Mariage pour tous: où est le débat?

En tout cas pas à l'Assemblée, comme on tente de façon aussi ridicule qu'odieuse, de nous le faire croire. Voici trois "opinions", totalement divergentes, qui aident à saisir à quel point l'enjeu est immense... (30/1/2013)

>>> Photo ci-contre: Plinio Corrêa de Oliveira

     

Partisans et adversaires du mariage et de l'adoption pour les couples homosexuels ont entamé mardi un débat marathon à l'Assemblée nationale.
C'est du moins ce que martèlent les medias (et je déplore que ce soit repris tel quel en Italie, y compris sur l'OR, comme je le lis en ce moment).
On voit mal quel débat il peut y avoir, dès lors que la moindre intervention de l'opposition est qualifiée de "dérapage", et surtout que la loi est certaine d'être adoptée. L'annonce est donc "l'alibi" démocratique, destiné à consolider les sondages manifestement truqués dont on regrette que l'ensemble de la classe politique les admettent comme vérité incontestable.

Puisqu'il n'y aura pas de débat à l'Assemblée, ledit débat va - comme c'est désormais la norme - se dérouler essentiellement à travers les nouveaux medias. Ce qui ne changera rien à son issue.
Voici donc 3 pièces à verser au dossier.

¤ Un texte de Jacques Attali, sur le site Slate.fr. On ne peut pas dire qu'il se cache derrière son petit doigt. C'est vraiment très clair.
¤ Un texte de Rémy Bragues, dans la page Opinions du Figao du 25 janvier. Avec son humour pince-sans-rire, il pose une bonne question: la mariage gay est une "avancée"... mais vers quoi?
¤ Un texte datant du milieu des années 1980, où le professeur Plinio Corrêa de Oliveira (dont Massimo Introvigne est le grand spécialiste, [1]) s'exprimant devant les membres de l'ATFP américaine, jette un regard sur l'avenir de la révolution homosexualiste: aujourd'hui, avec le recul, on peut le trouver prophétique.

Cliquez sur les titres pour développer les textes.

Jacques Attali: Vers l’humanité unisexe
Plutôt que de nous opposer à une évolution banale et naturelle du mariage, il est urgent de nous préoccuper de permettre à l’humanité de définir et de protéger le sanctuaire de son identité.
http://www.slate.fr/
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Comme toujours, quand s’annonce une réforme majeure, il faut comprendre dans quelle évolution de long terme elle s’inscrit.

Et la légalisation, en France après d’autres pays, du mariage entre deux adultes homosexuels, s’inscrit comme une anecdote sans importance, dans une évolution commencée depuis très longtemps, et dont on débat trop peu: après avoir connu d’innombrables formes d’organisations sociales, dont la famille nucléaire n’est qu’un des avatars les plus récents, et tout aussi provisoire que ceux qui l’ont précédé, nous allons lentement vers une humanité unisexe, où les hommes et les femmes seront égaux sur tous les plans, y compris celui de la procréation, qui ne sera plus le privilège, ou le fardeau, des femmes.

Bien des forces y conduisent, issues de demandes parfois contradictoires.

1. La demande d’égalité. D’abord entre les hommes et les femmes. Puis entre les hétérosexuels et les homosexuels.
Chacun veut, et c’est naturel, avoir les mêmes droits: travailler, voter, se marier, avoir des enfants. Et rien ne résistera, à juste titre, à cette tendance multiséculaire. Mais cette égalité ne conduit pas nécessairement à l’uniformité: les hommes et les femmes restent différents, quelles que soient leurs préférences sexuelles.

