Une soeur twitteuse

Carlota a traduit un texte sur l'aventure Twitter initiée récemment par le Pape. Il est écrit par la sœur Xiskya Valladares, une religieuse espagnole, qui vient d'ouvrir un blogue sur le portail Religión en Libertad (14/1/2013)

J’aime beaucoup sa façon de s’exprimer, d’une façon simple, pratique et positive, en bref un regard très féminin dans toute la différence qui fait la grandeur de nos altérités. (Carlota)

     

Internet est un lieu d’évangélisation
http://www.religionenlibertad.com

« Allez par le monde et proclamez l’Évangile à toute la création » (Marc 16-15). Rien de moins qu'à tout le monde. À l’époque du Maître, le dire n’était pas rien, mais c’était beaucoup moins qu’aujourd’hui. Et l’appel est pour tous les temps. Et en outre Jésus ne se trompe pas.

Aujourd’hui comme hier, Il continue à nous appeler et nous envoyer. Également à l’ère du virtuel, disait le pape il y a peu. Et il ne faisait pas que le dire, il nous montrait l’exemple. Quelques uns en sont restés la bouche bée : le Pape a ouvert un compte Twitter, à 85 ans ! C’est idiot, mais je suis très fière d’avoir été une de ses premiers « suiveuses » (ndt: followers du compte @pontifex).

Mais c’est qu’Internet n’est déjà plus un moyen mais un lieu. Nous ne sommes pas moins de 2,4 milliards d’internautes dans le monde. Si la population estimée de la planète est de plus de 7 milliards d’habitants et le continent le plus habité est l’Asie, qui frôle presque les 4 milliards, et c’est sans doute aussi le continent numérique en seconde place le plus habité. Le troisième serait l’Afrique avec un peu moins d’un milliard. Combien d’émotion, de préoccupation, de valeurs et d’idéologies se déplacent sur ce continent virtuel ?

Cependant, paradoxalement, à l’ère des communications et des réseaux sociaux, notre monde est fatigué des mots. C’est l’heure du témoignage. Évangéliser sur la toile, ce que j’appellerais i-Évangeliser, suppose avant tout transmettre les valeurs de l’Évangile à travers notre façon d’être et nous mettre en relation sur la toile.

Il y a peu j’étais à Rome pour présenter la i-Mission à Mgr Claudio Maria Celli, le président du PCCS (Conseil Pontifical pour les Communications Sociales). Et il a beaucoup insisté sur la nécessité d’être pour le monde le visage affectueux de l’Église. Cela m’a enchanté. Je reconnais que je continue à en être émue en me le rappelant. Nous vivons des temps où nous avons tous besoin d’abondance en miséricorde. Personnellement j’ai été insultée et même menacée de nombreuses fois par Twitter. Et nous devons être le visage le plus tendre et le plus miséricordieux de l’Église aussi pour ces personnes.

Évidemment que c’est impossible avec nos seules forces. Nous avons besoin que ce soit l’Esprit Saint qui nous pousse.

Je me demande : sans remplir de Dieu notre cœur, par la prière, les sacrements, la lecture divine, etc., sans avoir Dieu en nous, comment L’annoncerons-nous ? De l’abondance du cœur parle la bouche…

L’un des plus grands avantages que je trouve à Twitter c’est celui de me permettre ce dialogue avec les non croyants.
Souvent nous nous réfugions trop dans nos communautés et un bain de réalisme ne nous fait pas de mal. À moi, cela me fait beaucoup de bien. Une des choses que j’ai appris c’est de prier non seulement pour ceux qui me demandent tous les jours des prières sur la toile, mais aussi pour ceux qui en ont le plus besoin et qui ne les demandent pas. D’autre part, cette dureté avec laquelle souvent j’ai été traitée me rappelle ma petitesse qui, à son tour, se sent soutenue par tant d’autres frères de qui j’ai reçu le soutien et la force de leur prière.

Parce que nous avons l’immense bénédiction d’être un peuple, une communauté. Les apôtres ont été envoyés deux par deux, mais à partir de leur appartenance à une Communauté qui les envoyait au nom du Christ. Nous avons la responsabilité d’annoncer l’Évangile, qui est notre message particulier ! Les égocentrismes, les dirigismes, les narcissismes en sont arrivés à ruiner de nombreuses œuvres qui paraissaient très bonnes au départ.

Et c’est pour cela que j’ai appelé ce blogue i-Évangéliser. Je commence ce cheminement par l’intermédiaire de Religión en Libertad, avec crainte et tremblement, en espérant partager mutuellement quelques réflexions et anecdotes qui nous aident à raviver cette première joie pleine d’espérance d’aller de par le monde entier, celui aussi du continent virtuel, et d’annoncer avec joie la jouissance de l’Évangile.

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(*) Soeur Xiskya Valladares, née en 1969 est d’origine nicaraguayenne, fille d’un médecin cardiologue et d’une avocate. Elle appartient à la congrégation de la « Pureza de María » qui a été fondée en 1874 par Alberta Giménez (1837-1922) qui d’abord maîtresse d’école devint religieuse et constitua cette congrégation, aux Baléares, aujourd’hui présente dans plusieurs régions d’Espagne, mais aussi à Rome, en Amérique centrale et du Sud, et en Afrique. Cette religieuse a été déclarée vénérable et son procès de béatification est en cours.. La sœur Xiskya a une formation universitaire en Littérature et en journalisme. Elle a été directrice adjointe d’un collège de la congrégation à Madrid et donne actuellement des cours au Centre d’Enseignement Universitaire Alberta Giménez de Palma de Majorque. Elle est également responsable de la revue de la congrégation.
Plusieurs journaux l’ont présentée comme la sœur twitteuse.
Ils rapportent qu’elle pensait au début que les réseaux sociaux, c’était perdre son temps pour envoyer des bêtises mais qu’elle considère qu’il faut aussi aller porter l’Évangile sur ce « 6ème » continent et que cela fait partie de sa mission d’évangélisation.