Qui sont les "femen"?

Enquête (21/1/2013)

     

Le 13 janvier, jour de la manif pour tous, les "femen" s'étaient invitées Place Saint-Pierre pour une de leurs exhibitions, lors de l'Angelus, sous les fenêtres du Saint-Père (cf. 1,3 millions de personnes à Paris). Le Saint-Père en a vu d'autres, et j'imagine que le spectacle ne lui fait ni chaud ni froid. Comme à moi.
Le 18 novembre 2012, les mêmes "femen" avaient fait irruption dans la manif de Civitas contre le "mariage pour tous", dans leur non-tenue de prédilection, et par une inversion proprement diabolique, avaient réussi à faire croire non pas aux medias (qui savaient parfaitement à quoi s'en tenir), mais au bon peuple, que c'étaient elles les agressées (cf. benoit-et-moi.fr/2012(III))
En remontant un peu dans le temps, le 17 août 2012, on retrouvait les mêmes activistes sciant une Croix à Kiev, en signe de solidarité avec leurs "cousines" les Pussy Riots, qui depuis lors méditent en prison sur le risque qu'elles ont pris en se livrant à des obscénités blasphématoires dans la cathédrale du Saint-Sauveur de Moscou (cf. benoit-et-moi.fr/2012(III) , curieusement, la video a disparu de youtube).

Tandis que les élus d'EELV ont proposé d'élever les Pussy Riots au rang de citoyennes d’honneur (!!!) de la ville de Paris (cf. Le Parisien), le "chaperon" parisien des "femen", Caroline Fourest, a été décorée par notre ministre de la culture Aurélie Filipetti comme chevalier des arts et des lettres, en tant que "journaliste, essayiste et chroniqueuse". J'ai vérifié, ce n'est pas un canular (www.culturecommunication.gouv.fr/Ministere).

Mais qui sont ces militantes? Et sont-elles vraiment des militantes, ou bien des actrices, voire des provocatrices stipendiées?

L'article qui suit, reproduit sur Corrispondenza Romana, s'appuie sur la notice wikipedia en italien: it.wikipedia.org/wiki/FEMEN
La notice en français est assez semblable (ce qui est plutôt inhabituel...): fr.wikipedia.org/wiki/Femen
L'article est intéressant, même troublant (et pose de bonnes questions).
Dommage que le dernier paragraphe soit si faible, et disons-le, si peu convaincant. Il n'explique absolument pas pourquoi ces harpies militent en faveur des droits des homosexuels, et contre l'Eglise, qu'elle soit catholique ou orthodoxe. Quant aux "financierrs", on n'en sait pas plus...

     

Femen à l'attaque sur la place Saint-Pierre
http://www.corrispondenzaromana.it/femen-allattacco-in-piazza-san-pietro/
Qui elles sont, ce qu'elles veulent et qui les finance.
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Elles étaient quatre, dont la leader du groupe Inna Shevchenko, à côté de l'arbre de Noël, sur la place Saint-Pierre.
Durant l'Angélus, les Femen ont donné leur habituel et bruyant spectacle, fait de topless et d'inscriptions sur le corps. «Tais-toi, homophobe» et l'habituel «In gay we trust», tels étaient les messages, à la sauce internationale.
Probablement, vu le froid, elles avaient hâte de se faire arrêter par la police. Et sans doute aussi juste pour crier un peu plus à l'injustice et attirer l'attention.
Une pratique, désormais celle des Femen, qui ne peut pas être définie comme provocatrice, ni même déconcertante, mais juste une trouvaille répétitive. Et même, en quelque sorte, banale.
Le tout pour protester contre la manifestation en France, en opposition à la loi Hollande sur le mariage gay (ndt: l'auteur de l'article parle de "manifestation de l'UMP, ce qui est faux!). Evidemment, selon les Femen, il y a tout un monde qui n'a pas le droit de manifester pour ses propres idées.

Qui sont les Femen.
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Le mouvement Femen a été fondé en l'Ukraine en 2008 par Anna Hutsol, à l'époque étudiante en économie âgée de 25 ans.
Dès le début, l'idée lui est venue d'attirer l'attention des médias à travers la nudité. «J'ai réalisé - dit la fondatrice - que le féminisme traditionnel ici en Ukraine n'avait pas pris, ni avec les femmes, ni avec la presse, encore moins avec la société».
D'où le choix d'une méthode provocatrice, justifiée par le fait «que c'est la seule façon de se faire entendre dans ce pays. Si nous avions manifesté uniquement avec des pancartes, nos requêtes n'auraient même pas été remarquées».
Des motivations initiales, donc, d'empreinte clairement féministe et sans doute même partageables. En particulier, le groupe voulait attirer l'attention sur l'abus du corps féminin, le tourisme sexuel, la discrimination et la prostitution.

