Conversation mondaine ou dialogue de sourds
Monique a tenté d'opposer des arguments rationnels aux préjugés anti-Benoît d'un catholique "engagé" (23/2/2013)
Ce catholique tellement "adulte" se rend-il compte qu'il s'est rendu l'otage des medias - et à cet égard, la responsabilité des medias catholiques est grande!
Il y a des variantes à ces attaques (notamment relatives à sa nationalité allemande), sur lesquelles je préfère ne pas m'attarder.
Derniers jours du pontificat: conversation mondaine ou dialogue de sourds.
Suite à une conversation - plutôt superficielle - avec un catholique "engagé" de ma paroisse, instruit et bien élevé, qui me disait ne pas pouvoir pleurer le départ de Benoît XVI, je rapporte les lieux communs entendus, lesquels ont été abondamment rabâchés pendant tout le pontificat. Je rapporte aussi ce que j'ai essayé de répondre - maladroitement.
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1/C'est un pape de transition.
Cette expression, empreinte de mépris, ne veut strictement rien dire.
Chaque pape n'est-il pas un pape de transition dans la mesure où il est placé entre son prédécesseur et son successeur? Un pontificat peut être court et marquer l'histoire. Jean XXIII n'est resté que cinq ans! Chaque pape accomplit sa tâche avec le temps qui lui est imparti. Il n'y a pas de papes insignifiants.
2/Benoît XVI est petit et frêle, sans présence physique.
Un pape doit-il être jugé selon son apparence physique? Doit-il rivaliser avec un athlète ou un acteur de cinéma? A la télévision, je n'ai jamais trouvé Benoît XVI aussi frêle qu'on le dit. Je l'ai vu "en vrai" quatre fois à Rome et il n'est certes pas dépourvu de prestance: une taille moyenne, une corpulence normale et très à l'aise en public, contrairement à ce qu'on serine. Comme pour le Concile, il y a le vrai Ratzinger et le Ratzinger des médias!
3/Il parle d'une voix faible.
Benoît XVI n'a pas la voix tonitruante de ceux qui veulent s'imposer et impressionner l'auditoire (il s'adresse à la raison). Mais sa voix douce (et non faible), très mélodieuse, avec son petit accent possède un charme inimitable qui va droit au coeur. Comme cette voix nous manquera!
4/Il utilise des ornements liturgiques trop riches et trop pompeux (mon interlocuteur souligne la gravité de ce choix).
Benoît XVI a le goût du beau et de la liturgie. Il considère que rien n'est trop beau pour le culte divin. Mais si l'on considère des photos ou des vidéos des deux pontificats, on s'aperçoit que ses vêtements liturgiques ne diffèrent guère de ceux de Jean-Paul II. On lui fait un procès sans fondements. De toute façon, doit-on juger un pape sur ses vêtements?
5/Les ornements précieux donnent au public l'image d'une Eglise riche (ce qui écoeure mon interlocuteur)
Tant pis pour ceux qui ne comprennent pas qu'on puisse consacrer un peu d'argent à la beauté du culte! Le coût de ces ornements - qui ne se périment pas - est insignifiant dans le budget du Saint-Siège et leur confection permet de vivre à des religieuses cloîtrées. Même si on les remplaçait désormais par des sacs de pommes de terre, on ne pourrait peut-être même pas servir une soupe populaire par mois au Vatican (ce qui se fait par ailleurs. Rappelons-nous ce que dit le Christ du parfum précieux répandu pour lui.
Je n'ai jamais entendu personne critiquer les somptueux ornements en usage dans l'Eglise orthodoxe, les précieuses mosquées d'Iran, ou les temples bouddhiques couverts d'or, dans des pays pauvres.
6/Benoît XVI disait la messe dos au peuple (rédhibitoire pour mon interlocuteur)
A ma connaissance, ceci ne s'est produit qu'une fois par an dans la Chapelle Sixtine où l'autel est collé au mur, sous le Jugement Dernier.
Mon interlocuteur ne me croit pas quand je lui dis qu'il s'agit d'exceptions. A-t-il vu le Pape tourner le dos au peuple à St Pierre ou lors des grandes messes publiques? Non bien sûr. Je n'avais jamais réalisé qu'un tel détail pouvait altérer la confiance d'un fidèle en son Pape! Je rappelle à mon interlocuteur qu'on a dit la messe ainsi pendant mille ans ou plus et que tous les prêtres et évêques canonisés du passé ont suivi cet usage, qui donc ne peut pas sentir le soufre.
7/Benoît XVI n'étant jamais sorti des bibliothèques (sic), il ne sait pas capter l'attention des jeunes et des foules.
D'abord, Joseph Ratzinger a passé plus de vingt ans à enseigner à des jeunes et il connaît parfaitement leur psychologie et leurs aspirations.
Ses messages aux jeunes pour les JMJ sont de véritables bijoux. Les faits ont démontré la fausseté de cette assertion. A Rome, les foules n'ont cessé de se presser pour l'entendre ainsi qu'aux JMJ et les jeunes se sont attachés à sa personne.
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Mon interlocuteur, qui m'avoue avoir apprécié les travaux théologiques et l'enseignement de Benoît XVI (ce qui n'est pas le cas de tout fidèle) fait cependant partie de ces personnes qui n'ont jamais réussi à aimer le Pape et à lui faire confiance et qui sont plutôt satisfaites de le voir s'éclipser. Pour des raisons idéologiques et en raison d'une certaine intoxication par les médias, elles ont dressé une barrière entre elles et le merveilleux pasteur que d'autres ont tant aimé.
Ce monsieur est assez représentatif de beaucoup de catholiques français cérébraux et secs (ndlr: nourris à La Croix et à La Vie, peut-être?) qui n'ont toléré le grand Pape que du bout des lèvres, dans une grande impatience d'accueillir le suivant, dont ils espèrent qu'il sera "progressiste".
Voilà mon dialogue de sourds avec un catholique beaucoup plus "adulte" que moi.
Monique T.