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La braderie de la "Vatican SPA" est commencée

Ce qui se cache - peut-être - derrière le chirographe papal, selon Francesco Colafemminna (23/7/2013)

Certains pouvoirs "mondains" espèrent-ils pouvoir manipuler le Pape? Et est-ce la raison de leur apparence de bienveillance?

Bulletin VIS, 19 juillet 2013

DE LA STRUCTURE ECONOMICO-ADMINISTRATIVE DU SAINT-SIEGE
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Ce matin a été rendu public le chirographe par lequel le Pape François a institué hier une Commission pontificale spéciale d'étude et de proposition sur l'organisation de la structure économico-administrative du Saint-Siège:
Les données positives du bilan financier 2012 du Saint-Siège et du Governorat de la Cité du Vatican fournies par le Conseil cardinalice en charge des questions économico-administratives, après consultation de Cardinaux, d'Evêques et de collaborateurs, Nous encouragent à poursuivre le projet de réforme des institutions en vue d'une simplification et d'une rationalisation des organes du Saint-Siège, mais aussi d'une meilleure programmation de l'activité économico-administrative vaticane.
C'est pourquoi Nous avons décidé d'instituer une Commission qui rassemblera toutes informations sur les questions économiques relatives aux administrations vaticanes et coopérera avec le Conseil cardinalice comme support technique, conseil spécialisé et projeteur de solutions performantes. Le but sera d'économiser les ressources économiques, de favoriser la transparence des acquisitions de biens et services, améliorer la gestion du patrimoine mobilier et immobilier, agir avec une prudence accrue en matière financière, appliquer une comptabilité saine et garantir l'assistance médicale et sociale à tout le personnel.
Cette commission fonctionnera en vertu des dispositions ci-dessous indiquées:

1. Elle se compose d'un minimum de 8 Membres qui choisissent leur Président, lequel en est le représentant légal, leur Secrétaire Coordinateur, avec pouvoir de délégué agissant pour le compte de la Commission dans la collecte des documents et des informations utiles à sa mission.
2. Tous nommés par le Pape, les membres de la Commission sont experts en matière juridique, économique, financière et administrative.
3. Les fonctions de la Commission ne chevauchent pas les compétences des Administrations concernées, qui sont tenues à une complète collaboration. Ni le secret d'office ni aucune éventuelle norme restrictive ne pourront limiter l'accès de la Commission à la documentation et aux informations.
4. La Commission informe le Pape directement de l'avancement de ses travaux, et lui remettra à lui seul ses conclusions en fin de mandat.
5. La Commission est dotée de ressources et de personnel, y compris d'interprètes et de traducteurs, et plus généralement de tous les moyens dont elle a besoin. A condition qu'il n'y ait pas conflit d'intérêts résultant de l'exercice de leurs fonctions, elle peut faire appel à des experts internes aux Saint-Siège comme parfaitement extérieurs.
6. La Commission peut être appelée à collaborer avec le Groupe de travail des 8 Cardinaux en charge d'étudier une réforme de la Constitution apostolique Pastor Bonus de la Curie Romaine.
7. Instituée ce 18 juillet 2013, cette Commission ne sera dissoute que sur notre ordre.

Dans un Communiqué séparé, après avoir reproduit l'introduction du Chirographe papal, la Secrétairerie d'Etat publie la liste des membres de la nouvelle Commission spéciale qui, à part son Secrétaire, sont des laïques experts consulteurs ou réviseurs près les institutions économiques vaticanes:
M.Joseph FX Zahra (Malte), Président.
Mgr.Lucio Angel Vallejo Balda (Espagne), Secrétaire (Secrétaire de la Préfecture pour les affaires économiques du Saint-Siège).
M.Jean-Baptiste de Franssu (France).
M.Enrique Llano (Espagne).
M.Jochen Messemer (Allemagne).
Mme.Francesca Immacolata Chaouqui (Italie).
M.Jean Videlain-Sevestre (France).
M.George Yeo (Singapour).
La Commission entrera en fonction au plus tôt et une première réunion aura lieu peu après le retour du Pape de son séjour brésilien.
Le Saint-Père forme des voeux pour une fructueuse collaboration entre cette Commission et les Administrations concernées.


