La barque de l'Eglise n'est pas la mienne

La barque de l'Église n'est pas la mienne: Jean-Luis Restàn commente la dernière catéchèse. Traduction de Carlota (28/2/2013)

     

La barque de l’Église n’est pas la mienne
27 février 2013
http://www.paginasdigital.es
---

Toute la gentillesse humaine, la vigueur de l’intelligence, la douceur de l’artiste, et surtout, le christianisme comme vie de la vie, se sont donnés rendez-vous ce matin à Saint Pierre, pour une ultime et grande Lectio de Benoît XVI. Nous attendions quelque chose de grand, mais une fois de plus il nous a déconcertés. Il est entré dans le pontificat en clamant que Dieu n’enlève rien du grand, du bon et du beau qu’il y a dans la vie de l’homme, mais que Dieu l’amène à la plénitude. Et il laisse l’emploi de gouverner l’Église avec un message identique, avec la certitude incarnée que l’Évangile donne un fruit quelque soit l’endroit qui est accueilli et vivant. Dans ce matin froid mais très lumineux le Pape Benoît comme un amoureux de l’Église, son Épouse. Et là, devant son peuple, il a reconnu avec passion l’amour qui l’a fait se déplacer, par lequel il a ri et pleuré durant huit années magnifiques que nous serons beaucoup à ne jamais oubliées.

Des années de pêche abondante et de terribles nuits de tempête. Oui, maintenant nous nous le rappelons bien : ces moins après l’affaire Williamson, ou les premières pages des grandes tribunes de la planète le mettant sur le pilori alors juste quand, lui, contre vent et marées, menait au bout un changement d’époque dans ce qui fait référence à la lutte contre les abus sexuels. Ou les critiques de ceux qui l’accusaient de « trop moderne », de tourner le dos à cette Tradition vivant qu’il n’a pas seulement vénérée mais qu’il a contribué à faire resplendir. Mais tout cela est déjà cendre.

Parce que ce matin Benoît voyait très clairement que tout est où il doit être et va où il doit aller, selon une sagesse qui heureusement n’est pas la nôtre. Avec des yeux d’enfant malgré son âge, il a dicté sa dernière grande leçon, cette fois pour son peuple, pour les gens simples qu’il a su aimer comme peu l’attendaient. « La barque de l’Église n’est pas la mienne », a-t-il reconnu, coupé par les applaudissements de la foule. Elle n’est à personne d’entre nous, elle est au Seigneur, et Lui ne permet pas qu’elle coule…même si parfois il nous semble qu’Il dort alors que la mer s’agite.

Aimer l’Église signifie aussi prendre des décisions difficiles. Il le sait bien celui qui durant près d’un quart de siècle a été le Préfet de la Foi, le même qui a livré ces huit années le bon combat de la foi. Fallait-il le rappeler ? Oui, il le fallait, et il l’a fait presque comme en demandant pardon, en essayant de ne pas ennuyer. Pour cela doucement il a voulu expliquer presque au niveau le plus bas, que maintenant il ne retourne pas à une privée avec des voyages, des séjours, des relations sociales…parce que son lien avec l’Église est pour toujours et en cela il n’y a pas de marche en arrière. « Je n’abandonne pas la croix mais je reste d’une autre façon à côté du Seigneur Crucifié…je ne porterai plus la puissance du gouvernement de l’Église, mais je reste dans le service de la prière, pour le dire ainsi, dans l’enceinte de Saint Pierre ».

Il nous a demandé que nous souvenions de lui devant Dieu et que nous priions pour le nouveau timonier de la barque. Mais dans la sereine tranquillité de celui qui sait que Dieu soutient son Église et ne la laisse pas couler en mer. Combien nous te devons, que Dieu te le rende ! (ndt: allusion, sans doute, à l'expression bavaroise typique: "Vergelt's Gott")