2. La demande de liberté. Elle a conduit à l’émergence des droits de l’homme et de la démocratie. Elle pousse à refuser toute contrainte; elle implique, au-delà du droit au mariage, les mêmes droits au divorce. Et au-delà, elle conduira les hommes et les femmes, quelles que soient leurs orientations sexuelles, à vouloir vivre leurs relations amoureuses et sexuelles libres de toute contrainte, de tout engagement.
La sexualité se séparera de plus en plus de la procréation et sera de plus en plus un plaisir en soi, une source de découverte de soi, et de l’autre. Plus généralement, l’apologie de la liberté individuelle conduira inévitablement à celle de la précarité; y compris celle des contrats. Et donc à l’apologie de la déloyauté, au nom même de la loyauté: rompre pour ne pas tromper l’autre.
Telle est l’ironie des temps présents: pendant qu’on glorifie le devoir de fidélité, on généralise le droit à la déloyauté. Pendant qu’on se bat pour le mariage pour tous, c’est en fait le mariage de personne qui se généralise.

3. La demande d’immortalité, qui pousse à accepter toutes mutations sociales ou scientifiques permettant de lutter contre la mort, ou au moins de la retarder.

4. Les progrès techniques découlent en effet de ces valeurs et s’orientent dans le sens qu’elles exigent: en matière de sexualité, cela a commencé par la pilule, puis la procréation médicalement assistée, puis la gestation pour autrui. Ces questions de bioéthique ne découlent évidemment pas des demandes d'égalité venant des couples homosexuels et concernent toutes les formes de reproduction, y compris -et surtout- «hétérosexuelles». Le vrai danger viendra si l’on n’y prend garde, du clonage et de la matrice artificielle, qui permettra de concevoir et de faire naitre des enfants hors de toute matrice maternelle. Et il sera tres difficile de l’empêcher, puisque cela sera toujours au service de l’égalité, de la liberté, ou de l’immortalité.

5. La convergence de ces trois tendances est claire: nous allons inexorablement vers une humanité unisexe, sinon qu’une moitié aura des ovocytes et l’autre des spermatozoïdes, qu’ils mettront en commun pour faire naitre des enfants, seul ou à plusieurs, sans relation physique, et sans même que nul ne les porte. Sans même que nul ne les conçoive si on se laisse aller au vertige du clonage.

6. Accessoirement, cela résoudrait un problème majeur qui freine l’évolution de l’humanité: l’accumulation de connaissances et des capacités cognitives est limitée par la taille du cerveau, elle-même limitée par le mode de naissance: si l’enfant naissait d’une matrice artificielle, la taille de son cerveau n’aurait plus de limite. Après le passage à la station verticale, qui a permis à l’humanité de surgir, ce serait une autre évolution radicale, à laquelle tout ce qui se passe aujourd’hui nous prépare. Telle est l’humanité que nous préparons, indépendamment de notre sexualité, par l’addition implicite de nos désirs individuels.

Alors, au lieu de s’opposer à une évolution banale et naturelle du mariage laïc, qui ne les concerne pas, les Eglises devraient plutôt se préoccuper de réfléchir, avec les laïcs, à ces sujets bien plus importants: comment permettre à l’humanité de définir et de protéger le sanctuaire de son identité? Comment poser les barrières qui lui permettront de ne pas se transformer en une collection d’artefacts producteurs d’artefacts? Comment faire de l’amour et de l’altruisme le vrai moteur de l’Histoire?

Jacques Attali

Mariage homosexuel : quelle avancée?
Le Figaro, 25 janvier
TRIBUNE - Le philosophe Rémi Brague invite à se demander si toute innovation va nécessairement vers le bien.

