Troisième jour du Pape au Liban

16/9/2012

Au revoir le Liban

Discours d'adieu

(...)
Alors qu’arrive le moment du départ, c’est avec regret que je laisse le cher Liban.
Je vous remercie, Monsieur le Président, pour vos paroles et pour avoir favorisé, avec le Gouvernement dont je salue les représentants, l’organisation des divers évènements qui ont marqué ma présence parmi vous, secondé de manière remarquable par l’efficacité des différents services de la République et du secteur privé. Je remercie aussi le Patriarche Bechara Boutros Raï, et tous les Patriarches présents ainsi que les évêques orientaux et latins, les prêtres et les diacres, les religieux et les religieuses, les séminaristes et les fidèles qui se sont déplacés pour me recevoir.
Vous visitant, c’est comme si Pierre venait à vous, et vous avez reçu Pierre avec la cordialité qui caractérise vos Églises et votre culture.

Mes remerciements vont particulièrement à l’ensemble du peuple libanais qui forme une belle et riche mosaïque et qui a su manifester au Successeur de Pierre son enthousiasme, par l’apport multiforme et spécifique de chaque communauté.
Je remercie cordialement les vénérables Églises sœurs et les communautés protestantes. Je remercie particulièrement les représentants des communautés musulmanes. Durant tout mon séjour, j’ai pu constater combien votre présence a contribué à la réussite de mon voyage. Le monde arabe et le monde entier auront vu, en ces temps troublés, des chrétiens et des musulmans réunis pour célébrer la paix.
Il est de tradition au Moyen-Orient, de recevoir l’hôte de passage avec égard et respect, et vous l’avez fait. Je vous en remercie tous.
Mais, à l’égard et au respect, vous avez apporté un complément ; il peut se comparer à l’une de ces fameuses épices orientales qui enrichit la saveur des mets : votre chaleur et votre cœur, qui m’ont donné le goût de revenir. Je vous en remercie particulièrement. Que Dieu vous bénisse pour cela !

Durant mon trop bref séjour, motivé principalement par la signature et la remise de l’Exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, j’ai pu rencontrer les différentes composantes de votre société. Il y a eu des moments plus officiels, d’autres plus intimes, des moments de haute densité religieuse et de prière fervente et d’autres encore, marqués par l’enthousiasme de la jeunesse. Je rends grâce à Dieu pour ces occasions qu’il a permises, pour les rencontres de qualité que j’ai pu avoir, et pour la prière qui a été faite par tous, et pour tous au Liban et au Moyen-Orient, quelle que soit l’origine ou la confession religieuse de chacun.

Dans sa sagesse, Salomon a fait appel à Hiram de Tyr, pour l’élévation d’une maison pour le Nom de Dieu, un sanctuaire pour l’éternité (cf. Si 47, 13). Et Hiram que j’ai évoqué en arrivant, envoya du bois provenant des cèdres du Liban (cf. 1 R 5, 22). Des boiseries de cèdre meublaient l’intérieur du Temple et portaient des guirlandes de fleurs sculptées (cf. 1 R 6, 18). Le Liban était présent dans le Sanctuaire de Dieu. Puisse le Liban d’aujourd’hui, ses habitants, continuer à être présents dans le sanctuaire de Dieu ! Puisse le Liban continuer à être un espace où les hommes et les femmes peuvent vivre en harmonie et en paix les uns avec les autres pour donner au monde, non seulement le témoignage de l’existence de Dieu, premier thème du Synode passé, mais également, celui de la communion entre les hommes, second thème du même Synode, quelle que soit leur sensibilité politique, communautaire et religieuse !

Je prie Dieu pour le Liban, afin qu’il vive dans la paix et résiste avec courage à tout ce qui pourrait la détruire ou la miner.
Je souhaite au Liban de continuer à permettre la pluralité des traditions religieuses et à ne pas écouter la voix de ceux qui veulent l’en empêcher.
Je souhaite au Liban de fortifier la communion entre tous ses habitants, quelle que soit leur communauté et leur religion, en refusant résolument tout ce qui pourrait conduire à la désunion, et en choisissant avec détermination la fraternité. Ce sont là des fleurs qui sont agréables à Dieu, des vertus qui sont possibles et qu’il conviendrait de consolider en les enracinant davantage.

