sommes arrêtés (les rares qui étaient présents, les quotidiens italiens et espagnols étaient presque totalement absents) pour discuter de la chose.
S'agissant d'un "pool", c'est-à-dire un groupe de journalistes qui ont le devoir de rendre compte à leurs collègues ce qui se passe dans la salle, et donc ne peuvent garder aucun détail pour eux, j'ai souligné qu'il n'était pas nécessaire de se concentrer sur la catégorie des agence de journalistes au détriment des quotidiens et de la télévision: et j'ai demandé s'il était possible de voter pour les gens en qui nous avons le plus confiance. Après une longue discussion il a été au contraire mis aux voix par le secrétaire de l'AIGAVnune proposition hybride: pour nous donner satisfaction à nous autres, les agences italiennes, l'Ansa a été écartée (on a alors choisi parmi nous TM News), mais les trois autres «internationales» sont restées (ndt: dont l'AFP, donc).
Cette décision dénonce selon moi une sujétion culturelle et psychologique aux plus forts, autrement dit les agences qui ont le plus de moyens économiques, mais pas nécessairement le plus d'autorité.
Que le Vatican accepter cet arrangement me paraît absolument déconcertant: c'est se faire du mal tout seul. Comme quand, au début de cette histoire douloureuse de Vatileaks, ils n'avaient pas dit que Paolo Gabriele avaient volé des chèques et des pépites, favorisant ainsi la manoeuvre intéressée de ceux qui voulaient le présenter comme un héros de la transparence (sic), énième opération «machine à boue» contre l'Eglise, qui est le but réel de nombreux médias et des francs-maçons qui les contrôlent.

PS: Depuis 10 ans, l'AIGAV n'a pas convoqué l'assemblée des inscrits et il serait intéressant de comprendre pourquoi le président et le secrétaire sont encore en fonction et pas les conseillers (dont je fais partie).

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Note: Salvatore Izzo avait déjà écrit sur ce sujet une "lettre ouverte au directeur de l'Avvenire", en juillet 2009, et elle avait aussiété publiée sur le précieux site de mon amie: paparatzinger2-blograffaella.blogspot.fr/2009/07/lettera-aperta-di-salvatore-izzo-ad.html
Traduction à venir.