Aujourd'hui, les Femen sont composés pour la plupart d'étudiantes entre 18 et 25 ans. Il paraît qu'à Kiev, elles sont environ 300. Toutefois, le schéma qu'elles suivent prévoit toujours un petit nombre de filles pour chaque «sortie», jamais plus d'une vingtaine. Et la répétition ne s'arrête pas là: avec les cris et les slogans presque toujours les mêmes, la nudité est devenue une marque de fabrique. Et elle l'est tellement que quand un autre groupe-clone, les «Ru Femen», ont osé se montrer nues à Moscou, les Femen d'origine les ont dénoncées comme fausses. Elles ont également soutenu que Poutine les finançait dans le but de leur faire du tort.

Ce qui semble le mieux caractériser ce groupe, toutefois, c'est la contradiction , la distance entre ce qui est déclaré et ce qui est montré. Protester contre l'abus du corps féminin en objectivant des parties de ce corps pour attirer l'attention n'est pas spécialement un symptôme de cohérence.
En outre, sur Wikipedia, dont certains disent que c'est le géant du web qui les soutient, dès la troisième ligne on peut lire que les objectifs du mouvement sont, oyez, oyez, «augmenter les capacités morales et intellectuelles des jeunes femmes en Ukraine». Une motivation dont il est impossible de douter, compte tenu de la forte tendance à valoriser les talents oratoires, et la dialectique intellectuelle de ses représentantes (!!)

Un peu plus bas (sur Wikipedia), à la rubrique «Historique», on croit lire la progression d'une société cotée en bourse. Pour souligner que l'association a également été reconnue à Paris le 18 Septembre 2012, et que ce n'est que la première étape d'un long chemin, le texte stipule que «l'objectif du centre est de former de "nouveaux soldats féministe" pour un combat "global" anti-discrimination et pour ensuite se développer à New York, Montréal et Sao Polo».

Nouveaux soldats féministes? Lutte mondiale? Capable de se développer? Qu'est-ce que cela veut dire?
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Peut-être que «soldats» se réfère aux nouvelles méthodes introduites par les militantes. Comme quand, le 17 Août 2012, deux d'entre elles ont coupé avec une scie électrique la croix greco-catholique érigée à Kiev durant la Révolution orange pour commémorer les victimes de la Tchéka, la police stalinienne.
Peut-être que «se développer» se réfère au fait qu'après ce geste incroyable et gratuit, la chef Inna Shevchenko a dû fuir à Paris pour ne pas se faire arrêter par la police d'Ukraine.
Mais la chose la plus intéressante est la liste, dans la même page, intitulée «Quelques manifestations et protestations».
En la parcourant rapidement, on peut noter une accumulation d'événements depuis 2012. Peut-être que les débuts n'ont été enregistrés par personne, mais il n'est pas difficile d'imaginer que ces derniers temps, quelque chose d'étrange s'est produit. Au début, c'était (peut-être) vraiment des protestations contre les abus, mais la situation a changé. Les villes ont changé (avant les manifestations étaient toutes à Kiev), les objectifs ont changé, et il est presque obligatoire de distinguer le message initial de l'Ukraine de celui, plus général, européen.
Comme si quelqu'un ou quelque chose, ayant compris le potentiel explosif de ce groupe, avait dit Femen: «Ne restez pas à défendre les femmes, levez le tir vers quelque chose de plus gros».

Paladines du nouveau féminisme
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Dans un article pourFeminist Curent du 31 Octobre 2012, Meghan Murphy écrit: «Je ne suis pas opposée aux seins nus... Plutôt, je m'élève contre le fait que le corps féminin soit constamment objectivé et sexualisé». Ou que l'on vende des contenus idéologiques, comme ceux féministes, justement, comme si c'était une marque de bière. Jouant sur les mêmes mécanismes de psychologie publicitaire. La protestation avec la nudité, poursuit Murphy, «quand il s'agit de femmes, est une bonne tactique si la priorité est d'attirer l'attention des médias, mais elle peut devenir problématique, car elle est souvent la seule manière pour que les médias accordent une attention aux femmes» .
Nous ne devons pas oublier, en effet, que le message «nu» est très vraisemblablement adressé aux autres femmes et non aux hommes. Le sens serait plus ou moins ceci: se déshabiller pour se libérer, même si les voyeurs machistes y verront quelque chose d'autre. Et si le nu fait augmenter la visibilité, tant mieux.

