Touchés par la grâce?

Les ouvriers de la 25eme heure de la presse catholique (26/2/2013)

     

Le groupe "La Vie"

Titres associés à "La Vie"

Pas besoin d'aller chercher plus loin que sur leur site... Tout s'explique!

* * *

Surprise...

A trois jours du départ de Benoît XVI, des journalistes qui, en huit ans de Pontificat, n'ont jamais trouvé le moyen d'arrêter les polémiques et les attaque dont il était la cible, quand ils ne les ont pas suscités (je pense notamment aux "affaires": Williamson, préservatif, fillette de Récife) se découvrent une fibre papophile avec des accents de nostalgie qui sont très émouvants... pour quiconque n'ayant pas en mémoire certaines de leurs prises de position (toutes documentées dans les pages de ce site, je n'ai pas le temps pour le moment de faire une recherche détaillée)

Après Isabelle de Gaulmyn qui s'émeut sur son blog en évoquant "mon pape", c'est au tour de Jean-Pierre Denis, sur la Vie (n'oublions pas que c'est lui qui, en février 2009, avait initié la violente pétition "pas de négationistes dans l'Eglise" , voir aussi ici un aperçu des signataires) [1], qui titre avec beaucoup de justesse:

Benoît XVI, le pape moine.

L'article est à lire ici: http://www.lavie.fr/debats/edito .
Il y est une fois de plus (de trop!) question "des bourdes et des couacs" qui ont émaillé le pontificat, mais le ton général est à la louange.

J'avoue toutefois que les premières lignes m'ont stupéfiée:

J'étais sur la place Saint-Pierre, ce fameux 19 avril 2005, quand au deuxième jour du conclave la fumée blanche s’éleva. Ce fut, comme on s’en doute, une immense clameur. Benoît XVI avait été élu par ses pairs comme on choisit une évidence, dans l’ombre portée du pontificat de Jean Paul II. Mais je ne me sentais pas heureux, tant l’image d’inflexibilité et de dogmatisme qui collait à la soutane de Joseph Ratzinger pouvait sembler inquiétante, triste, voire désespérante. C’est alors que je m’aperçus que je ne connaissais pas la pensée du nouveau pape. Comme beaucoup, je ne l’avais lu qu’à travers des citations tronquées ou des raccourcis médiatiques. Comme beaucoup, je n’avais pas compris.

Passons sur les "c'est alors...". Il faudrait en déduire qu'immédiatement, Jean-Pierre Denis aurait essayé de remédier à son ignorance, faisant profiter ses lecteurs de ses lumières nouvellement acquises. Le moins que l'on puisse dire est que cela n'a pas sauté aux yeux!

"Comme beaucoup"... Sauf que Jean-Pierre Denis n'était pas "beaucoup". Il était (déjà à l'époque, il me semble, en tout cas, sa bio fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Denis prouve qu'il avait eu avant une forte activité médiatique, avec passage à Europe 1 et au Monde des Religion!) directeur d'un magazine auprès duquel beaucoup de catholiques s'informent.

N'avait-il pas à ce titre une très grande responsabilité?
Qui, sinon la Vie et d'autres feuilles prétendues "catholiques" avaient transmis ce portrait du panzercardinal, qu'ils ont petit à petit remplacé, au fil des huit dernières années (car il devenait franchement intenable) par un autre, à peine plus flatteur, d'un petit vieux, d'un intello paumé, d'un professeur Nimbus maladroit, enfermé dans sa tour d'ivoire, et incapable de gouverner.

Non, vraiment. C'est trop facile de se dédouaner ainsi d'une pirouette: "Ecoutez, on vous a raconté n'importe quoi pendant huit ans, mais maintenant qu'il s'en va, on peut bien vous le dire".
L'adage populaire "mieux vaut tard que jamais" me reste cette fois largement en travers de la gorge.

Note

[1] Le Pape en avait été profondément blessé, comme en témoigne sa "Lettre aux évêques" du 10 mars 2009, où il expliquait ses sentiments et ses actes à la suite de l'affaire Williamson (http://www.vatican.va):

J’ai été peiné du fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu mieux savoir ce qu’il en était, aient pensé devoir m’offenser avec une hostilité prête à se manifester

J'avais consacré un dossier à cette lettre ici: http://benoit-et-moi.fr/2009-I/