La Vierge Marie, vénérée avec dévotion et tendresse, par les fidèles des confessions religieuses présentes ici, est un modèle sûr pour avancer avec espérance sur le chemin d’une fraternité vécue et authentique. Le Liban l’a bien compris en proclamant il y a quelque temps, le 25 mars comme jour férié, permettant ainsi à tous ses habitants de pouvoir vivre davantage leur unité dans la sérénité. Que la Vierge Marie dont les antiques sanctuaires sont si nombreux dans votre pays, continue à vous accompagner et à vous inspirer !

Que Dieu bénisse le Liban et tous les Libanais! Qu’il ne cesse de les attirer à Lui pour leur donner part à sa vie éternelle! Qu’il les comble de sa joie, de sa paix et de sa lumière! Que Dieu bénisse tout le Moyen-Orient!
Sur chacun et chacune d’entre vous, j’invoque de grand cœur l’abondance des Bénédictions divines.
لِيُبَارِك الربُّ جميعَكُم [Que Dieu vous bénisse tous !]

Foule océanique à la messe ce matin

Foule immense!

Quand les images disent beaucoup plus que les mots

Messe: suite du reportage de l'Orient le Jour

Une marée humaine pour la messe du pape, au dernier jour de sa visite au Liban.
http://www.lorientlejour.com
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A 10h ce dimanche matin, une véritable marée humaine couvrait le City Center Waterfront de Beyrouth, où le pape a donné une messe solennelle en plein air, qui marque la fin de sa visite historique de trois jours au Liban.
Dans l'enceinte où se déroulait la messe, la foule était tellement dense que certains ont préféré quitter les lieux, pour suivre la messe à l'extérieur, assis sur le trottoir. 75.000 sièges ont été prévus, près de 300.000 personnes étaient debout selon les estimations des médias libanais.
Dans son homélie, le pape Benoît XVI a prié pour la paix au Proche-Orient. "Servir la justice et la paix, dans un monde où la violence ne cesse d'étendre son cortège de mort et de destruction, est une urgence afin de s'engager pour une société fraternelle, pour bâtir la communion !", a lancé le souverain pontife. "Je prie particulièrement le Seigneur de donner à cette région du Moyen-Orient des serviteurs de la paix et de la réconciliation pour que tous puissent vivre paisiblement et dans la dignité. C'est un témoignage essentiel que les chrétiens doivent rendre ici, en collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté", a-t-il poursuivi.

Dans une allocution prononcée à la fin de la messe, le pape Benoît XVI a lancé un fervent appel à l'arrêt des violences dans la région. "La violence et la haine envahissent les rues, a déploré le pape. J'en appelle à la communauté internationale. J'en appelle aux pays arabes afin qu'en frères, ils proposent des solutions viables qui respectent la dignité de chaque personne humaine, ses droits et sa religion. Qui veut construire la paix doit cesser de voir dans l'autre un mal à éliminer", a-t-il dit dans l'Angelus. "Il n'est pas facile de voir dans l'autre une personne à respecter et à aimer, et pourtant il le faut, si on désire construire la paix, si on veut la fraternité. Puissent les hommes comprendre qu'ils sont tous frères".

"Puisse Dieu concéder à votre pays, à la Syrie et au Moyen-Orient le don de la paix des coeurs, le silence des armes et l'arrêt de toute violence", a-t-il encore dit.
En Syrie, le conflit opposant le régime de Bachar el-Assad aux rebelles qui veulent le renverser a fait plus de 27.000 morts.
"Tournons-nous maintenant vers Marie, Notre-Dame du Liban, autour de laquelle se retrouvent les chrétiens et les musulmans. Demandons-lui d'intercéder auprès de son divin Fils pour vous et, plus particulièrement, pour les habitants de la Syrie et des pays voisins implorant le don de la paix".

"Puissions-nous, avec l'aide de Dieu, nous convertir pour travailler avec ardeur à l'établissement de la paix nécessaire pour une vie harmonieuse entre frères, quelles que soient les origines et les convictions religieuses", a-t-il conclu.

Prenant la parole au début de la messe, le patriarche maronite Mgr Béchara Raï a exprimé au souverain pontife "au nom de toutes les personnes ici présentes et de tous les Libanais, la joie dont votre visite remplit les coeurs. Car elle se déroule sous le signe de la paix, à laquelle aspire notre monde en général et le Moyen-Orient en particulier."
"La paix est la mission des Chrétiens. Ils la considèrent comme un don de Dieu qu'il importe de préserver", a-t-il poursuivi.

