Parmi les tweets, aussi une "écume une peu noire"

Le 12 Décembre, premier tweet du Saint-Père sur le thème de la foi. Interviewe du président du Conseil pontifical pour les Communications sociales, Mgr Celli, sur l'antenne italienne de Radio vatican. Pour lui, "ce n'est pas une question de chiffres" (9/12/2012)


Les tweets offensants étaient prévisibles.... (cf. La foi en peu de mots ) et Mgr Celli n'en est pas surpris.
>>> Image ci-contre: Mgr Celli (http://www.opmcanada.ca/ ) [1]

     

L'attente du monde de l'Internet a pris fin: depuis lundi (3 décembre), ceux qui veulent être parmi les followers de Benoît XVI sur le compte officiel Twitter @pontifex peuvent le faire.
Son premier tweet, le Pape le lancera mercredi 12 Décembre, lors de l'audience générale. Huit langues seront utilisées, parmi lesquelles l'arabe.

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http://it.radiovaticana.va

Trois jours après l'ouverture du compte, les followers du Pape ont dépassé les 700 000. Et les tweets sont extrêmement nombreux.
Philippa Hitchen, de l'antenne italienne de Radio vatican, en parle avec Mgr. Claudio Maria Celli, président du Conseil pontifical pour les Communications sociales. Celui-ci insiste: ce n'est pas une question de chiffres:
(audio en vo ici: http://media01.radiovaticana.va/audiomp3/00347255.MP3)

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R. - Nous pensons que dans les prochains jours, peut-être même avant Noël, nous pourrions atteindre le million de followers. Mais je dois vous avouer que ces chiffres m'indiquent quelque chose, mais ne m'émeuvent pas particulièrement.

Q. - Ce n'est pas seulement une question de nombre ...

R. - Exactement. Le Pape dans sa mission de Pasteur de l'Église universelle ne cherche pas la popularité, il n'est une star de la chanson ou d'autres domaines de la vie. Je regardais ces jours-ci combien de followers ont certains personnages du monde du spectacle. Pour nous, ce n'est pas cela. Le désir du Pape est essentiellement d'être présent, d'être proche, aux côtés des hommes et des femmes d'aujourd'hui, qui affrontent un chemin pas facile. Le Pape a parlé il y a quelques jours de la désertification du monde spirituel. C'est pourquoi je vois de façon positive cette présence du Pape dans le monde des tweets.

Q. - Il y en a pourtant qui demandent pourquoi Twitter ne sera pas utilisée en mode interactif, ce pour quoi il a été conçu ...

R. - Oui, c'est vrai. Dans un sens, nous sommes en contradiction avec la nature même du tweet. Cependant, même si seulement 10% des 700 000 followers - demain, nous en espérons un million - écrivaient au Pape, il serait matériellement impossible de répondre. Nous voyons, en ces jours où nous venons d'ouvrir ce moment interactif, tous les tweets qui sont arrivés: tweets positifs, tweets hostiles et tweets insultants.

Q? - Vous attendiez-vous aussi à cela...

R. - Eh bien, quand on entre dans ce monde, on doit s'y attendre. La chose, donc, ne nous a pas pris par surprise. Je dirais que ce qui nous a surpris, c'est la quantité de tweets qui sont arrivés. Nous n'avons pas été surpris, cependant, qu'à certains moments émergent ces souffrances, cette écume un peu noire. Nous l'avions programmé. Mais il y a eu aussi des questions intéressantes sur la foi. C'est vrai, parfois nous avons eu quelques tweets humoristiques, mais même cela correspond à la culture du moment. Je dis, en souriant un peu, que nous ne résoudrons pas avec les tweets les problèmes de l'Eglise. Plût au ciel que ce soit aussi simple!

