La beauté de "son" adieu

Le bel hommage de Julián de la Morena, responsable du Mouvement Communion et Libération pour l'Amérique latine, reproduit sur le site espagnol Paginas digital (10/3/2013)

Texte en espagnol (http://www.paginasdigital.es), traduction d'après la déjà-traduction en anglais de Teresa.

     

La beauté de son adieu
Julián de la Morena
1er mars 2013
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Il ne nous a pas quittés comme l'aurait fait un dirigeant mondial, même si le monde l'a reconnu en tant que tel. Il nous a fait ses adieux comme un père qui ne veut que le bien de ses enfants.
Benoît XVI n'a pas cherché à masquer sa faiblesse physique, comme un homme de 86 ans qui a été conduit à sa décision de renoncer au pontificat "pour le bien de l'Eglise".
Il n'a pas fait d'analyses ou d'évaluations politiques de son pontificat, et il n'a eu aucun mot d'amertume ou de critique pour les malentendus et les préjugés qui l'ont jugé pendant des années.

Il avait terminé près de huit ans sur la Chaire de Pierre, se décrivant comme «un travailleur dans la vigne du Seigneur». Il quitte sa charge en disant qu'il n'est pas le maître de l'Eglise, qui ne nous appartient pas, mais au Christ. Néanmoins, a-t-il dit, le Oui qu'il a donné au Seigneur de servir l'Eglise est «pour toujours». Il ne se retire pas de ce service.

Papa Ratzinger a dit ses derniers mots en tant que Pape, comme un homme parlant à d'autres hommes, cœur à cœur, et nous avons compris. Il n'a jamais prétendu être apprécié pour ce qu'il avait fait, qui est sans nul doute immense.

Il a consacré ses dernières paroles à parler de l'Église qu'il aime, une Eglise dont il a toujours dit qu'elle reste jeune et vivante. Dans son discours final, il a remercié tous ceux qui l'ont aidé et ont offert des prières pour lui, et avec un réalisme et une sincérité caractéristiques, il a parlé de jours de lumière mais aussi d'ombres au cours de son pontificat.

Et tout à la fin, depuis le balcon de Castel Gandolfo, il s'est une fois de plus décrit simplement, cette fois comme «un pèlerin dans la dernière étape de son voyage terrestre». Un pèlerin qui a voyagé d'un endroit à l'autre vers la patrie céleste définitive.

Dans son tweet final, il nous a dit: «Je vous remercie pour votre amour et votre proximité. Puissiez-vous expérimenter toujours la joie d'avoir le Christ au centre de votre vie».

Le premier triomphe du pape allemand a été sans aucun doute sa personne même, le chemin qu'il a pris comme homme de foi, quelqu'un qui nous a assuré que «là où il y a Dieu, il y a un avenir».

Il n'est pas venu à la papauté pour résoudre ses problèmes, même s'il en a résolus quelques-uns. Ni pour nous donner des leçons sur ce que nous devons faire, comme on aurait pu s'y attendre d'un prêtre. Celui qui lit ses textes n'y trouvera pas un iota de moralisme. Mais il nous a fait comprendre que le Christ n'est pas venu sur terre pour nous épargner les efforts quotidiens ou pour mettre fin à toutes nos difficultés dans la vie.

Il a travaillé lui-même à la mission qu'a le Successeur de Pierre - ce que le Christ lui a demandé: prendre soin de son troupeau et chercher la brebis perdue. Et pourtant, il n'a rien épargné pour construire des ponts avec tous les hommes. Et il a été particulièrement éloquent dans son dialogue avec le monde moderne.

Et cela a été reconnu par ses interlocuteurs, comme par exemple, Wael Farouq (cf. www.nyustraus.org), un leader musulman égyptien.. :
«C'est un homme qui est devenu un événement en lui-même, un événement humain, un de ces cas exceptionnels, lorsque les réponses deviennent des questions et les questions deviennent un incroyable chemin vers le lieu où l'amour et la foi n'ont pas de limites».

Il ne fait aucun doute que son héritage est énorme et que nous aurons besoin de temps pour assimiler tout cela. Comprendre et inclure était sa façon de se rapporter aux hommes de croyances différentes, montrant sa confiance dans la raison humaine et le cœur de l'homme, deux défis difficiles. Il nous a montré que tout ce qu'il disait était réfléchi et qu'il disait exactement ce qu'il pensait.

«Que le mystère de l'Incarnation continue à être toujours présent - que le Christ continue à marcher avec nous en tout temps et en tout lieu», nous a-t-il dit à un moment où il éprouvait déjà des difficultés à marcher, tout en étant fort et ferme dans sa fragilité .

Ses limites physiques ne l'empêchent pas d'être une présence qui nous a inspiré l'espérance, «le début de quelque chose de nouveau», comme il l'a dit à son biographe (Peter Seewald).

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