S'adressant au pape, Mgr Raï a déclaré : "Votre voyage apostolique au Moyen-Orient, au moment où il vit des transformations radicales menaçant sa sécurité et sa stabilité, est certes porteur d'espérance (...) Votre voyage est une soupape de sécurité en ces temps d'instabilité pour un peuple chrétien qui, fidèle aux promesses de son baptême, lutte pour confirmer son enracinement dans sa terre malgré l'énormité des défis".
Le synode sur le Moyen Orient qui s'est tenu en 2010 au Moyen-Orient "nous a introduits au coeur d'un +printemps spirituel chrétien+, que nous considérons voulu par la Providence divine comme anticipatoire et préparatoire du +printemps arabe+ désiré", a lancé le père de l'Eglise maronite.
"Avec votre Sainteté, nous prions pour que les événements sanglants, les manifestations en cours et les sacrifices se transforment en un enfantement qui donnerait naissance à ce +printemps+", a-t-il ajouté.
Et Mgr Raï de poursuivre : "Nous ne vous dissimulons point, Très Saint-Père, les sentiments de crainte et de peur de l'avenir inconnu, que nous éprouvons en tant que chrétiens". "D'autant plus, a-t-il observé, que nous persévérons à miser sur la prise de conscience de nos frères musulmans de l'importance de la diversité dans nos pays arabes, et de la communion inéluctable entre eux et les chrétiens, leurs partenaires en citoyenneté".

Lors de la messe, le pape a remis aux chefs des Eglises catholiques d'Orient l'Exhortation apostolique qu'il a signée vendredi soir. "Avec la remise de ce document, commencent son étude et son appropriation par tous les protagonistes de l'Eglise, pasteurs, personnes consacrées et laïcs, afin que chacun trouve une joie nouvelle à poursuivre sa mission", a déclaré le souverain pontife.
Le président libanais Michel Sleimane, seul chef d'Etat chrétien du Moyen Orient et 300 évêques de 17 pays de la région étaient présents pour cette messe, où ont retenti des hymnes en arabe et en latin (ndlr: et il a été le premier à recevoir la communion à genoux, des mains du pape).

Mobilisation populaire
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Dès 7h du matin, et malgré la chaleur déjà accablante, des milliers de personnes avaient commencé à se rassembler place Sassine, à Achrafieh. A partir de là, ils étaient descendus vers le centre-ville de Beyrouth, certains à pied, d'autres tassés dans des petits bus. Dans toutes les rues et ruelles débouchant au centre-ville, un flot de personnes.
Dans le centre ville, étaient également garés des bus immatriculés en Syrie, sur les vitres desquels étaient collées des photos de Benoît XVI. Des soldats étaient postés un peu partout, dans un véhicule de l'armée se trouvaient des chiens renifleurs pour détecter la présence d'éventuels explosifs.
Dans l'enceinte où se déroulait la cérémonie, les participants brandissaient des drapeaux du Liban ou du Vatican, mais aussi quelques drapeaux étrangers. Certains, en attendant le pape, entonnaient des chants, d'autres criaient en coeur : "Benedictos, pape, nous t'aimons!". Dans la foule, beaucoup de jeunes, voire des très jeunes dans des poussettes, des familles, des personnes âgées mais aussi des employées de maison. Beaucoup portaient des casquettes blanches, donnant ainsi l'impression d'une marée blanche devant le grand autel dressé pour l'occasion, avec comme toile de fond un immense paneau en forme de cèdre.

"Le Liban, un symbole de coexistence au Moyen-Orient"
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"C'est un événement très important", assure Farès qui est venu dans un bus dès 7h du matin. "Si le pape tient les promesses qu'il a faites aux jeunes, ce sera très bien".
Farès est venu à Beyrouth pour assister à la messe du pape avec sa femme Rita, enceinte de 6 mois. "La visite du pape est très importante, assure la jeune femme visiblement émue. "Les chrétiens sont l'histoire de cette région, ils doivent y rester", rappelle-t-elle.

Joumana vient du Mont-Liban. Elle est partie à 6h du matin. Pour cette jeune femme d'une trentaine d'années, "la visite du pape est très importante pour l'existence des chrétiens au Moyen-Orient". Des discours du souverain pontife, elle retient le message de paix. "Il nous encourage à y croire, à croire en notre présence ici".

