La discrétion proverbiale de Joseph Ratzinger

Une anecdote très touchante datant de la veille de l'élection, qui illustre les propos de Vittorio Messori sur le rôle que le Saint-Père ne jouera probablement pas auprès de son successeur (12/2/2013)

cf.
Démission: la réflexion de Vittorio Messori

... si l'installation au Vatican s'avérait stable, la discrétion proverbiale de Joseph Ratzinger assure qu'il n'y aura aucune interférence avec le gouvernement de son successeur. Nous sommes tout à fait certains qu'il rejetera le rôle d'un «conseiller», chargé d'années mais aussi d'expérience et de sagesse, même s'il devait y avoir des demandes explicites du nouveau pape régnant. Dans sa vision de la foi, le seule vrai «conseiller» du pape, c'est cet Esprit Saint qui, sous les voûtes de la chapelle Sixtine, il a pointé son doigt sur lui.

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Lisant ce matin les propos de Vittorio Messori, il m'est revenu en mémoire une anecdote du début du Pontificat, et je viens de la retrouver.
Lors de l'élection, la revue 30 giorni avait mis en ligne un numéro spécial consacré à des témoignages de cardinaux et de collaborateurs du nouveau Pape.

Parmi eux, celui de Mgr Angelo Amato, salésien, à l'époque secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il a été nommé cardinal par Benoît XVI lors du Consistoire du 20 novembre 2010, et il est depuis 2008 préfet de la de la Congrégation pour les causes des saints

Et voici ce qu'il a raconté (entre autre, le reste est à lire aussi) à propos de la petite équipe d'une quarantaine de personnes qui travaillaient à la CDF sous les ordres du Cardinal Ratzinger:

Nous ne voyions pas seulement en lui le grand intellectuel, le théologien célèbre, le pasteur savant, mais aussi un paterfamilias, le père de cette belle petite famille auquel chacun pouvait s’adresser à tout moment. Mais un père qui avait, et a, un grand respect et une grande délicatesse. C’est ce que montre, en particulier, un détail que je voudrais raconter.
...Quand un pape meurt, tous les chefs des dicastères sont suspendus d’office en attendant d’être confirmés par le nouveau pape. Eh bien, le matin qui précédait la réunion générale des cardinaux en préparation du conclave, je suis arrivé à la Congrégation et je me suis rendu compte que le cardinal Ratzinger était dans l’antichambre de son bureau; je suis accouru pour le saluer, et lui, avec une admirable humilité, m’a demandé la permission d’entrer dans son bureau. Les jours suivants, j’ai fait en sorte de me trouver à l’entrée, pour pouvoir l’accompagner à l’intérieur des locaux de la Congrégation sans qu’il doive me demander une autre fois la permission d’entrer...

Quelle autre anecdote pourrait mieux décrire la délicatesse de notre bien-aimé Benoîit XVI?