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L'agenda (étrange) d'Obama en Afrique

Les droits des gays sont sa priorité...! Article d'Anna Bono sur La Bussola (1er/7/2013)

>>> Voir aussi: A petits pas...

Barack Obama

... et le président du Sénégal, Macky Sall, 27 juin 2013

     

Obama l'africain se fait l'ambassadeur des droits des gays
Anna Bono
01-07-2013
http://www.lanuovabq.it/
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Dans son deuxième voyage en Afrique en tant que président, Barack Obama, à peine atterri à Dakar, au Sénégal, n'a pas perdu de temps et, lors de la conférence de presse tenue le 27 Juin au palais présidentiel, il a immédiatement abordé le sujet qui lui tenait à cœur: non pas la Chine, qui fait main basse sur les ressources naturelles du continent, ni la propagation du terrorisme islamique ou les massacres de chrétiens, mais les droits des homosexuels. A la surprise générale, c'est-à-dire sans en avoir préalablement informé son hôte, le Président Macky Sall, lors de la rencontre privée qui avait précédé, Obama a abordé la question en faisant l'éloge de la Cour suprême des États-Unis pour l'arrêt de la veille contre la loi fédérale qui reconnaît seulement les mariages entre personnes de sexes différents. Il a donc qualifié la décision de «victoire pour la démocratie américaine» et il a exhorté tous les pays africains à mettre fin à la discrimination contre les homosexuels. Il a ensuite expliqué qu'il avait décidé d'aborder la question sans préavis, à cause de l'importance et de l'urgence d'envoyer un message aux Africains afin que, tout en respectant les différentes croyances culturelles et religieuses sur l'homosexualité, ils acceptent de supprimer toute discrimination juridique envers les gays: «En ce qui concerne la manière dont l'Etat et la loi traitent les citoyens - a-t-il ajouté après avoir comparé la lutte pour les droits des gayss en Afrique à celle des Noirs pour les droits civiques aux États-Unis - il doit y avoir la parité pour tous ».

La réponse du président Sall a était claire et ferme: nous sommes un pays très tolérant, a-t-il répondu, nous ne sommes pas homophobes, mais «nous ne sommes pas prêts à dépénaliser l'homosexualité», et nous n'acceptons pas les pressions extérieures.

Si Obama a voulu mettre en évidence les droits des gays par rapport à d'autres questions, Amnesty International en a fait tout autant, qui à son tour, l'a invité à profiter de son voyage en Afrique pour protester ouvertement contre la manière dont les homosexuels sont considérés dans le continent: pas contre la manière dont, par exemple, sont traités les albinos (1), discriminés, ostracisés, tués par centaines chaque année et démembrés par les sorciers pour confectionner des potions magiques notamment en Tanzanie, dernière étape de la tournée présidentielle; pas non plus contre les mutilations génitales féminines, infligées chaque année à deux millions de fillettes; pas contre la discrimination ethnique et religieuse qui empoisonne la vie politique et sociale partout.

Pour le reste, le voyage du président des Etats-Unis différe du précédente, au Ghana, en 2009, par un accueil tiède, sinon froid, le manque de participation populaire à l'événement et, en Afrique du Sud, pour la contestation de la part d'un groupe de jeunes expulsés par la police avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc: la désillusion - "«il est noir, mais il est comme tous les autres» - s'accompagne de critiques pondérées. Le président sud-africain Jacob Zuma lui-même a salué Obama est le comparant à Nelson Mandela - tous deux ont été les premiers présidents noirs de leurs pays, a-t-il noté, et ils ont donc realisé les rêves de millions d'opprimés - mais il n'a pas manqué de souligner les différences en politiques étrangères entre les Etats-Unis et l'Afrique, soulignant combien la montée des groupes islamistes armés au Mali et dans le reste de l'Afrique de l'Ouest est le résultat de la chute de Kadhafi dont les Etats-Unis ont été les architectes.

Mais la différence la plus significative, abyssale, est donnée par l'attitude adoptée par Obama, par ses discours. En 2009, à Accra, il avait prononcé un discours mémorable dont les passages les plus importants méritent aujourd'hui d'être rappelés.
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«Nous devons partir du principe qu'il revient aux Africains de décider de l'avenir de l'Afrique », avait-il commencé, et ses paroles avaient été accueillis par un tonnerre d'applaudissements.

«Mon père - avait poursuivi Obama, fils d'un Kenyan - a grandi dans un moment de promesses extraordinaires pour l'Afrique. Les luttes de la génération de son père avaient fait naître de nouveaux Etats. Les Africains s'instruisaient et s'affirmaient de manière nouvelle. L'histoire était en marche. Cependant, malgré les progrès obtenus - et il y a eu des progrès considérables dans certaines parties de l'Afrique - nous savons que cette promesse est encore loin d'être réalisée. Des pays comme le Kenya, dont le revenu par habitant était plus élevé que celui de la Corée du Sud lorsque je suis né, ont été largement dépassés. Les guerres et les maladies ont dévasté de nombreuses régions du continent africain. Dans de nombreux pays, l'espoir de la génération de mon père a cédé la place au cynisme, voire au désespoir. Bien sûr, il est facile de pointer du doigt et de rejeter la responsabilité de ces problèmes sur d'autres. Il est vrai qu'une carte de géographie coloniale qui n'avait pas de sens a contribué à susciter des conflits, et l'Occident a souvent traité l'Afrique avec condescendance, en quête de ressources plutôt que de coopération. Mais ce n'était pas l'Occident, le responsable de la destruction de l'économie zimbabwéenne au cours des dix dernières années, ni des guerres où des enfants étaient enrôlés comme soldats. Durant la vie de mon père, c'étaient le tribalisme et le népotisme dans un Kenya indépendant qui, en partie et pendant une longue période, ont été un obstacle à sa carrière et nous savons tous que cette forme de corruption est une expérience quotidienne dans la vie d'un trop grand nombre de personnes.

(...) Aucun pays ne peut créer de richesse s'il a des dirigeants qui exploitent l'économie pour s'enrichir personnellement, ou si ses policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue. Aucune entreprise n'investit dans un pays où le gouvernement réclame 20% pour le démarrage, ou dans lequel le chef de l'autorité portuaire est corrompu. Personne ne peut vivre dans une société où la règle du droit cède le pas à la loi du plus fort et à la corruption. Ce n'est pas la démocratie, c'est la tyrannie, même si de temps en temps se tient ça et là une élection, et il est temps que ce type de gouvernement disparaiss
e».

Obama avait conclu son discours en avertissant que le développement dépend de la bonne gouvernance: «Une responsabilité qui incombe seulement aux Africains».
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On ne trouve aucune trace de tout cela dans les mots prononcés lors de ces journées au Sénégal et en Afrique du Sud, bien que l'Afrique qui l'accueille aujourd'hui soit la même qu'il y a quatre ans, avec en plus la menace de déstabilisation du terrorisme et avec un nouveau président, Uhuru Kenyatta, au Kenya, sous enquête par la Cour pénale internationale.
Soucieux de «participer à l'avenir du continent» avec la Chine, l'Inde et le Brésil, il a en revanche adressé des paroles conciliantes aux dirigeants africains, se félicitant des réalisations: «C'est un grand moment pour le continent - a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Dakar - trop souvent le monde ignore les progrès surprenants que l'Afrique réalise, y compris le renforcement de la démocratie».
Des exemples de «progrès surprenants», il n'en a pas donnés: il ne pouvait pas.

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(1) http://benoit-et-moi.fr/2011-III/0455009f700cc020c/0455009f920c86804.html