On entend dire, venant des bouches les plus autorisées, voire présidentielles, que le projet de loi autorisant le «mariage» homosexuel, avec ses conséquences, dont l'adoption ouverte aux couples de même sexe, serait «une avancée». Je n'ai pas l'intention de me prononcer ici sur la valeur de cette affirmation. J'aimerais simplement profiter de l'occasion pour m'interroger sur l'emploi récurrent de cette formule, ou de formules de ce genre, dans divers contextes.
Tout d'abord, l'usage du mot «avancée» est intéressant en soi. Il remplace un autre mot plus classique, celui de «progrès», lui aussi fort usité. Usé, même, peut-être. Au point que l'on perd de vue le sens du préfixe pro-, qui veut dire, justement, que l'on marche vers l'avant. Parler d'«avancée» permet donc de donner un coup de jeune à l'idée de progrès en réanimant l'image qu'il contenait.
Il présente un autre avantage. En effet, non seulement le mot de progrès est vieilli, mais c'est l'idée même de Progrès, avec la majuscule, qui en a pris un coup. Et surtout au regard de tous les crimes commis en son nom au XXe siècle, qui apparaîtra peut-être aux générations futures, s'il y en a, comme le nadir de l'histoire. Or, parler d'«une avancée» permet d'isoler une nouveauté positive, sans avoir à convoquer une vision d'ensemble de l'aventure humaine. On se donne de la sorte l'allure modeste et sobre de qui renonce à se prononcer sur la totalité et se contente d'ajouter une petite goutte d'huile aux engrenages sociaux.
Et pourtant, si j'ose dire, on n'a pas fait un pas. Il reste en effet deux questions à se poser, qui toutes deux obligent à réintroduire une perspective plus large.
D'une part, et pour commencer par le plus manifeste, ce n'est que de façon abstraite et artificielle que l'on peut ainsi isoler une avancée, ou prétendue telle, de tout contexte. Les systèmes économiques, sociaux, moraux, juridiques, forment des totalités organiques dont toutes les parties agissent et réagissent l'une sur l'autre, produisant des effets qui ne sont pas toujours prévisibles. Une modification d'allure minime, introduite discrètement, peut entraîner d'immenses bouleversements. Deux tuyaux intervertis, et le patient en réanimation ne se réveille pas ; un calcul mal fait, et l'économie capote.
D'autre part, et c'est le plus important, il est impossible de parler d'une avancée, si l'on ne se leurre pas sur le sens des mots, sans supposer qu'on avance dans la bonne direction. Or, en sommes-nous certains?
On se souvient de la vieille blague dans laquelle un orateur déclare avec émotion: «Nous sommes au bord du gouffre! Il faut faire un grand pas en avant! »
«La société a évolué», entend-on arguer. Mais sommes-nous sûrs quelle évolue en bien? Qu'elle change, qu'elle ne cesse de changer, voire qu'elle n'ait jamais cessé de changer, la cause est entendue. Mais comment savoir si c'est vers le bien?
Car enfin, il y a aussi des maladies évolutives, à l'issue fatale. On peut s'engager dans une impasse, on peut aller, au propre comme au figuré, «dans le mur». Et nous tous, autant que nous sommes, faisons chaque jour un pas de plus vers notre mort. N'oublions pas non plus que «avancé» qualifie aussi un fromage devenu impropre à la consommation.
En l'occurrence, il se pourrait très bien que notre société aille, elle aussi, vers sa propre destruction et s'y achemine méthodiquement, par le déploiement d'une logique suicidaire.
Notre civilisation croit au progrès depuis, en gros, la seconde moitié du XVIIIe siècle, et au XIXe siècle cette croyance est devenue un dogme inattaquable.
Elle n'est pourtant qu'une des façons de se représenter le devenir historique, parmi plusieurs autres. On a pu ainsi imaginer un âge d'or primitif, un paradis perdu que suivrait une longue décadence, par paliers ou sur une pente douce (Hésiode). Ou encore, des cycles au travers desquels l'humanité oscillerait indéfiniment. Selon un premier modèle, entre grimpées exponentielles et chutes brusques, provoquées par quelque catastrophe naturelle (Platon). Selon un second, de lentes ascensions, suivies d'un plateau plus ou moins stable, seraient suivies de lents déclins (Spengler). Enfin, il se peut que l'histoire soit un simple kaléidoscope dans lequel des éléments au fond toujours identiques se présentent dans des configurations constamment renouvelées, mais sans que l'une de celles-ci ait plus de valeur qu'une autre (Schopenhauer).
Je pose donc la question: qu'est-ce qui nous garantit que toute innovation va nécessairement vers le bien? Et je réponds: rien. Rien, si ce n'est un reste naïf de foi en la Providence. Mais voyons, nous qui sommes modernes, nous qui sommes éclairés, nous qui ne sommes pas dupes, nous à qui on ne la fait pas, il y a beau temps que nous ne croyons plus en ces choses...
Tiens donc? Vraiment? Distinguons: il y a d'un côté ce en quoi nous croyons ne pas croire ; et il y a de l'autre c8té nos pratiques effectives, ce que nous faisons tous les jours, et qui suppose des croyances implicites, inavouées. Le fait que nous parlons d'«avancées» sans nous poser la question de leur direction, le montre: tout se passe comme si nous nous imaginions que, quoi que nous fassions, cela finira toujours par tourner bien.
En ce qui me concerne, j'ignore si «tout ça s'arrangera !» ou si «tout fout le camp!». J'ai tendance à penser, avec Bernanos, qu'un pessimiste est un imbécile triste et un optimiste un imbécile gai. Et ma foi en la Providence n'est pas celle en un parachute.
Mais je me demande s'il est bien raisonnable de pratiquer le benji sans vérifier si quelqu'un a accroché l'élastique.