Jeannette, qui vient de Beyrouth avec ses filles Chloé et Eline, retient du pape le message que les chrétiens et les musulmans doivent vivre en paix. "Le Liban doit être un symbole de coexistence au Moyen-Orient", assure la femme d'une quarantaine d'années.
Pour sa fille Chloé, la visite du pape et ses messages encouragent les jeunes à rester au Liban. "Je pensais plus tard faire mes études au Canada, mais aujourd'hui je revois un peu mes plans", assure la jeune fille du haut de ses 11 ans et demi.
Eline, sa soeur de 13 ans, veut, elle aussi, rester au Liban : "C'est très important que les jeunes restent au Liban."

Premières images de la messe

Supplique passionnée pour la paix, à l'Angelus

Chers Frères et Sœurs, tournons-nous maintenant vers Marie, Notre-Dame du Liban, autour de laquelle se retrouvent les chrétiens et les musulmans.
Demandons-lui d’intercéder auprès de son divin Fils pour vous et, plus particulièrement, pour les habitants de la Syrie et des pays voisins implorant le don de la paix.
Vous connaissez bien la tragédie des conflits et de la violence qui génère tant de souffrances. Malheureusement, le bruit des armes continue de se faire entendre, ainsi que le cri des veuves et des orphelins !
La violence et la haine envahissent les vies, et les femmes et les enfants en sont les premières victimes.
Pourquoi tant d’horreurs ? Pourquoi tant de morts ?
J’en appelle à la communauté internationale ! J’en appelle aux pays arabes afin qu’en frères, ils proposent des solutions viables qui respectent la dignité de chaque personne humaine, ses droits et sa religion !

Qui veut construire la paix doit cesser de voir dans l’autre un mal à éliminer. Il n’est pas facile de voir dans l’autre une personne à respecter et à aimer, et pourtant il le faut, si on désire construire la paix, si on veut la fraternité
(cf.1 Jn 2, 10-11 ; 1 P 3, 8-12).
Puisse Dieu concéder à votre pays, à la Syrie et au Moyen-Orient le don de la paix des cœurs, le silence des armes et l’arrêt de toute violence ! Puissent les hommes comprendre qu’ils sont tous frères ! Marie, qui est notre Mère, comprend notre souci et nos besoins. Avec les Patriarches et les Évêques présents, je place le Moyen-Orient sous sa protection maternelle (cf. Prop. 44). Puissions-nous, avec l’aide de Dieu, nous convertir pour travailler avec ardeur à l’établissement de la paix nécessaire pour une vie harmonieuse entre frères, quelles que soient les origines et les convictions religieuses !
Maintenant prions : Angelus Dómini nuntiávit Marie ...

La vocation de l'Eglise est de servir

Homélie au City Center Waterfront de Beyrouth

(http://www.vatican.va/)
(...)
En ce dimanche où l’Évangile nous interroge sur la véritable identité de Jésus, nous voici transportés avec les disciples, sur la route qui conduit vers les villages de la région de Césarée de Philippe.
« Et vous, que dites-vous ? pour vous qui suis-je ? » (Mc 8, 29) leur demande Jésus ?
Le moment choisi pour leur poser cette question n’est pas sans signification. Jésus se trouve à un tournant déterminant de son existence. Il monte vers Jérusalem, vers le lieu où va s’accomplir, par la croix et la résurrection, l’événement central de notre salut. C’est aussi à Jérusalem, qu’à l’issue de tous ces événements, l'Église va naître. Et lorsque, à ce moment décisif, Jésus demande d’abord à ses disciples « Pour les gens, qui suis-je ? » (Mc 8, 27), les réponses qu’ils lui rapportent sont bien diverses : Jean-Baptiste, Élie, un prophète !
Aujourd’hui encore, comme au long des siècles, ceux qui, de multiples manières, ont trouvé Jésus sur leur route apportent leurs réponses. Ce sont des approches qui peuvent permettre de trouver le chemin de la vérité. Mais, sans être nécessairement fausses, elles restent insuffisantes, car elles n’accèdent pas au cœur de l’identité de Jésus. Seul celui qui accepte de le suivre sur son chemin, de vivre en communion avec lui dans la communauté des disciples, peut en avoir une véritable connaissance.
C’est alors que Pierre qui, depuis un certain temps, a vécu avec Jésus, va donner sa réponse : « Tu es le Messie » (Mc 8, 29). Réponse juste sans aucun doute, mais pourtant insuffisante, puisque Jésus ressent le besoin de la préciser. Il entrevoit que les gens pourraient se servir de cette réponse pour des desseins qui ne sont pas les siens, pour susciter de faux espoirs temporels sur lui. Il ne se laisse pas enfermer dans les seuls attributs du libérateur humain que beaucoup attendent.

