Paolo Gabriele: la grâce pour Noël

Le Saint-Père, par un acte de générosité personnel, concédant à la fois la grâce et son pardon, tourne la page, mettant ainsi un point final (?) à un sordide épisode qui a empoisonné la vie de l'Eglise (et la sienne!) pendant presque un an (22/12/2012, mise à jour)


Cela n'enlève évidemment rien à la gravité des actes commis.

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La photo ci-dessus a été diffusée par l'OR. Il ne devrait pas y avoir d'autres images.

Communiqué de la Secrétairerie d'Etat.

[La traduction en français publiée par VIS est vraiment une honte: du pur charabia, indigne du service au Saint-Père]

“Ce matin le Saint-Père a rendu visite a Paolo Gabriele en prison pour lui confirmer son pardon, et lui communiquer personnellement qu'il avait accepté sa demande de grâce, annulant la peine infligée. Il s'agit d'un geste paternel envers une personne avec qui le Pape a partagé pendant plusieurs années une familiarité quotidienne”.
“Tout de suite après, Paolo Gabriele est sorti de prison et a rejoint son domicile. Même s'il ne pourra pas reprendre son travail précédent il continuera à résider au Vatican. Le Saint Siège, confiant dans la sincérité du repentir manifesté entend lui offrir la possibilité de reprendre sereinement la vie avec sa famille”.

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Lors d'un briefing, le Père Lombardi a précisé: "Le pape a voulu rencontrer Paolo Gabriele à la caserne de gendarmerie où il était détenu, pour lui confirmer son propre pardon, et l'informer en personne qu'il avait accepté sa demande de grâce... L'entrevue a duré une quinzaine de minutes. Ce fut un entretien personnel et très intense".

C'était le premier contact direct de Benoît XVI avec le majordome depuis les évènements qui ont conduit à sa condamnation.

"Avec cet acte très paternel, très beau de la part du Saint-Père, se conclut cet épisode du procès et de la peine d'emprisonnement, et donc c'est la fin de ce triste et douloureux chapitre".

Un premier commentaire (Il sole 24 ore)

La grâce à Paolo Gabriele n'était pas une fatalité
Carlo Marroni
(Ici)
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Le pardon du pape était attendu pour Noël. Et il est arrivé. Le Pape a voulu laisser s'écouler quelques mois après la sentence afin de souligner que la grâce n'était pas automatique, ni une obligation: c'est pour cela que Paolo Gabriel est resté incarcéré.

D'ailleurs, la gravité des actes commis par l'ancien majordome reste intacte: il a violé de manière systématique (même si c'est sans complices, comme il l'a affirmé jusqu'à présent) des secrets pontificaux, les mieux conservés au monde. Et c'est vraiment le plus grave de l'histoire: qu'aucune sonnette d'alarme n'ait été tirée, pour des faits qui se passaient depuis plus de cinq ans.

En somme, le problème qui a émergé de Vatileaks est la défaillance des mécanismes de gouvernance du Vatican, un centre d'excellence qui montre des problèmes croissants depuis des années. Avec la grâce de Gabriele et de l'informaticien, Benoît XVI veut conclure par un acte véritablement "chrétien" une année de grandes difficultés, avec des affaires comme celle de l'archevêque Viganò, la loi sur la transparence et la décapitation traumatisante de la direction de l'IOR, pour n'en citer que quelques-unes.

Ce qui n'est pas dit ouvertement, c'est que les enquêtes continuent sur ce qui s'est réellement passé: quelques jours plus tôt, le Pape a - à l'improviste - reçu la commission de cardinaux nommés pour enquêter sur les fuites: les trois cardinaux, menés par Julian Herranz (de l'Opus Dei) auraient continué à entendre des personnes, même après la condamnation de Gabriele, le 6 Octobre.

Peut-être doit-on s'attendre à de nouveaux éléments, qui toutefois interviendront dans la discrétion. Conformément aux habitudes de l'Eglise, auxquelles elle voudrait revenir, après la tempête médiatique de l'an dernier, alimentée à partir de l'intérieur des murailles léonines, comme le montre le cas de l'IOR.