Le Pape de la joie

C'est le moment de relire un article paru en avril dernier sur l'OR... et le message du Saint-Père pour la journée mondiale de la jeunesse 2012 (13/8/2012)

Des images de joie

Faisant une recherche sur "La joie de la foi", je suis tombée par hasard sur cet article paru sur l'OR du 18 avril 2012.
L'auteur de l'article, José María Gil Tamayo, est un prêtre espagnol spécialiste des medias, qui a été nommé par Benoît XVI consultant au Conseil pontifical pour les Communications sociales et qui écrit régulièrement dans l'OR (cf. ici)
Il revient sur "le Message du Pape pour la Journée mondiale de la jeunesse 2012 , qui sous le titre paulinien «Soyez toujours dans la joie du Seigneur» (Philippiens, 4, 4) est consacré à la réflexion sur cette grande vertu de la joie".

L'article mérite une seconde vie. Et surtout, le message pontifical doit être (re)lu : mais lorsqu'il a été publié, c'était en plein voyage à Cuba, et juste avant la très intense Semaine Sainte, ce qui explique (mais n'excuse pas) qu'il soit passé presque inaperçu.

* * *

Le thème de la joie est très présent chez Benoît XVI.
Encore tout récemment, s'adressant à ses compatriotes bavarois (cf. La Bavière à Castelgandolfo (2) ), il s'exprimait en ces termes:

Maintenant, certains diront: peut-on être si heureux lorsque le monde est si plein de souffrance, quand il y existe tellement de ténèbres et tellemnt de mal? Est-il permis d'être si joyeux?
La réponse ne peut être que «oui»! Parce qu'en disant «non» à la joie, nous ne rendons service à personne, nous ne faisons que rendre le monde plus sombre.
Et celui qui ne s'aime pas lui-même ne peut rien donner à son prochain, ne peut pas l'aider, ne peut pas être un messager de paix.

Pourtant, les observateurs, souvent même catholiques, insistent sur ce qu'ils appellent le "pessimisme de Ratzinger", lequel se traduirait entre autre par sa fameuse théorie de la "dictature du relativisme", et la tristesse de la foi, qui se traduirait par une liste d'interdictions.

Parfois, une image du Christianisme est donnée comme une proposition de vie qui opprimerait notre liberté et irait à l’encontre de notre désir de bonheur et de joie. Mais ceci n’est pas la vérité ! Les chrétiens sont des hommes et des femmes vraiment heureux parce qu’ils savent qu’ils ne sont jamais seuls et qu’ils sont toujours soutenus par les mains de Dieu ! Il vous appartient, surtout à vous, jeunes disciples du Christ, de montrer au monde que la foi apporte un bonheur et une joie vraie, pleine et durable.
(Message pour la JMJ 2012)

Quiconque, en effet, observe Benoît XVI et lit (ou mieux: écoute, pui lit), ses discours et ses homélies sait au contraire qu'il irradie la joie. Ce n'est pas une joie superficielle et exubérante, qui au fond n'est soutenue par rien:

Chaque jour, pourtant, nous nous heurtons à tant de difficultés et notre cœur est tellement rempli d’inquiétudes pour l’avenir, qu’il nous arrive de nous demander si la joie pleine et permanente à laquelle nous aspirons n’est pas une illusion et une fuite de la réalité. De nombreux jeunes s’interrogent : aujourd’hui la joie parfaite est-elle vraiment possible ? Et ils la recherchent de différentes façons, parfois sur des voies qui se révèlent erronées, ou du moins dangereuses. Comment distinguer les joies réellement durables des plaisirs immédiats et trompeurs ? Comment trouver la vraie joie dans la vie, celle qui dure et ne nous abandonne pas, même dans les moments difficiles ?
(ibid)

Celle dont parle le Saint-Père, celle qu'il vit, est au contraire une joie grave, profonde, qui ne peut venir que de "la rencontre avec une personne"; comme il le dit lui-même aux jeunes:

"une grande joie intérieure naît toujours de la rencontre avec Jésus".

Ce n'est donc pas le moindre mérite du Père José María Gil Tamayo de souligner, dans cet article cette "joie de la foi" transmise (même physiquement) par Benoît XVI.

 

Un message négligé par les médias
José María Gil Tamayo
OR (en français), 18 avril 2012
------------------------

La joie de la foi

Les nouvelles et les opinions ont l’habitude de se succéder si rapidement dans l’actualité, caractérisée par la logique des agendas de l’information, qu’elles nous font courir le risque que passent inobservées, en raison de la plus grande importance d’autres événements, des messages ou des faits vraiment importants, bien que n’étant pas tout aussi urgents, très souvent perdus au milieu des listes de notre poste électronique ou dans la mise en page utilisée par les moyens de communication.
C’est ce qui est peut-être arrivé dans certains milieux, avec le Message du Pape pour la XXVIIe Journée mondiale de la jeunesse 2012 , qui sous le titre paulinien «Soyez toujours dans la joie du Seigneur» (Philippiens, 4, 4) est consacré à la réflexion sur cette grande vertu de la joie («L’Osservatore Romano», 28.03.2012, pp. 6-7).
Il s’agit d’une beau texte, stimulant et plein d’un sens positif, qui rappelle un autre document, lui aussi merveilleux, sur le même thème, Gaudete in Domino, du Pape Paul VI.