En annonçant à ses disciples qu’il devra souffrir, être mis à mort avant de ressusciter, Jésus veut leur faire comprendre qui il est en vérité. Un Messie souffrant, un Messie serviteur, et non un libérateur politique tout-puissant.
Il est le Serviteur obéissant à la volonté de son Père jusqu’à perdre sa vie. C’est ce qu’annonçait déjà le prophète Isaïe dans la première lecture. Jésus va ainsi à l’encontre de ce que beaucoup attendaient de lui. Son affirmation choque et dérange. Et on entend la contestation de Pierre, qui lui fait des reproches, refusant pour son maître la souffrance et la mort ! Jésus est sévère à son égard, et il fait comprendre que celui qui veut être son disciple, doit accepter d’être serviteur, comme lui s’est fait Serviteur.
Se mettre à la suite de Jésus, c’est prendre sa croix pour l’accompagner sur son chemin, un chemin incommode qui n’est pas celui du pouvoir ou de la gloire terrestre, mais celui qui conduit nécessairement à se renoncer soi-même, à perdre sa vie pour le Christ et l’Évangile, afin de la sauver. Car nous sommes assurés que ce chemin conduit à la résurrection, à la vie véritable et définitive avec Dieu. Décider d’accompagner Jésus Christ qui s’est fait le Serviteur de tous exige une intimité toujours plus grande avec lui, en se mettant à l’écoute attentive de sa Parole pour y puiser l’inspiration de nos actes.
En promulguant l’Année de la foi, qui doit commencer le 11 octobre prochain, j’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du cœur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile.
Frères et sœurs, le chemin sur lequel Jésus veut nous conduire est un chemin d’espérance pour tous. La gloire de Jésus se révèle au moment où, dans son humanité, il se montre le plus faible, particulièrement lors de l’Incarnation et sur la croix. C’est ainsi que Dieu manifeste son amour, en se faisant serviteur, en se donnant à nous. N’est-ce pas un mystère extraordinaire, parfois difficile à admettre ? L’Apôtre Pierre lui-même ne le comprendra que plus tard.

Dans la deuxième lecture, saint Jacques nous a rappelé combien cette suite de Jésus, pour être authentique exige des actes concrets. « C’est par mes actes que je te montrerai ma foi » (Jc 2, 18). C’est une exigence impérative pour l’Église de servir et pour les chrétiens d’être de vrais serviteurs à l’image de Jésus. Le service est un élément fondateur de l’identité des disciples du Christ (cf. Jn 13, 15-17). La vocation de l’Église et du chrétien est de servir, comme le Seigneur lui-même l’a fait, gratuitement et pour tous, sans distinction. Ainsi, servir la justice et la paix, dans un monde où la violence ne cesse d’étendre son cortège de mort et de destruction, est une urgence afin de s’engager pour une société fraternelle, pour bâtir la communion ! Chers frères et sœurs, je prie particulièrement le Seigneur de donner à cette région du Moyen-Orient des serviteurs de la paix et de la réconciliation pour que tous puissent vivre paisiblement et dans la dignité. C’est un témoignage essentiel que les chrétiens doivent rendre ici, en collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté. Je vous appelle tous à œuvrer pour la paix. Chacun à son niveau et là où il se trouve.
Le service doit encore être au cœur de la vie de la communauté chrétienne elle-même. Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! C’est cet esprit qui doit animer tous les baptisés, les uns à l’égard des autres, notamment par un engagement effectif auprès des plus pauvres, des marginalisés, de ceux qui souffrent, pour que soit préservée la dignité inaliénable de toute personne.
Chers frères et sœurs qui souffrez dans votre corps ou dans votre cœur, votre souffrance n’est pas vaine ! Le Christ Serviteur se fait proche de tous ceux qui souffrent. Il est présent auprès de vous. Puissiez-vous trouver sur votre route des frères et des sœurs qui manifestent concrètement sa présence aimante qui ne saurait vous abandonner ! Soyez remplis d’espérance à cause du Christ !
Et vous tous, frères et sœurs, qui êtes venus participer à cette célébration, cherchez à devenir toujours plus conformes au Seigneur Jésus, lui qui s’est fait le Serviteur de tous pour la vie du monde. Que Dieu bénisse le Liban, qu’il bénisse tous les peuples de cette région bien-aimée du Moyen-Orient et leur fasse le don de sa paix.
Amen.

