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Le Pape des pauvres (2)

Parmi les 4 questions auxquelles le pape François a répondu a braccio, lors de la rencontre avec les mouvements ecclésiaux de la vigile de la Penrecôte, il y en avait une sur "l'Eglise des pauvres et pour les pauvres". Andrea Tornielli constate que ses propos, après son discours de la veille aux nouveaux ambassadeurs ont, une fois de plus, rencontré peu d'écho dans la presse. (20/5/2013)

Voir aussi:
¤ Le pape des pauvres
¤ François rencontre les mouvements religieux

Jusqu'à présent, il me semble que les propos du pape François ont contenu plus de références à la sphère économique qu'à celle de la défense de la vie. Même si l'on répète que les catégories de "droite" et de "gauche" n'ont pas de sens dans le cadre ecclésial, ses propos dans ce domaine sont vraiment radicaux, et feraient presque passer Mélenchon pour un suppôt du capitalisme.

     

Un avertissement à ceux qui parlent de moralisme
ANDREA TORNIELLI
19/5/2013
http://vaticaninsider.lastampa.it/vaticano/dettaglio-articolo/articolo/papa-el-papa-pope-24945/
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Le discours le plus exigeant tenu à ce jour par François sur les thèmes sociaux est passé, au moins en Italie, plutôt inaperçu, bien qu'il contienne une dénonciation ponctuelle des causes du déséquilibre social.

Le Pape François, devant la foule de fidèles a répété hier soir que l'Eglise n'est pas une organisation politique ni une ONG. Et pourtant, il a prononcé des jugements nets et clairs sur la pauvreté, sur la crise et ses causes, tels que désormais, aucun responsable politique n'oserait le faire.

"Si les investissements chutent, les banques, tous disent que c'est une tragédie. Si les familles vont mal, n'ont pas de quoi manger, si les gens meurent de faim, alors on ne fait rien. C'est cela notre crise." Et la crise "n'est pas seulement économique et culturelle, c'est une crise de l'homme". "Dans la vie publique - a-t-il expliqué - s'il n'y a pas l'éthique, tout est possible. Nous le lisons dans les journaux, quand le manque d'éthique fait tant de mal à l'humanité entière".

Ces paroles, prononcées a braccio durant la vigile de la Pentecôte, en réponse à une question sur cette "Eglise pauvre pour les pauvres" que le premier Pape avec le nom du Poverello d'Assise avait dit rêver au lendemain de l'élection, suivent de trois jours un autre discours important. Recevant les lettres de créance de quatre nouveaux ambassadeurs près le Saint-Siège, jeudi dernier, Bergoglio leur avait parlé des racines de la crise financière et du fossé entre pauvres et riches, dénonçant le "fétichisme" de l'argent et la "dictature" d'une économie sans visage qui considère l'être humain comme "un bien de consommation".

Ce discours, le plus exigeant tenu à ce jour par François sur les thèmes sociaux, est passé, au moins en Italie, plutôt en sourdine, malgré qu'il contienne (ou justement à cause de cela) une dénonciation ponctuelle des causes du déséquilibre social. Dérivant, a dit le Pape, "d'idéologies qui promeuvent l'autonomie absolue des marché et la spéculation financière, niant ainsi le droit de contrôle aux Etats pourtant chargés de pourvoir au bien commun".

Hier, aux représentants des mouvements, François a rappelé la radicalité évangélique, expliquant que face à la crise économique et à la crise de l'éthique publique, la contribution principale et la plus efficace que les chrétiens peuvent donner est celle de témoigner l'Evangile: sortir de soi-même, des cercles auto-référentiels, cesser d'être des "chrétiens amidonnés qui discutent de théologie en buvant le thé" dans les salons, pour aller vraiment à la rencontre des pauvres, de ceux qui sont dans le besoin.

Il a expliqué que la charité "n'est pas une catégorie sociologique". Et il a dit que pour les chrétiens, aller vers les pauvres, c'est aller "vers la chair du Christ": donc, cet engagement concret est co-naturel à l'expérience de foi vraiment vécue et témoignée. Un message fort, adressé à tous, mais qui, dans l'allusion à l'éthique publique, représente un rappel particulier à ceux qui sont engagés en politique. Trop souvent, y compris chez le catholiques, les appels à l'éthique ont été repoussés, moqués comme "moralisme" par ceux qui ont couvert l'immoralité et ce faisant, ont fini par influer sur la vie concrète de nombreuses personnes.
Dès les premiers pas du nouveau pontificat, les cercles intellectuels n'ont pas manqué qui ont défini comme "paupéristes" l'attitude de François, oubliant que les pauvres, le nouveau Pape les a connus et fréquenté vraiment dans les "villas miserias" de Buenos Aires. Et oubliant aussi que des pauvres, on en parle dans les Evangiles, écrits dix-sept siècles avant le Capital de Marx.

Quel monde avons-nous construit, s'est demandé François, si un clochard qui meurt de froid, ce n'est plus une nouvelle, ou si la mort de tant d'enfants par la faim est une réalité à laquelle nous nous sommes habitués?
Le Pape, avait-il dit jeudi aux ambassadeurs "aime tous, riches et pauvres" mais "a le devoir, au nom du Christ, de rappeler au riche qu'il doit aider le pauvre, le respecter, le promouvoir".
Au moins, il est resté quelqu'un pour nous le rappeler.