Cette réflexion opportune du Pape Benoît xvi présuppose un appel à dépasser la considération commune, pour autant qu’elle soit contradictoire et fausse, que les réalités spirituelles sont ennuyeuses quand elles ne sont pas enveloppées — comme les anciens cartons d’annonce de deuil bordés de noir — par un mélange de sérieux et de tristesse, et elle contribue à démonter la fausse image de l’Eglise, diffusée de manière intéressée par certains, comme quelque chose d’anachronique, qui se limite à condamner et qui dit toujours «non» à chaque proposition humaine.
Le Pape, avec la rigueur intellectuelle et dans le même temps la simplicité de présentation qui le caractérisent, analyse dans son message, tout d’abord adressé aux jeunes, la dimension humaine et surnaturelle de la joie, en accompagnant son enseignement d’importantes références bibliques et théologiques et avec un grand sens commun positif.
«Notre cœur est fait pour la joie», «Dieu est la source de la vraie joie», «Garder au cœur la joie chrétienne», «La joie de l’amour», «La joie de la conversion», «La joie dans les épreuves», «Témoins de la joie», sont les titres significatifs des différentes parties de ce message, dans lequel Benoît xvi — grand connaisseur de la nature humaine, créée et aimée par Dieu et capable de Lui, ainsi que des désirs plus profonds de bonheur que chaque personne nourrit dans son cœur —, nous oriente vers Dieu comme objectif suprême, qui dans son Fils Jésus Christ nous a fait participer à son amour complet, et qui incorpore dans sa beauté, sa bonté et sa vérité, les espérances et les joies nobles de ce monde qui l’anticipent.
Ce message est, outre la revendication d’un signe incontournable de la foi chrétienne tel que la joie, une incitation efficace et opportune pour surmonter les difficultés et le découragement avec lesquels l’actuelle crise économique et des valeurs menace la société, et surtout les plus jeunes, et nous comble de motifs pour vaincre les tentations du pessimisme et les ersatz trompeurs du bonheur.
Répondant à cette invitation du Pape, nous chrétiens ferions bien de proclamer encore davantage la joie comme notre patrimoine, et de montrer que l’expérience de la foi ne peut pas nous priver de la bonne humeur — au contraire —, et encore moins de la joie des réalités humaines nobles, parmi lesquelles figurent celles que le Saint-Père appelle «joies simples», authentiques dons de Dieu: «La joie de vivre, la joie face à la beauté de la nature, la joie du travail bien fait, la joie du service, la joie de l’amour sincère et pur... les bons moments de la vie de famille, l’amitié partagée, la découverte de ses capacités personnelles et ses propres réussites, les compliments reçus des autres, la capacité de s’exprimer et de se sentir compris, le sentiment d’être utiles à d’autres. Il y a aussi l’acquisition de nouvelles connaissances...»
Le chrétien pourrait perfectionner ces joies, les sublimer avec la foi dans la résurrection du Christ, à laquelle nous sommes appelés comme bonheur suprême et que, en ce temps pascal, nous célébrons avec joie, mais il ne peut jamais les exclure du chemin chrétien, s’il veut être tel.
Il ne s’agit pas d’un optimisme idéologique, fondé sur le succès d’un projet simplement terrestre qui évite les difficultés — la croix! — sur le chemin de l’homme et qui en ce moment de l’histoire s’est démontré inutile et tragique, parce qu’inhumain, dans les idéologies qui l’ont soutenu, mais il s’agit de témoigner, aujourd’hui plus que jamais dans la Nouvelle évangélisation, de la joie qui naît de la foi et de la grâce et qui place Dieu, toujours proche, comme fondement, objectif et plénitude de l’être humain, et qui nous aide surtout quand les possibilités humaines viennent à manquer. Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux.

 

Le message du Pape aux jeunes

Texte intégral: http://www.vatican.va/

[Après la belle introduction:]

Cette année, le thème de la Journée Mondiale de la Jeunesse nous est donné par une exhortation de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ! » (Ph 4, 4). La joie, en effet, est un élément central de l’expérience chrétienne. Et au cours de chaque Journée Mondiale de la Jeunesse, nous faisons l’expérience d’une joie intense, la joie de la communion, la joie d’être chrétiens, la joie de la foi. C’est une des caractéristiques de ces rencontres. Et nous voyons combien cette joie attire fortement : dans un monde souvent marqué par la tristesse et les inquiétudes, la joie est un témoignage important de la beauté de la foi chrétienne et du fait qu’elle est digne de confiance.

L’Église a pour vocation d’apporter au monde la joie, une joie authentique qui demeure, celle que les anges ont annoncé aux bergers de Bethléem la nuit de la naissance de Jésus (cf. Lc 2, 10) : Dieu n’a pas seulement parlé, il n’a pas seulement accompli des signes prodigieux dans l’histoire de l’humanité, Dieu s’est fait tellement proche qu’il s’est fait l’un de nous et a parcouru toutes les étapes de la vie humaine. Dans le difficile contexte actuel, tant de jeunes autour de vous ont un immense besoin d’entendre que le message chrétien est un message de joie et d’espérance ! Aussi, je voudrais réfléchir avec vous sur cette joie, sur les chemins pour la trouver, afin que vous puissiez en vivre toujours plus profondément et en être les messagers autour de vous.

[le texte du message papal s'articule en sept points, sur un ton qui va du registre le plus familier, à celui de la méditation spirituelle et philosophique:]

  • Notre cœur est fait pour la joie
  • Dieu est la source de la vraie joie
  • Garder au cœur la joie chrétienne
  • La joie de l’amour
  • La joie de la conversion
  • La joie dans les épreuves
  • Témoins de la joie