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La lettre de Jeannine du 5 juillet

Dernières nouvelles du Vatican... Ne soyons pas si sévères avec François. (7/6/2013)

>>> Cf. Photos de Spaziani

     

Chère Béatrice,

Je n'ai pas oublié de regarder le Benedetto XVI forum (1) - comme vous me l'avez suggéré - et j'ai trouvé les si belles photos de Spaziani. Vêtements liturgiques magnifiques, yeux vifs qui ajoutent à l'expression vivante, changeante des traits de notre Benoît. Aucun souci du photographe qui le mitraille; notre Saint-Père laisse passer sur son beau visage toutes les expressions qui le font paraître parfois lointain, concentré sur la célébration puis tout à coup bien présent. Ses yeux si vifs et si limpides parcourent l'assemblée avec un sourire amusé ou dubitatif, voire même sceptique, interrogateur et très vite le sourire lumineux revient et le ramène près de nous. Il n'est pas éternellement souriant mais lorsque, depuis la papamobile, il salue la foule, dans la saisie du geste on sent la joie vraie du moment. Il est le pasteur heureux de retrouver ses enfants. Le sourire des yeux s'ajoute à celui des lèvres pour lui donner un air mutin. Son visage régulier, encadré d'une magnifique chevelure blanche, aux traits qui supportent fort bien les années qui passent va de pair avec la silhouette élégante qui porte à merveille la simple soutane blanche avec la petite cape qui flotte si facilement au gré du vent. Mais déjà, sur ces photos, apparaissent les détails qui m'ont souvent inquiétée : les cernes sous les yeux et les mains presque violacées suivant l'éclairage. Je n'y faisais pas allusion, je n'aimais pas lorsqu'il portait la main à son front sous la lourde mitre car je repensais à son problème datant de 1991 environ. Je remarquais beaucoup de choses qui me guidaient vers la perception de sa lassitude de plus en plus grande mais tout cela ne m'a été d'aucune aide le 11 février 2013.

Mais revenons à aujourd'hui...

Il faut aimer coûte que coûte François, nous dit-on de toutes parts. Je veux bien, je fais des efforts, et mes paroles les plus dures sont destinées à la Curie que je ne porte pas dans mon cœur et à tous les médias qui ont suivi leurs sentiments personnels ou ont obéi servilement à la ligne d'information dictée par leurs employeurs. Ce sont eux qui, par des polémiques incessantes, des attaques féroces ont contribué en toute impunité à user notre Benoît. Je ne suis pas certaine que la grande popularité du pape lui servira de bouclier lorsque les problèmes se poseront, car il y en aura fatalement. François a déjà affiché des points, non négociables pour lui, concernant ce qu'est être un catholique valable, sûr, sur lequel l'Eglise doit pouvoir s'appuyer. Certes cela n'a rien de comparable aux magnifiques envolées de son prédécesseur : grand théologien, liturgiste, polyglotte, féru de latin, d'hébreu, d'araméen en certaines circonstances, connaissant les Pères de l'Eglise comme "sa poche" oserais-je dire, musicien dans l'âme, épris de beauté, de littérature mais trop "trop" pour toucher le tout venant des fidèles, ceux qui aiment bien mais restent ouverts à toutes les critiques, incapables de faire jouer leur jugeote. Benoît XVI est aimé, c'est certain, mais un autre est là, expansif, plus accessible et la foule ne va pas chercher plus loin pour beaucoup. Les deux hommes sont diamétralement opposés dans leur conception des rapports avec les fidèles; François est du monde alors que Benoît est loin du monde. Sur le plan théologique ils sont sur la même ligne.
Lors du dernier angélus François a cité Benoît XVI en "exemple merveilleux " de la liberté de la conscience, du "dialogue intérieur avec Dieu" dans la conscience et de la décision libre et ferme prise en conscience devant Dieu (2). La foule a applaudi spontanément l'exemple de Benoît XVI, puis le pape a encouragé les applaudissements d'un geste de la main, avant de lâcher lui-même les feuilles de son discours pour applaudir des deux mains. Il l'a fait venir ce matin pour l'inauguration de la statue de Saint Michel qui avait été commandée avec l'aval du pape émérite mais il y avait aussi la consécration du Vatican à Saint-Joseph et j'ai vu dans l'invitation du pape un clin d'œil affectueux à celui qu'il a désigné sous le nom de" Sainteté" dans l'adresse de son discours (3).

Mon regard sur l'Eglise est peu étendu, aussi j'essaie, par goût de la découverte et de l'étude des caractères, de voir une autre ligne de développement. Pour le moment tout est vague, mal défini; à la grâce de Dieu puisque c'est à lui que l'Eglise appartient et que tous les papes ne sont que des maillons de cette longue chaîne commencée il y a 2000 ans. En réfléchissant bien je crois que François n'arrivera pas à "Vatican 2035" (4); mais si personne ne parvient à redresser la barre qui sera le successeur et où ira la barque de Pierre?

Jeannine

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Références
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(1) Visita alla parrocchia romana di Dio Padre Misericordioso - 26-03-2006
http://freeforumzone.leonardo.it/discussione.aspx?idd=8281109&p=235
(2) http://www.vatican.va/holy_father/francesco/angelus/2013/documents/papa-francesco_angelus_20130630_it.html
(3) http://attualita.vatican.va/sala-stampa/bollettino/2013/07/05/news/31356.html
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Pietro_De_Paoli