Quand Léonard représentait le foetus humain
Une étude de l'Université d'Arizona sur ces extraordinaires dessins à la craie et l'encre, que l'on peut considérer "comme une première étape dans la reconnaissance de notre fraternité avec l'enfant à naître". (29/1/2013)
Merci à Teresa, qui m'a permis d'accéder à ces articles (j'ai traduit comme j'ai pu les termes scientifiques...)
Les dessins révolutionnaires de Léonard de Vinci de l'enfant à naître
Matthew Schmitz
(http://www.firstthings.com/)
Entre 15010 et 1512, Léonard de Vinci a dessiné le fœtus humain avec une précision étonnante et sans précédent.
Selon l'Embryo Project Encyclopedia de l'Arizona State Univeristy, Léonard de Vinci est considéré comme «le tout premier dans l'histoire à représenter correctement le fœtus humain dans sa position exacte dans l'utérus. Il a également été le premier à réaliser un dessin expert du col utérin et du système vasculaire de l'utérus et du vagin»
Les progrès scientifiques, commençant avec Léonard de Vinci et culminant avec l'échographie, ont joué un rôle important en nous aidant à reconnaître le visage humain du fœtus. Ces images à la craie et l'encre, doivent donc être considérée comme une première étape dans la reconnaissance de notre fraternité avec l'enfant à naître.
Image ci-dessous en grand format: http://hi-renaissance.tumblr.com/image/41561186297
The Embryo Project Encyclopedia
Les essins embryologiques du fœtus, de Léonard de Vinci
Texte en anglais: http://embryo.asu.edu/view/embryo:125332
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Les dessins embryologiques du fœtus dans l'utérus par Léonard de Vinci et les annotations d'observation qui les accompagnent se trouvent dans le troisième volume de ses carnets intimes. Les dessins des études embryologiques de Léonard ont été exécutés entre les années 1510-1512, et réalisés à la craie noire et rouge, à la plume et l'encre lavable sur papier. Ces illustrations inédites du fœtus révélent sa compréhension approfondie du développement humain et démontrent son rôle à l'avant-garde de l'embryologie, à la Renaissance. Ses célèbres dessins embryologiques du fœtus ont depuis été recueillis et conservés dans la collection royale au château de Windsor, en Angleterre.
Léonard de Vinci s'aventura d'abord dans l'anatomie humaine dans le but de représenter le corps humain avec plus de précision dans ses œuvres. Bien qu'il y ait des preuves de ses intentions de le faire, Léonard de Vinci n'a jamais publié son travail. La diffusion ultérieure de ses journaux et dessins est attribuée à Orazio, le fils de Francesco Melzi, qui était le fidèle disciple à qui Léonard de Vinci confia ses cahiers dans son dernier testament. Avec la mort de Francesco Melzi, les travaux de toute une vie de Léonard ont été dispersés et perdus, et n'ont jamais été retrouvés en totalité.
En 1506, alors qu'il est à Milan, la rencontre de Léonard de Vinci avec l'anatomiste Marcantonio della Torre le conduisit à effectuer en personne de nombreuses dissections de l'homme, sous la direction du jeune professeur. Quatre ans plus tard, le savoir-faire qu'il a acquis à l'aide de della Torre devait lui très utile dans ses études d'embryologie. Dans un de ses dessins les plus célèbres, Léonard de Vinci représente un foetus humain situé à l'intérieur d'un utérus disséqués. Léonard de Vinci est considéré comme le tout premier de l'histoire à avoir représenté exactement le fœtus humain dans sa position correcte dans l'utérus. Il a également été le premier à dessiner le col utérin et le système vasculaire de l'utérus, et le vagin. Léonard de Vinci est crédité d'avoir dessiné l'utérus avec une seule chambre (chamber: doit-on traduire par "poche"?), contredisant les théories selon lesquelles l'utérus était composé de chambres multiples dont beaucoup considéraient qu'elles divisaient le fœtus en compartiments séparés dans le cas de jumeaux.
