Un oratorio moderne sur Saint-Augustin

Cadeau au Pape du diocèse de Würzburg, hier à Castelgandolfo. Discours du Saint-Père (287/9/2012)

Hier soir à Castelgandolfo, le diocèse de Würzburg a offert à Benoît XVI la première exécution de l'oratorio intitulé "Augustin, une mosaïque de sons". L'oeuvre musicale de Winfried Böhm et Willifred Hiller a été exécutée par le choeur de la cathédrale de Würzburg (1)

Ma traduction du discours du Saint-Père (prononcé en allemand), au terme de l'exécution, d'après la version en italien sur le site du Vatican.

Messieurs les Cardinaux,
Chers Frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Cher Mgr Hofmann, cher Mgr Scheele,
Illustres les musiciens,
Chers invités de Würzburg et de Franconie!
Mesdames et Messieurs!

L'exécution d'une œuvre de saint Augustin ici à Castel Gandolfo est certainement un événement unique. Je remercie sincèrement tous ceux qui ce soir ont rendu cet événement possible. Un merci particulier à vous, cher Mgr Hofmann, à l'Augustinus-Institut et au diocèse de Würzburg, pour le don que vous m'avez fait de ce concert dans le cadre du Symposium international sur saint Augustin, qui se déroule à l'Augustinianum de Rome . Je remercie tout particulièrement les artistes - le Maître de chapelle, le Professeur Martin Berger, les solistes, le chœur de chambre de la cathédrale de Würzburg et tous les musiciens - pour l'exécution magistrale.
A vous tous, du fond du cœur "Vergelt de Gott" [Dieu vous récompense].

Le titre de cette œuvre sur Augustin la définit comme «une mosaïque de sons». En sept images musicales, à leur tour composées de différentes voix, chants et mélodies, a été tracé de façon impressionnante, un portrait de saint Augustin en sons. C'est une mosaïque. Certaines pierres brillent, selon la façon dont la lumière tombe et le point d'observation, mais ce n'est que dans l'ensemble que se déploie l'image. Cette mosaïque représente la grandeur et la complexité de l'homme et du théologien Saint Augustin, qui échappe à une classification et à une systématisation tendant à n'en mettre en évidence que des aspects isolés. Ainsi, cette composition nous dit que si nous voulons vraiment connaître Augustin, nous ne devons jamais perdre de vue, tandis que nous nous occupons du détail, l'ensemble de sa pensée, de son œuvre et de sa personne.

L'actualité du grand Père de l'Eglise latine est ininterrompue. Cela aussi, nous a été montré, une fois encore, par cette oeuvre sur Augustin [que nous venons d'entendre]. Les sept images nous ont fait connaître l'évêque d'Hippone dans le langage musical contemporain. Il convient de noter que cela a été fait sans faire apparaître le personnage principal. Mais précisément à cause de cette «absence», Augustin est présent, est «intemporel». La lutte de l'homme et sa recherche de ce qui lui est le plus intime, la recherche de la vérité, la recherche de Dieu restent valides en tout temps; elle ne concerne pas seulement un rhéteur et un maître de grammaire dans les déchirements et les bouleversements de l'Antiquité tardive, mais tous les hommes de tous les temps. Et ainsi, à la fin de l'oeuvre, nous trouvons les célèbres paroles introductives des Confessions qui ont résonné en s'estompant dans les différentes langues: «Magnus es, Domine, et laudibils valde: magna virtus tua et sapientiae tuae non est numerus. … Quaerentes enim inveniunt eum et invenientes laudabunt eum». - «Tu es grand, Seigneur, et très digne de louange: grande est ta puissance et ta sagesse est sans mesure... Ils loueront le Seigneur ceux qui le cherchent, parce qu'en le cherchant ils le trouvent, et en le trouvant, ils le loueront» (I, 1.1).

Mes remerciements vont une fois encore aux organisateurs de cette soirée dédiée à la figure de saint Augustin, aux musiciens et à ceux qui ont contribué à la réalisation de ce concert. Merci pour votre offrande généreuse et le précieux don. Je salue également tous les participants au Colloque international sur Saint-Augustin, qui, ces jours-ci se droule au Siège de l'Institut patristique Augustinianum à Rome. Puisse votre congrès sur la relation entre les cultures dans "la Cité de Dieu" contribuer utilement à approfondir la pensée du saint évêque d'Hippone et à reconnaître son actualité pour les questions et les défis qui se présentent à nous aujourd'hui. A vous tous, je donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.

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(1) Sur korazym.org, Angela Ambrogetti ajoute quelques détails très intéressants:

Un hommage musical à St. Augustin: une œuvre créée en 2004 qui raconte le grand Saint à travers la réflexion de ceux qui ont fait partie de sa vie, de sa mère Monique à son fils Adeodato. Un hommage du diocèse de Würzburg au pape allemand amoureux de saint Augustin.
Dans la cour de la Villa Pontificale de Castel Gandolfo, dans l'après-midi du mercredi 26 Septembre, «Augustin, une mosaïque de sons» a été l'occasion d'une réflexion musicale. L'évêque de Würzburg, Friedhelm Hofmann, a introduit l'exécution, qui intervient à l'occasion du colloque international qui se déroule à l'Agustinianum de Rome.
L'oeuvre est née de la collaboration de Winfried Böhm, de Würzburg, qui a écrit le livret et Wilfried Hiller, musicien de Munich. Une composition qui veut faire résonner, y compris à travers les duretés et les dissonances, l'antiquité tardive de Saint Augustin.
Pas une biographie, mais plutôt une lumière sur les déchirements présents dans l'environnement d'Augustin, pour récupérer le message chrétien comme orientation et salut dans une période de grand changement à la charnière de deux époques. Quelque chose de très proche de la période que nous vivons. Nous aussi, aujourd'hui, a dit l'évêque de Würzburg, nous avons besoin de la clarté du témoignage chrétien dans un monde déchiré par le pluralisme et le matérialisme.
Une heure et quart de musique jouée sur des instruments comme 60 tasses, 3 plats, cymbales, gongs, carillons, chimes (http://fr.wikipedia.org/wiki/Chimes ), un metallophone médiéval ainsi que de nombreux autres instruments issus de différentes traditions musicales. C'est le Maître de choeur Martin Berger qui dirigeait musiciens et chanteurs.

Sept images musicales signalées par des noms latins, pour présenter Augustin dans son cheminement humain. Un texte qui rassemble les passages les plus significatifs de la production du saint jusqu'à sa mort dans une perspective de forte actualité. Le plus jeune chanteur, qui joue Adeodato, est né en 2000 et fait partie des Petits Chanteurs de la cathédrale de Würzburg. Le Chœur de Chambre de la cathédrale a été fondé en 2004, les solistes sont tous liés à l'évêché et à la cathédrale où ils s'exhibent régulièrement. Dans la cathédrale, il y a plus de 500 chanteurs et le département de musique de la cathédrale est le plus grand du genre en Allemagne.