La révolution homosexualiste
Plinio Corrêa de Oliveira
Lettre d'information de l'Association Tradition Famille Propriété - Janvier 2013-1
http://www.rassegnastampa-totustuus.it/
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Si le mouvement révolutionnaire en faveur de l'homosexualité arrive à compter un nombre d'ahérents tel qu'il aura un poids réel sur l'opinion publique; et surtout, lorsque croîtra au-delà d'une certaine mesure la masse de ceux qui, tout en ne prenant pas parti pour les homosexuels, ne s'indigneront toutefois pas de la complicité avec l'homosexualité, et, à cause de préjugés libéraux, ne voudront pas qu'elle soit réprimée, les promoteurs de la révolution homosexualiste pourront faire le Pape échec et mat, en déclarant:

«Le bloc formé par les homosexuels et les tolérants est devenue une force énorme aux Etats-Unis. Vous, Très Saint Père, auriez le courage de condamner l'homosexualité, tout en sachant que ce bloc pourrait ne pas vous suivre, puis se détacher de l'Église? Combien resterait-il de fidèles dans cette éventualité? Et puis, Saint-Père, vous savez qu'il y a maintenant des mouvements homosexualistes organisés partout dans le monde et que le nombre des tolérants augmente partout. Quel serait l'impact de ce schisme sur les catholiques d'autres pays?»

Mais cela soulève une autre question: parmi ceux qui sont contre l'homosexualité et contre la tolérance, c'est à dire parmi ceux qui ont une mentalité juste sur ce point, combien auront le courage d'affronter l'assaut organisé contre l'Église? Résisteront-ils? Ou bien conseilleront-ils le silence et la «prudence» en attendant des jours meilleurs pour adopter une approche plus énergique?

Selon moi, ceux qui choisiront la seconde voie favoriseront de fait l'homosexualité parce que, paralysant pour un temps indéfini la réaction contre elle, ils ouviront les portes de l'Eglise à la propagation continue d'une mentalité .. permissive et tolérante. Sinon une tolérance doctrinale, au moins une tolérance effective. Un beau jour, nous découvrirons que l'homosexualité a acquis droit de cité dans la Saint Église catholique apostolique Romaine.

Voilà la stratégie qu'a l'intention de suivre la révolution homosexualiste.

Evidemment, ceci vise à habituer l'Eglise à garder un silence presque complet sur des questions aussi cruciales, au point que l'on pourrait presque dire qu'elle n'existe plus. L'Eglise ne va pas disparaître, à cause de la promesse divine, mais ce sera comme si s'était évaporée du paysage moderne.