Une marée humaine pour la messe à Beyrouth

L'Orient le Jour ( Émilie SUEUR)
La visite de Benoît XVI se clôturé aujour'hui dimanche par une messe solennelle en plein air sur le front de mer, au City Center Waterfront de Beyrouth. Quelque 75.000 places assises ont été prévues, mais près de 300.000 personnes assistent également à la messe debout.
La foule était d'ailleurs tellement dense ce matin que nombre de personnes ont préféré quitter le lieu de la cérémonie pour suivre la messe sur les trottoirs environnants.
A partir de 7h du matin, et malgré la chaleur accablante, une marée humaine déferlait de la place Sassine, à Achrafieh, vers le centre-ville de Beyrouth, certains à pied d'autres dans des petits bus. De toutes les rues et ruelles débouchant au centre-ville, un flot ininterrompu de personnes, dont notamment de très nombreux jeunes, affluait vers le lieu de la cérémonie.
Les participants brandissent tous des drapeaux du Liban ou du Vatican, mais aussi quelques drapeaux étrangers, et certains entonnent des chants. Dans la foule, beaucoup de jeunes, des familles, des personnes âgées mais aussi des employées de maison sont venus participer à la cérémonie. Ils portent tous des casquettes blanches, donnant ainsi l'impression d'une marée blanche devant le grand autel dressé pour l'occasion, avec comme toile de fond un immense paneau en forme de cèdre.
Des bus immatriculés en Syrie, sur les vitres desquels on pouvait voir des photos de Benoît XVI, frayaient également leur passage vers le centre-ville.
La foule était entourée d'un impressionnant dispositif de sécurité, des véhicules blindés et des camions avec des chiens renifleurs pour détecter la présence d'éventuels explosifs se dirigeant vers le centre-ville.

Hier, avec les jeunes, un moment de ferveur

Entre Benoît XVI et les jeunes, un moment intense de communion et de ferveur
Anne-Marie El-HAGE | 16/09/2012
L'Orient le Jour
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Prières, cantiques et danses ont ponctué la rencontre et le dialogue entre le Saint-Père et les jeunes du Liban et du Moyen-Orient, sur une esplanade de Bkerké, revêtue de ses plus beaux atours.
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C’est par dizaines de milliers que la jeunesse du Liban et du monde arabe a afflué hier pour rencontrer à Bkerké le chef de l’Église catholique, le pape Benoît XVI. Une rencontre personnelle, spéciale, chaleureuse, particulière pour chacun d’entre eux, heureux de se trouver là, malgré la chaleur accablante, les mesures drastiques de sécurité, la longue attente et la foule dense. Une rencontre à laquelle a tenu à participer un invité surprise, le chef de l’État, Michel Sleiman, heureux de partager ce moment de prière et de dialogue avec les jeunes.

Entre la jeunesse du Liban et du Moyen-Orient, et le pape Benoît XVI, le message est passé, hier soir, sur l’esplanade de Bkerké. Cette rencontre, placée sous le signe de la paix, était surtout un moment intense de communion et de ferveur, entre une jeunesse découragée et craignant pour son avenir dans un Moyen-Orient en proie aux violences, et le Saint-Père qui s’est voulu rassurant et encourageant. Il les a d’ailleurs appelés à vivre pleinement leur foi, sans crainte, tout en invitant les jeunes chrétiens et musulmans, qui constituent l’avenir de la région, à bâtir ensemble une société sans haine, dans le respect des croyances de chacun.

