Le difficile voyage de Benoît XVI au Liban

Bref tour d'horizon à moins d'une semaine du voyage, par Marco Tosatti. Mais quand Benoît a-t-il fait un voyage "facile"? (10/9/2012)

Illustration sur le site Vatican Insider

 

Dans moins d'une semaine, le Pape sera au Pays des cèdres, aux confins de l'enfer syrien et de la Terre Sainte, dans l'imbroglio, sans fin et irrésolu, israélo-palestinien

MARCO TOSATTI
Vatican Insider, 9.9.2012

Samedi prochain sera une fête nationale au Liban: le Premier ministre Najib Mikati l'a décidé pour saluer l'hôte illustre, Benoît XVI, en voyage au Pays des cèdres. Mais dès la veille, cette visite pastorale à tout le Moyen-Orient montre toutes ses difficultés. Avec un mini-roman policier diplomatico-médiatique. Le patriarche gréco-catholique Grégoire II Laham, chargée d'accueillir le Pape, avait préparé un discours dans lequel il demandait la reconnaissance officielle d'un Etat palestinien.

Dans l'église Saint-Paul à Harissa, le patriarche devait rappeler à l'hôte, sa gratitude «pour la position ferme et constante du Saint-Siège et des Papes face à la cause palestinienne», et précisément à partir de cette considération, il adressait une «demande pressante» à Benoît XVI: «Que le Saint-Siège reconnaisse l'Etat palestinien, conformément aux résolutions et décisions de la communauté internationale et conformément à la légitimité internationale».

Tout cela était sur le site de la visite papale www.lbpapalvisit.com mais, après que les médias libanais aient parlé du discours, dans lequel il confiait au Saint-Siège, avec cet «acte courageux d'équité, de justice et de vérité» la tâche de maintenir son rôle de «pionnier de la justice dans le monde», le texte a disparu. Probablement pour ne pas ouvrir de nouveaux fronts diplomatiques dans un voyage que le Pape veut garder, autant que possible, spirituel. Un tel geste constituerait une rupture substantielle avec la tradition diplomatique qui veut qu'il se meuve dans un contexte de consensus international, plutôt que de bull-dozer.

Mais le roman policier permet aussi de mesurer à quel point le bref voyage libanais de Papa Ratzinger est plein de questions et de points épineux. La situation des chrétiens d'Orient sera au premier plan.

Aussi parce que le Pape entendra de vive voix de la part des évêques des compte-rendus réels sur la situation en Syrie, qui se présente de façon beaucoup plus dramatique, pour les chrétiens, qu'il n'apparaît dans les médias. Un évêque, qui s'exprimait sous couvert d'anonymat, a déclaré que le "Mohafazah" (ndt: governorat: division administrative correspondant à une région chez nous. La Syrie en compte 14), la province de Homs, a été vidée des chrétiens par les moudjahidines de l'armée libre syrienne, comme cela s'était produit dans les montagnes du Liban pendant la guerre civile.

La moitié d'entre eux sont réfugiés dans la vallée de Nassara la «Vallée des chrétiens», et l'autre au Liban. Mais ce qui apparaît plus inquiétant, c'est que les églises et les monastères ont été systématiquement détruits, afin d'éviter un éventuel retour.

Selon les organisateurs locaux, le Pape montre beaucoup de courage en se rendant au Liban en ce moment, même si les politiciens locaux se font concurrence pour montrer leur joie pour l'événement. Mais derrière la façade officielle, les organisateurs ne cachent pas que cette visite prend presque un ton de défi à un moment où la région connaît une vague sans précédent d'islam radical, et où la Syrie est dans un état de chaos.

Mais c'est exactement cela, le but de Benoît XVI: adresser un message global non seulement aux chrétiens, mais à toutes les peuples de la région. En premier, les chrétiens, et c'est pourquoi le voyage a connu un travail de coordination globale avec les gréco-catholiques et les greco-orthodoxes de toutes les nuances. Un message commun: rester accrochés à votre terre.

Une donnée positive vient cependant de la position du Hezbollah, le parti de Dieu pro-iranien. Mohammad Raad, parlementaire de pointe du parti, a rencontré le patriarche maronite Béchara Raï. «Nous avons exprimé notre pleine volonté d'adresser la bienvenue au Pape et tous les Libanais attendent la visite», a déclaré Raad, ajoutant que la visite «contribuera à renforcer la stabilité du Liban».