Le prêtre venu de deux croyances (I)

La belle histoire de don Nur, un jeune prêtre dont le père - qui vient de mourir - était un musulman très croyant, et la mère, catholique très pieuse (26/1/2013).

     

Par moments, l'actualité est si sombre, le mensonge y est si triomphant, qu'à la commenter, on a l'impression de tourner en rond. Et il prend l'envie de tout laisser tomber, par lassitude. C'est une option.
L'autre est de faire une pause, et d'ouvrir la fenêtre pour respirer un peu d'air frais, selon une jolie expression de Benoît XVI.
C'est le rôle de cet article providentiel.
Je me doute que certains y trouveront du négatif, tant pis pour eux. Il me semble que l'on perçoit là le meilleur exemple, vécu, de dialogue interreligieux, tel que l'entend le saint-Père.
Sans parler du récit d'une vocation sacerdotale, et un bel éloge de la famille.

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«Papa m'a appris qu'il y a un seul Dieu, et que nous sommes tous frères»
La prière de don Nur pour la mort de son père musulman
Domenico Agasso Jr.
http://vaticaninsider.lastampa.it
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Un père de Domodossola est mort, et son fils a prié à ses funérailles. Triste, mais rien d'étrange en apparence, sauf que le parent défunt, Adel Nasser, était un musulman d'origine égyptienne, tandis que son fils, Nur, est un jeune prêtre du diocèse de Novara.

«Papa m'a appris qu'il y a un seul Dieu, que nous sommes tous frères», a dit don Nur dans l'oraison funèbre lors de la célébration musulmane qui a eu lieu ces jours-ci.

Père musulman et mère catholique: «Quand je repense à mon histoire», a raconté récemment le prêtre de 33 ans à Monde et Mission, la revue des missionnaires du PIME («Pontificio Istituto Missioni Estere», Institut Pontifical des Missions Etrangères) , «je réalise ce que signifie l'expression "tout est grâce" ».

«Mes parents se sont mariés en 1978. Ce fut un coup de foudre, et je ne sais toujours pas comment l'expliquer. Papa était arrivé cette année-là à Venise, venant d'Egypte, mais il s'est très vite installé à Milan, où il faisait la plonge. Un jour, il était à la Gare Centrale, attendant le train pour Gênes. Maman revenait d'une rencontre du Mouvement des Focolari à Bergame. Ils étaient assis ensemble dans la salle d'attente. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils se sont dits: il ne savait même pas bien l'italien! Le fait est qu'ils ont échangé leurs adresses».
Et leur mariage a duré 35 ans.
«Dès le début - poursuivit-il - mon père s'est avéré très respectueux de la foi de ma mère, elle voulait le mariage chrétien, ensuite, ils ont décidé ensemble que les enfants ne recevraient pas les sacrements: quand ils seraient grands, ils choisiraient leur propre vie spirituelle. Je suis né à Domodossola en 1980, l'aîné de trois enfants, et on m'a appelé Nur El-Din, qui en arabe signifie "lumière de la foi". »

Le tournant est venu à l'âge de 17 ans: «J'étais désespéré. Un jour, une amie m'a invité à un camp scolaire. Elle m'a dit: "Viens, je vais te faire connaître un très bon prêtre". C'était don Valentine Salvoldi, un missionnaire. J'ai commencé à le suivre parce qu'il était fascinant et brillant. Le titre du camp était «La beauté sauve le monde»: ce fut le premier coup de foudre. "

Graduellement, don Nur a commencé à avoir confiance: «alors j'ai parlé à don Valentino: "C'est quelque chose qui m'apporte la paix - ai-je dit à don Valentino - mais comment puis-je continuer à le vivre dans la vie quotidienne?". Et il m'a donné la recette: la prière, la Parole de Dieu et la participation à la vie sacramentelle. Je n'avais pas reçu les sacrements, mais don Valentino n'a pas accepté d'excuses: "tu vas à la messe le dimanche! Et en semaine, même si c'est la fin du monde, tu réserves ton espace de silence avec toi-même et avec Dieu". J'ai commencé à le faire».
Dans les premiers jours, «devant le Saint Sacrement, je m'ennuyais, mais je restais là. Le Seigneur m'a retenu, et après un certain temps, la fidélité est devenue exigence. Ma vie commençait à avoir un sens».

Et puis, voici l'autre étape décisive: le 28 décembre 2004, lors d'un camp en montagnes: «J'étais bien, et en moi, j'ai entendu la question: "et si ta vie, c'était cela? Consacrer ta vie à Jésus et à parler aux autres de toutes les bonnes choses qu'il a faites pour toi?" ». Et ainsi, après une période «discernement», un jour «je suis rentré à la maison et j'ai dit: "Maman, le mois prochain je rentre au séminaire". »

Il est devenu prêtre en Juin 2012. «Pour mon père, c'était comme un rocher à digérer, pour lui, musulman authentique, et je l'admire beaucoup, parce qu'il l'a pas fait. Après une année difficile - au cours de laquelle, quand je venais à la maison, il s'enfermait dans sa chambre - petit à petit, il s'est ouvert, et à la fin, pour notre famille, ç'a été un grand enrichissement. Cette chose nous a aidés à grandir, et mon père a grandi dans sa foi, comme j'avais grandi grâce à la foi des miens».

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(1) Arrivée à la fin de ma traduction, j'ai trouvé l'article original sur le site de Mission on line.
L'histoire est si belle que je vais la traduire en entier.
A suivre.