Q. - Pour vous, qu'est-ce qui est important, alors?

R. - Mais ... pour moi il est important que le Pape soit présent aux côtés des hommes et des femmes d'aujourd'hui. Comme je l'ai déjà dit, l'homme d'aujourd'hui a une profonde nostalgie de Dieu, et il a parfois du mal à trouver le sens de sa propre vie. Chaque fois que je m'approche de cette réalité, je pense à la célèbre phrase de Jésus: «Vous qui êtes fatigués, las, venez à moi et vous trouverez le repos». L'homme d'aujourd'hui éprouve une profonde lassitude de la vie, qu'il essaie parfois d'éviter, en ayant recours à des systèmes variés, et parfois même en se reniant. Mais ce que nous voudrions - et je crois que le Pape ressent profondément ce besoin - c'est d'être proche. C'est pourquoi lors de la conférence de presse, je parlais de perles de sagesse, d'étincelle de vérité. Si vous me le permettez, juste en se référant à l'exemple du désert, où les hommes d'aujourd'hui sont nombreux à marcher, je définirais un tweet comme une goutte d'eau pour soulager les difficultés de la route. Alors je dirais «bienvenue» à cette présence du pape Benoît XVI dans le monde de tweets. Je pense et j'espère qu'ensuite, ce seront les amis - le mot followers m'enthousiasme moins et préfère les appeler des amis - qui retwitteront ces messages au Saint-Père et feront en sorte qu'ils soient reçus là où c'est possible. Que les cœurs des hommes et des femmes d'aujourd'hui puissent retrouver une goutte d'eau fraîche dans le chemin de la vie!

     

Note

[1] On trouvera sur ce site canadien un résumé de l'intervention de Mgr Claudo Maria Celli à la 13e congrégation générale du Synode, le 16 octobre dernier, que je reproduis plus bas, ainsi qu'une interviewe (en français) par Frédéric Mounier (KTO).
Vers 5', le prélat répond à une question "comment réagir, quand à travers des blogs, l'Eglise est attaquée, et même le Pape?".
"L''Apôtre Paul, répond-il, nous invite toujours à témoigner la vérité dans la charité. Je considère que certains blogs ne sont pas respectueux... Il n'est pas très facile de savoir d'où viennent certains blogs..." (cf. http://youtu.be/lwfoQ3hCV6A )

La nouvelle évangélisation nous demande d’être attentifs à la « nouveauté » du contexte culturel dans lequel nous sommes appelés à annoncer la Bonne Nouvelle, mais également à la « nouveauté » des méthodes à utiliser.

Les nouveaux médias sont en train de changer radicalement la culture dans laquelle nous vivons et offrent de nouveaux chemins pour partager le message de l’Évangile. Les nouvelles technologies n’ont pas seulement changé la façon de communiquer, mais ont transformées la communication même, en créant une nouvelle infrastructure culturelle qui est en train d’influer sur l’environnement de la communication et nous ne pouvons pas faire ce que nous avons toujours fait, même avec les nouvelles technologies.

L’arène numérique n’est pas un espace « virtuel » moins important du monde « réel » et, si la Bonne Nouvelle n’est pas proclamée aussi de façon « numérique », nous courons le risque d’abandonner beaucoup de personnes, pour lesquelles c’est celui-là, le monde dans lequel elles « vivent ».

L’Église est déjà présente dans l’espace numérique, mais le prochain défi est de changer notre style communicatif pour rendre cette présence efficace, s’occupant surtout de la question du langage. Dans le forum numérique, le discours est spontané, interactif, et participatif; dans l’Église, nous sommes habitués à utiliser des textes écrits comme moyen normal de communication. Je ne sais pas si cette forme peut parler aux plus jeunes, habitués à un langage ancré dans la convergence de mots, sons et images.

Nous sommes appelés à communiquer avec notre témoignage, en partageant dans les relations personnelles l’espoir qui nous habite. Nous ne pouvons diluer les contenus de notre foi, mais trouver de nouveaux moyens de l’exprimer dans sa plénitude.

Nous sommes obligés de nous exprimer de façon à impliquer les autres qui, à leur tour, partagent nos idées avec leurs amis et followers.

Nous avons besoin de valoriser les « voix » des nombreux catholiques présents dans les blogs, afin qu’ils puissent évangéliser, présenter l’enseignement de l’Église et répondre aux questions des autres.

Je pense à l’Église qui est appelée à instaurer un dialogue respectueux avec tous, à donner raison à l’espérance que tous portent dans leur cœur.