C’est sans réserve aucune et en toute franchise que les jeunes du Liban ont lancé un appel au pape Benoît XVI. Un appel prononcé par leurs porte-parole, Rania Abou Chacra et Roy Jreige. Ils ont ainsi fait part au Saint-Père de leurs craintes pour leur avenir, de leur appréhension du chômage, de leur refus de la corruption, de leur peur du fondamentalisme montant, et surtout de leur désir de rester attachés à leur terre et leur pays, et de ne pas émigrer. Affirmant leur volonté de vivre en harmonie avec les jeunes d’autres religions, sans crainte, ils ont appelé l’Église à les accompagner et comprendre leurs défis. « Nous voulons œuvrer au rapprochement permanent entre les Églises orientales », ont-ils encore insisté, réclamant une seule fête de Pâques et l’unité des Églises.

Attentif, Benoît XVI n’a pas hésité à répondre aux jeunes, avec bienveillance et chaleur, montrant qu’il a bien compris leur message, leurs craintes et leurs appréhensions. Un discours qui a été écouté avec la plus grande attention par un public conquis, qui buvait littéralement les paroles de son pape, n’hésitant pas à applaudir, par moments, en lançant des « Benedictos », en chœur. « Vous avez une place privilégiée dans mon cœur et dans l’Église », leur a-t-il dit, provoquant les applaudissements nourris de la foule. « N’ayez pas peur », leur a-t-il aussi demandé, reprenant les propos de son prédécesseur, le pape Jean-Paul II. « Ouvrez la porte de vos esprits et de vos cœurs à l’Église. Vous trouverez la force et le courage de surmonter les difficultés et les souffrances. » Benoît XVI a tenu à saluer les jeunes du monde arabe, présents en force pour l’occasion, et particulièrement les jeunes syriens. « J’admire votre courage », a-t-il souligné.

Bonheur et émotion
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Au tout premier rang de l’assistance, la jeunesse handicapée a partagé le moment avec ses accompagnateurs attentifs. Sur son fauteuil roulant, Rita ne s’est à aucun moment départie de son sourire. Tenant à la main le drapeau du Vatican, elle a accompagné en chœur les cantiques entonnés par les chorales. « Je suis heureuse d’être là », a-t-elle dit, tout sourire. Au même titre que Rita, c’est avec force et ferveur que la jeunesse handicapée a participé à l’événement. De jeunes malentendants ont même exécuté une danse à l’intention du pape Benoît XVI.

Au sein de l’assistance, Eva Maria, 24 ans, membre de l’Opus Dei, n’en croit pas ses yeux. « Je rêvais tellement de rencontrer le pape. Je suis déjà allée en Jordanie pour le voir. Et voilà qu’il est au Liban aujourd’hui, a-t-elle souligné. C’est si beau. Je me sens si proche de lui, même si je sais que je ne vais pas l’approcher. » La jeune femme est convaincue que la venue du pape au Liban est d’une importance capitale pour le pays, non seulement sur le double plan religieux et politique, mais aussi pour l’économie du pays. Ses propos sont aussitôt interrompus par une vague de « ahla w sahla bel baba » entonnés par une foule surexcitée. À quelques dizaines de mètres au-dessus d’elle, un chapelet géant, formé de ballons bleus et jaunes, flotte dans le ciel. Quelques colombes blanches volent aussi, en toute liberté.
Plus loin, un groupe de jeunes de la Pastorale universitaire, qui regroupe des étudiants de 32 universités du Liban, hurlent des slogans avec enthousiasme. « Nous sommes très heureux de cette rencontre personnelle avec Benoît XVI. C’est comme s’il venait pour chacun d’entre nous », a observé Étienne Hanna, un étudiant de 22 ans. « Nous attendions cet événement depuis si longtemps. Nous n’osions pas espérer qu’il viendrait au Liban, vu la mauvaise situation sécuritaire », a renchéri de son côté Charlie Gergès, 22 ans. Une jeune fille, Marcelle Hatoum, a invité le pape à prier pour les jeunes du Liban et de la région. « Le Liban est entre ses mains », a-t-elle lancé. Trop jeune lors de la venue du pape Jean-Paul II, c’est avec bonheur qu’elle affirme vivre cette rencontre.

Un bonheur partagé par tous, malgré la longue attente et les difficultés d’accès au site. Un bonheur qui a également vu la participation de la chanteuse Magida Roumi, qui a entonné un cantique, avec une des chorales. « C’était un moment de ferveur, de joie et d’amour tellement fort, qu’on a ressenti l’amour du pape Benoît XVI pour le Liban », a lancé un jeune, encore tout ému, à l’issue de la cérémonie, alors que des feux d’artifice illuminaient le ciel de Bkerké.