Après son exposition chirurgicale d'un fœtus à l'intérieur d'un cadavre, les dessins suivants de Léonard de Vinci décrivent une compréhension précise du cordon ombilical comme étant composé de vaisseaux. D'autres dessins de vaisseaux ombilicaux illustrent sa croyance que le sang menstruel nourrit le foetus par le cordon ombilical. Léonard de Vinci a montré le cordon ombilical reliant le foie et ses dessins de veines hépatiques montrent le passage du sang vers le cœur. Dans ses dessins, les pieds du fœtus sont croisés et le pied droit est montré comme bloquant la voie urinaire. Léonard de Vinci a conclu que la position des pieds du fœtus ne permettait pas le mouvement de l'urine par l'urètre et ainsi il a émis l'hypothèse que le cordon ombilical est la structure chargée d'exporter l'urine du foetus à l'extérieur de l'utérus.
Léonard de Vinci utilisait une méthode de représentation en coupe transversale pour ses dessins des veines, des artères et des nerfs afin de montrer l'implantation de façon plus détaillée. Il aimait aussi dessiner quatre vues de l'objet de sorte que chaque angle puisse être vu par le spectateur pour une étude plus globale, ce qu'il a fait pour les dessins du fœtus. La philosophie du corps humain selon Léonard de Vinci a été souvent envisagée en comparaison avec l'architecture. Ses dessins suivaient des techniques rigoureuses, souvent employées par les architectes pour représenter des vues tridimensionnelles de ses sujets. Il considèrait le corps comme un chef-d'œuvre architectural créé par la nature, dont le squelette était semblable aux roches qui jetaient les fondation du corps.
Une grande partie de la compréhension préalable que Léonard de Vinci avait de l'anatomie provenait de livres d'Avicenne, Mundinus, et Galien. Les paroles de ces philosophes antérieurs étaient considérées comme des faits depuis des siècles, et en s'appuyant sur leurs œuvres, les propres études de Léonard de Vinci mélangeait souvent l'anatomie humaine et celle animale: son dessin du fœtus dans l'utérus signifie la découverte de la bonne position du fœtus dans l'utérus, bien que le placenta représenté dans ses dessins soit celui d'une vache. Ces représentations donnent à penser que Léonard n'avait aucune connaissance du placenta humain discoïde.
Outre le fait que Léonard s'appuie sur sa connaissance de l'anatomie animale, on trouve des dessins botaniques de graines entremêlés en bas de ses dessins embryologiques, révélant sa comparaison des conceptions botaniques avec l'anatomie humaine. Il a écrit que toutes les graines ont des cordons ombilicaux qui se rompent quand la graine est mûre, associant le fœtus humain avec la graine mûre de la plante.
L'utérus est dessiné ouvert pour révéler le fœtus un peu comme une gousse s'ouvre pour révèler son contenu.
Dans son dessin de l'utérus, Léonard de Vinci représente aussi, par analogie avec les plantes, des cotylédons qui se trouvent dans l'utérus de la vache, mais pas chez l'homme. Ses représentations du fœtus recroquevillé dans l'utérus font penser à la graine qui grandit et devient prête à se déployer et à s'épanouir.
Les méthodes de Léonard pour donner une image juste de l'anatomie humaine à travers des dessins, et cartographier avec exactitude les caractéristiques du corps, sont considérées comme le fondement de l'illustration anatomique moderne. Son approche consistant à classifier, quantifier et répéter ses expériences est une approche tout à fait moderniste de ses méthodes scientifiques. Ce qui a commencé comme un travail pour saisir plus précisément les caractéristiques de l'homme dans son oeuvre picturale s'est finalement transformé en un travail de précision pour représenter pour la première fois le fœtus humain dans l'utérus. Léonard a corrigé quelques erreurs de son temps à travers ses observations, tout en laissant beaucoup à découvrir, et ses dessins détaillés reflètent une curiosité inédite pour représenter l'anatomie embryologique.