Mais même si tel était le raisonnement, le problème est que la provocation des Femen est devenue l'unique objet de leur discours. Mettant en vedette des gestes de pires en pires, de plus en plus discutables, mais jamais une proposition, jamais une analyse de référence. Et quatre ans, c'est long.
Certes, le point crucial réside dans le choix communicatif même des Femen. Leur message, en se dénudant, devient immédiatement visible et de grande portée médiatique, mais en même temps l'empêche d'être pris au sérieux.
Sérieusement, elles ne sont pas crédibles. Comme si la femme ne pouvait être autre chose que des bouts de corps, des cris, des insultes, etc.
Les femmes ne seront-elles pas les premières à se fatiguer de tous ces hurlements?

Qui les soutient?
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Question. Mais si les militantes sont plus de 300, pourquoi, par exemple, ne se déplacent-elles pas toutes ensemble? Pourquoi y en a-t-il deux ici, quatre là, dix à côté?
La réponse pourrait être aussi simple qu'humiliante pour ceux qui croient en leur sincérité: elles coûtent trop cher.
Selon ce qui ressort de l'émission télévisée d'enquête "Groshi", les Femen sont salariées à la solde de quelqu'un. Un peu comme leurs cousines, les Pussy Riot qui, selon certains, seraient financées par rien moins que George Soros
Voici l'histoire: une journaliste ukrainiene s'est introduite dans le mouvement Femen et a découvert que chaque action de protestation est généreusement payée. Chaque activiste reçoit 1000 euros par mois, tandis que les employés du siège de Kiev, où sont coordonnées les diverses initiatives, reçoivent un salaire égal à 2500 euros par mois. La location de bureaux dans la capitale reviendrait à 2000 € par mois. Le coût de l'expédition, à Paris, 1000 € par jour et par démonstratrice, y compris les billets d'avion, hôtels, taxis et repas.

Il est clair qu'il y a quelqu'un qui finance tout cela.
Sinon, comment de "simples" étudiantes pourraient-elles se payer des déplaceements à destination des capitales les plus chères du monde?

La journaliste suggère des hypothèses. Il y aurait trois personnes que la chef Shevchenko aurait rencontré.

D'abord le milliardaire allemand quinquagénaire Helmut Josef Geier , mieux connu sous le nom de DJ Hell (si en anglais, le nom signifie «enfer» en allemand il signifie «lumière»), le propriétaire d'International DeeJay Gigolo Records.
Wikipedia, pour autant qu'elle puisse être une source fiable, même si elle est souvent gérée par les personnages eux-mêmes, précise en bas du texte «“DJ Hell financially supports Ukrainian protest group FEMEN».
Les deux autres financiers mentionnés sont l'entrepreneur allemande Beate Schober et l'américain Jed Sunden, fondateur de la revue «The Kyiv Post» en 1995 (ndt: il n'est pas inintéressant de consulter cette rubrique, avec les mêmes réserves que l'auteur.. it.wikipedia.org/wiki/Kyiv_Pos t).

A part Jed Sunden, les autres noms ne sont pas bouleversants, admettons-le. Au moins ici en Italie (et en France!!).

Mais l'arrière-plan pourrait être une histoire aux contours gênants. Selon un article du 26 Septembre 2012 pour le « Corriere nazionale », le rôle actuel des Femen serait le détournement: «La médiatisation des Femen a en effet mis en arrière-plan les problèmes réels du pays tels que les violations graves des droits civiques, les atteintes à la liberté de la presse et les proccès politiques qui ont condamné deux dirigeants de l'opposition: l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, et l'ancien ministre de l'Intérieur Iouri Lutsenko».
Autre chose que de défendre les droits des personnes. (???)
Ici, il ne s'agit pas seulement de militantsqui vont offenser les gens chez eux, avec les méthodes les plus grossières, et une détestable façon de protester. Nous parlons d'un groupe qui, au lieu de documenter une situation actuelle dans leur pays d'origine, détournent l'attention de l'étranger vers des questions en partie futiles, en partie incomprises.
Et on devrait encore croire qu'elles agissent par pur idéalisme?

(Davide Greco, www.nocristianofobia.org )