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La braderie de la "Vatican SPA" est commencée

Samedi 20 juillet 2013
(SPA: società per azioni = société anonyme)
Francesco Colafemmina
http://fidesetforma.blogspot.fr/2013/07/la-svendita-del-vaticano-spa-e.html
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Je ne sais pas qui a eu cette idée formidable, mais je peux vous assurer que de cette commission sur les affaires économiques du Vatican, il ne sortira rien de bon pour l'Eglise. Avoir décidé de créer une commission d'enquête formée de laïcs, qui aura accès à toutes les données administratives et économiques du Saint-Siège, signifie exposer l'Eglise Catholique à un risque énorme.
Je vais vous expliquer en quoi consiste ce risque.

Le Chirographe du Pape François spécifie les objectifs de cette Commission à travers les points suivants:
1. Identifier des solutions stratégiques d'améliorations destinées à éviter des dépenses de ressources économiques.
2. Favoriser la transparence dans les processus d'acquisition de biens et de service.
3. Perfectionner l'administration du patrimoine mobilier et immobilier.
4. Oeuvrer avec une prudence toujours plus grande dans le domaine financier.
5. Assurer une application correcte des principes comptables
6. Garantir assistance sanitaire et prévention sociale à tous les ayant droit.

Aux yeux d'experts un peu malins, il semble évident que ces objectifs doivent plus ou moins être lus comme suit:

1. Pour éviter des dépenses, il suffit par exemple de céder les parties du patrimoine qui ont des coûts de gestion élevés contre des revenus bas ou nuls (liquidons les maisons religieuses, les couvents, etc., qui coûtent mais sont improductifs.
2. Pour la transparence, publions les comptes, sortons les coffres-forts vaticans, les trusts, les sociétés offshore, tout cela en pleine lumière. De cette façon le Saint-Siège sera un régime d'administration contrôlée, et son autonomie économique et financière (qui, si elle est bien gérée, est une manne pour les pauvres, le malades, les nécessiteux de la moitié du monde) deviendra un simple souvenir du passé.
3. Si on utilise un critère d'efficacité économique, il est évident qu'il ne restera plus qu'à constituer des fonds immobiliers, auxquels participeront des particuliers, ou que l'on vendra/bradera à des particuliers, ou que l'on titrisera, comblant ainsi les trous présumés qui seront bien vite mis en évidence dans l'IOR.
4. On démontrera sous peu, en effet, qu'en raison d'opérations financières peu scrupuleuses, l'IOR a un gros trou qu'il faudra combler en vendant/bradant le patrimoine immobilier
5. Là encore: la commission démontrera qu'à travers des prévisions comptables erronées, on a alimenté un système de trous et de vices cachés dans le budget. Qu'il faudra assainir.
6. Un peu de "buonisme" ne fait pas de mal... et est médiatiquement utile pour justifier le rôle de cette commission.

Dans tout cela, je tiens à souligner qu'à mon humble avis le Pape est magistralement impliqué par d'habiles metteurs en scène qui ont déjà des rôles-clés au Vatican. C'est comme si, flairant la sensibilité de François qui veut pour l'Eglise transparence, nettoyage et pauvreté, ils avaient décidé de mettre entre ses mains un instrument pour obtenir certes ces résultats, mais en enrichissant d'autres, et en affaiblissant l'Eglise une fois pour toutes.

Parce que l'opération sous-jacente à l'institution de cette commission n'est autre que la braderie, ou mieux, la liquidation de la Vatican SPA. L'Eglise perdra tout, les hommes d'Eglise qui n'ont pas la foi auront tout à gagner.
Pour cette raison, on a sélectionné des laïcs qui ne sont pas de simples consultants "indépendants". Ils n'ont pas fait appel à deux ou trois consultants (il n'y en avait pas besoin de plus ) de Boston Consulting Group, Mckinsey ou Rodl & Partner - pour donner quelques exemples de cabinets connus de conseil financier, administratif, comptable et de gestion.
Non, ils ont appelé deux consultants déjà embauchés au Vatican par quelque monsignore ou cardinal complaisant. Et parmi ceux-ci, l'ex-président de la banque maltaise, qui n'est pas un simple consultant, mais un entrepreneur, étant propriétaire d'une société ayant son siège à Malte et à Chypre, paradis fiscaux notoires, MISCO; et un allemand, membre du Conseil d'administration d'une des plus importantes compagnies d'assurance allemandes, Ergo.
Ils ont ensuite fait appel à l'ex-ministre des affaires étrangères de Singapour, actuel consultant de l'entrepreneur le plus riche de Malaisie, Robert Kuok. Un français qui travaille pour le Tages Capital Group du financier italien Panfilo Tarentelli. Deux ou trois amis de tel ou tel monsignore. Et enfin l'italienne Francesca Chaouqui (1) qui s'occupe de communication chez Ernst & Young. Communication! Et qui est définie officiellement comme lobbyiste.