Mais il y a un autre aspect, terrible: l'introduction du libre examen dans l'Église. Il est clair que le Vicaire du Christ, le Pape, a une certaine position et qu'un nombre incalculable de catholiques a une position opposée. Autrement dit, nient l'autorité du Pape. Comment sommes-nous arrivés à cette situation?
Il y a eu une préparation grasuelle, intelligente, pour habituer un nombre croissant de catholiques à considérer la question de l'homosexualité comme discutable: «Le Pape pense comme cela, bien sûr. Mais l'archevêque, l'évêque ou la conférence des évêques pensent différemment». Les catholiques voient que beaucoup de prélats, de prêtres et de théologiens sont ouvertement en désaccord avec le Saint-Siège, mais ne sont pas punis. Ils voient que l'Église ne punit pas ceux qui se rebellent contre elle. Au contraire, elle permet à ces personnes, qui, par leur attitude rebelle, se sont en fait exclues de l'Église, et sont donc en état de péché mortel, continuent de célébrer la Messe, de distribuer les sacrements et et d'accomplir leur magistère.

Si la situation continue à se développer dans cette direction, nous aurons une Eglise réduite au silence. Un silence dû en partie à la faiblesse, en partie à la panique face à un adversaire fort et rusé. Mais par-dessus tout, un silence dû à l'absence d'une sainte colère contre le péché, de cette sainte indignation par laquelle un Pape affronte tout et tous, affirmant: le Magistère de l'Eglise est encore debout malgré tout! Veritas Domini manet in aeternum! Le monde tourne comme il veut, le roc de Pierre demeure inébranlable!
Malheureusement, nous devons enregistrer le fait que, dans de nombreux milieux catholiques, il existe non pas tant une connivence doctrinale avec l'homosexualité, mais plutôt une absence d'indignation contre le péché. Une absence fruit d'un certain sentimentalisme pacifique qui, face au danger, loin de démontrer de l'héroïsme, se laisse enliser par la faiblesse, la connivence, l'espoir (par ailleurs totalement infondée) que le mal se corrigera tout seul.

Et ainsi, l'offensive homosexualiste progresse audacieusement parce qu'elle sait qu'il ne lui arrivera rien. Les promoteurs de cette révolution savent qu'ils peuvent compter sur le climat d'impunité, fille de la peur et de la faiblesse, qui domine désormais dans de trop nombreux milieux catholiques. Je ne dis pas que ces milieux catholiques sont directement impliqués dans la promotion de l'homosexualité. Je dis quelque chose d'autre. Connaissant bien cette mentalité sentimentale et fragile, les leaders de la conjuration homosexualiste élaborent leurs plans, en tenant compte du fait que, de ce côté, ils n'auront rien à craindre.

Nous avons donc, d'une part, le péché contre nature qui se répand. Et d'autre part le péché, à mon avis plus grave, de nombreux catholiques qui, soit parce qu'ils sont d'accord avec l'homosexualité, soit parce qu'ils ont peur de l'affronter, veulent forcer le Saint-Siège à garder le silence sur ce point, c'est-à-dire à reculer devant le péché, abandonnant sa mission.

Selon moi, ce second péché participe du sacrilège, c'est une connivence avec le désir de détruire l'Eglise. Et ceci est beaucoup plus grave. Si cette situation se prolonge, et même s'accentue, il convient de se demander si nous ne sommes pas arriver à la fin d'un processus révolutionnaire. .. Alors, nous ne pouvons plus avoir de doutes: c'est aussi l'heure de l'intervention de la Providence, c'est l'heure de l'intervention de Marie.

     

Note

[1] Auteur du livre Una battaglia nella notte. Plinio Correa de Oliveira e la crisi del secolo XX nella Chiesa http://www.inmondadori.it/battaglia-notte.-Plinio-Massimo-Introvigne/eai978887198564/