Trois certitudes face à l'égarement

Le bel éditorial de Riccardo Cascioli, pour la Bussola. Le Pape n'a plus les forces pour «mener avec vigueur la barque de Pierre», qui connaît une période qu'il est peu de dire troublée, compte tenu des épisodes éclatants de désobéissance au Magistère. Et le fait de voir, même parmi ses collaborateurs, des attitudes et des choix que ses forces ne lui permettent plus de corriger, a pesé (12/2/2013).

     

Trois certitudes face à l'égarement
Riccardo Cascioli
11/2/2013
http://www.lanuovabq.it
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Ce fut vraiment une surprise, par le moment où c'est arrivé. Même certains de ses plus proches collaborateurs n'étaient pas au courant de ce que Benoît XVI a annoncé ce matin, une nouvelle qui a bouleversé le monde catholique. Mais ce n'est pas exactement un coup de tonnerre dans un ciel serein, parce que de la possibilité de sa démission, on parle depuis un certain temps, et ces dernières semaines, la voix, au Vatican, est devenue plus insistante.

Il s'agit d'une décision longuement méditée, que Benoît XVI gardait ouverte comme possibilité depuis son élection au trône de Pierre.
Au début de 2006, il avait demandé une consultation à un groupe restreint d'experts au sujet de la possibilité d'une démission. Bien que la procédure de démission soit régie par le Code de droit canonique, on lui donna alors un avis négatif compte tenu notamment des effets bouleversants d'une telle annonce. Et encore, dans plusieurs interviewes (ndt: je n'en connais qu'une), à une question directe, il n'a jamais exclu la possibilité d'une démission, sous certaines conditions.

Conditions dont évidemment, Benoît XVI considère qu'elles sont remplies aujourd'hui, et c'est pourquoi «pour le bien de l'Eglise», sur la balance des décisions, ces conditions pèsent plus lourd que la confusion que la nouvelle provoque chez les catholiques. Le Pape a dit qu'il n'avait plus les forces pour «mener avec vigueur la barque de Pierre», qui connaît une période qu'il est peu de dire troublée, compte tenu des épisodes éclatants de désobéissance au Magistère. Et certainement, le fait de voir, même parmi ses collaborateurs, des attitudes et des choix que ses forces ne lui permettent plus de corriger, a pesé.

Mais en ce moment d'égarement, plusieurs certitudes doivent nous guider.
Tout d'abord la gratitude pour ce pontificat, qui a su parler au cœur des fidèles comme personne ne l'avait imaginé. En témoigne l'affluence sans précédent aux catéchèses du mercredi. Lors de l'Angelus du 3 Février, en parlant de Jésus qui, dans la synagogue de Nazareth, avec le discours du «nul n'est prophète en son pays», défie la colère de ses concitoyens, il a dit que la raison de l'attitude de Jésus, c'est qu'il n'est pas venu pour rechercher un consensus, mais pour rendre témoignage à la Vérité. C'est une affirmation qui définit bien également le pontificat de Benoît XVI, et de ce témoignage à la vérité, nous sommes reconnaissant, au point que la démission du pape accroît notre responsabilité personnelle à faire de même.

Le deuxième aspect, c'est la certitude que c'est l'Esprit Saint qui mène l'Eglise. Ce n'est pas une consolation abstraite à une époque où d'un point de vue humain, les choses semblent aller mal. Elle est, et elle doit être, la certitude concrète qui naît de l'expérience: l'Esprit Saint guide vraiment l'Église, et alors, la démission de Benoît XVI et l'élection d'un nouveau pape sont providentielles, même si le Dessein qui est derrière peut nous échapper. Seule cette certitude peut nous donner une certaine sérénité de fond, même dans un moment d'égarement comme celui-là.

Enfin, notre prière est plus nécessaire que jamais: pour le Pape, afin qu'il continue son service fidèle à l'Église, quoique sous des formes différentes; pour l'Eglise, afin qu'elle puisse toujours être conduite conformément à la volonté de Dieu; pour nous-mêmes, pour demander au Seigneur le don de la foi, que Benoît XVI a placé au cœur du drame du monde contemporain. La vraie crise - nous a-t-il dit ces dernières années - est une crise de la foi, et c'est pourquoi il a lancé une Année de la Foi, que nous vivons en ce moment. Et alors, la meilleure façon de rendre grâce à Dieu pour le don de ce pape, c'est de désirer de tout notre être, et de demander à Dieu la grâce d'augmenter notre foi, la grâce de la conversion.