Une foule en liesse hier à Baabda

Le reportage extraordinaire (et que l'on ne risque pas de lire dans la presse française) du quotidien libanais L'Orient le Jour
Image:
Les petits-enfants du président présentent à Benoît XVI du pain de prière à bénir, à son arrivée au palais de Baabda.
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Une foule en liesse et l’ensemble de la République ont accueilli Benoît XVI à Baabda
Hoda CHÉDID | 16/09/2012
Toute la République était présente hier à Baabda pour saluer le pape Benoît XVI, ovationné sur toute la route menant au palais présidentiel par une foule en délire.

Ce qu’aucune conférence de dialogue ne pourra sans doute réaliser, c’est le pape Benoît XVI qui l’a accompli hier en réunissant autour de lui à Baabda l’ensemble de la République libanaise, les pôles politiques des différents bords, amis et adversaires. Tous sont venus le saluer, en même temps que plusieurs personnalités triées sur le volet.
En dépit des mesures draconiennes de sécurité, les routes du palais présidentiel ont été ouvertes dès le matin devant la foule de fidèles, venus des quatre coins du Liban, pour souhaiter la bienvenue au souverain pontife.

Massée des deux côtés de la route, la foule entonnait par moments des chants religieux, en agitant les drapeaux du Liban et du Vatican. Le passage du convoi pontifical a donné lieu à une explosion d’allégresse. Tous ceux qui avaient été frustrés la veille parce qu’ils avaient à peine eu le temps d’apercevoir le pape, dans le convoi de voitures blindées qui l’encadraient, ont laissé éclater leur joie : une pluie de confettis, de pétales de roses et de riz s’est abattue sur la papamobile à bord de laquelle Benoît XVI a béni une foule en délire.

Encadré par des dizaines de cavaliers des Forces de sécurité intérieure en tenue d’apparat et brandissant chacun un grand drapeau libanais ou du Vatican, le convoi du souverain pontife a traversé, à partir de l’autoroute de Damas, la route de Baabda vers le palais présidentiel dans une ambiance de liesse et de fête villageoise. Des danseurs de la troupe Caracalla, des enfants de trois villages libanais en habit folklorique et des musiciens locaux ont ouvert le convoi avec un spectacle de dabké et des jeux d’épées, dignes des plus belles cérémonies folkloriques typiquement libanaises.
Sur le perron du palais de Baabda, le chef de l’État, entouré de son épouse, Wafa’, et de leurs enfants, Charbel, Rita et Lara, et de leurs gendres, Wissam Baroudi et Nabil Hawwat, ont accueilli le pape. Leurs petits-enfants lui ont offert du pain de prière qu’il a béni avant de se rendre dans la salle de réception, sans oublier de bénir les journalistes qui suivaient son parcours.

Il a reçu en premier la famille du chef de l’État. M. Sleiman lui a offert des monnaies anciennes trouvées en terre libanaise et frappées du signe de la Croix ainsi que la première édition du timbre frappée à l’effigie du souverain pontife. Benoît XVI lui a offert, à son tour, un manuscrit ancien écrit par l’un des apôtres du Christ.
Le pape a ensuite reçu la famille du président de la Chambre, Nabih Berry, puis celle du Premier ministre, Nagib Mikati. Après les échanges de cadeauxet les photos traditionnelles, le souverain pontife s’est rendu dans le jardin, en compagnie du président, pour abreuver le cèdre qui sera planté en son nom, en souvenir de sa visite historique au Liban.

Il a ensuite reçu les chefs des communautés musulmanes, en présence du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï. Il a remis à chacun d’eux une copie de l’Exhortation apostolique. Au cours de l’entretien, les dignitaires musulmans ont fait part à leur hôte de leur attachement au Liban en tant que « pays-message, terre d’une même famille et modèle de coexistence ». À son tour, le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, lui a remis un mémorandum dans lequel il indique que « toute agression contre un chrétien représente une attaque aussi contre nous tous musulmans » .
Dans la salle du 25-Mai, ce sont 750 personnalités politiques, diplomatiques, religieuses, militaires, judiciaires, civiles et administratives qui ont accueilli le pape.