Cette commission aura accès à une masse inimaginable de données. Elle pourra connaître et estimer la valeur des propriétés immobilières du Saint-Siège dans le monde entier. Elle connaîtra l'étendue et la qualité des investissements financiers du Saint-Siège, les frais de fonctionnement de chaque Office et l'organisation administrative globale. Elle rendra compte ensuite directement au Pape, ou plutôt à la Commission de 8 cardinaux que ce dernier a instituée récemment.
En résumé, imaginez ce que peut signifier le fait de révéler à un groupe d'entrepreneurs privés, et - malgré le secret imposé - à beaucoup de leurs amis, la disponibilité du "trésor" constitué par la patrimoine du Saint-Siège
Imaginez ensuite les conflits d'intérêt, la liberté d'action de ces laïcs auxquels on ne demande même pas de prêter serment, rien de rien!
Imaginez encore que ces particuliers seront même rémunérés par le Saint-Siège. Et pourront engager des sociétés de conseil de leur connaissance. Le tout, toujours aux frais du Saint-Siège.
Ils devront alors rédiger des rapports et les envoyer au Pape. Lequel - n'étant certes pas un manager ou un expert de finance internationale - finira par mettre en œuvre les plans stratégiques identifiés par la commission des «experts».

Monsignori et cardinaux seront certainement reconnaissants à la Commission qu'ils ont eux-mêmes créée sans aucun critère de sélection publique, mais par simple cooptation un peu comme cela se passe dans les loges maçonniques. Espérons juste qu'ils ne décident pas de vendre aussi Saint-Pierre, parce que - en admettant qu'il y loge encore après tous les scandales - le Saint-Esprit pourrait finalement décider d'aller ailleurs ...

     

Note: Francesca Chaouqui

(1) Sur son blog personnel Settimo Cielo, voici ce que nous apprenait hier Sandro Magister au sujet de Francesca Chaouqui.
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Les préposés et les experts en communication du Vatican ne se comptent plus. En plus du père Federico Lombardi et de l'éléphantesque autant que vide Conseil Pontifical pour les Communications Sociales, à la Secrétairerie d'Etat, ils ont appelé l'année dernière un journaliste américain à faire on ne sait pas bien quoi, à l'IOR il y a depuis quelques mois un employé allemand, au Conseil pontifical pour la culture, il y a un journaliste qui aide le cardinal Ravasi, et maintenant, parmi les huit membres de la commission papale nouvelle-née pour l'organisation de la structure économique et administrative, instituée par le Pape François 18 Juillet par un chirographe, parmi les spécialistes en économie, finances et droit, une experte en communication d'entreprise montre le bout de son nez.

Elle s'appelle Francesca Immacolata Chaouqui, elle a 30 ans, un père français d'origine marocaine, elle est mariée; chez Ernst & Young Italia, elle est en charge de la communication et des relations extérieures, et a travaillé auparavant au cabinet d'avocats Orrick, Herrington & Sutcliffe Italia. Elle fait partie de «Vedro» ("je verrai"), le think tank dirigé par Enrico Letta. Et elle est inscrite à la FERPI, la Fédération des relations publiques italiennes qui depuis des années se bat pour que le parlement approuve une loi pour la transparence des activités de lobbying. Elle se présente ainsi sur sa page Twitter: «Je vis comme si j'avais plus de temps, j'aime, je souris toujours, parfois je me mets en colère, j'écris la nuit. Heureuse».

Toujours sur Twitter, elle a commenté sa nomination, enthousiaste: «Mon cœur, ma foi, mon engagement, mon professionnalisme au service de l'Eglise et du Saint-Père. Toujours».
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