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Nous avons besoin d'un Pape...

Sur le site de Magdi Allam, une lettre ouverte d’une catholique déçue par les réaction du Pape François aux massacres des chrétiens en Egypte (20/8/2013)

Dans son dernier article (Benoît XVI, Magister, l'islam... ), après avoir souligné qu’aucun Pape n’était jamais été aussi loin que Benoît dans le « débat » avec les musulmans, Sandro Magister écrivait, avec (ce qui m’a paru être) une certaine désillusion :

Voici ce que le pape François a dit à propos de la guerre civile qui enflamme l'Égypte, après l'Angélus du jour de l'Assomption :

"Malheureusement des nouvelles douloureuses proviennent d’Égypte. Je tiens à assurer de ma prière toutes les victimes et leurs familles, les blessés et ceux qui souffrent. Prions ensemble pour la paix, le dialogue et la réconciliation dans ce cher pays et dans le monde entier".

Et trois jours plus tard, pendant l'Angélus du dimanche 18 août, il y a peut-être fait allusion:

"L’Évangile n’autorise pas du tout l’utilisation de la force pour répandre la foi. C’est précisément le contraire : la vraie force du chrétien, c’est la force de la vérité et de l’amour, qui implique de renoncer à toute violence. Foi et violence sont incompatibles".

Des propos pouvant paraître pour le moins décalés par rapport au drame qui se noue en ce moment en Egypte.
Monique m'écrit:

Benoît XVI est lucide sur l'islam; ce qui apparemment n'est pas le cas de son successeur.
J'ai été choquée par sa longue lettre personnelle aux musulmans pour l'Aïd alors que plusieurs dizaines de chrétiens venaient de sauter sur des bombes dans leurs églises au Nigéria. Leurs proches ont-ils reçu une lettre?
Je retrouve une citation du Cardinal Ratzinger dans "Foi, vérité, tolérance" (ed. Parole et silence, p.218):
"L'islam avec toute la grandeur qu'il propose, est toujours exposé à perdre son équilibre, à céder à la violence, et à laisser la religion dévier vers l'extériorité et le ritualisme".
(Monique T.)

J’ai traduit, et je publie, non sans avoir hésité, cette « lettre ouverte au Pape François », publiée sur le site de Magdi Allam.

On sait que ce dernier a quitté avec fracas l’Eglise, peu de temps après la renonciation de Benoît XVI (cf. Magdi Allam quitte l'Eglise, 26/3).
Une démarche d’autant plus discutable que c’est le Saint-Père Benoît lui-même, bravant les oppositions de son entourage, qui l’avait baptisé, lors de la nuit pascale, le 22 mars 2008 (cf. benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/magdi-allam-ce-jour-ou-il-ma-baptise.php).

L’auteur de la lettre, Silvana De Mari est médecin, et écrivain.
Quelqu’un qui voudrait défendre François, trouverait probablement assez facilement des arguments à lui opposer. Et déjà que ce qu’elle attend du pape, à moins d'être une provocation, est impensable, que Benoît XVI lui-même ne l’a d’ailleurs pas fait à ce point… Et que les propos de François sont dans la continuité (hyper-hyper condensée, quand même) de son prédécesseur, et du Magistère de toujours.
Il n’empêche…
Les gestes du Pape (le lavement des pieds du jeudi Saint, Lampedusa, le message de fin de Ramadan, et les tout derniers discours) pourraient susciter le malaise.
Ce n’est pas lui manquer de respect que le remarquer. Lui-même l’accepterait sans doute.

     

Lettre au Pape François:

Nous avons besoin d'un Pape prêt au martyre pour sauver les chrétiens persécutés dans le monde, et pas d’un qui se consacre à la recherche de sa popularité, même auprès des tifosi .
(ioamolitalia.it)
Silvana De Mari
14/08/2013
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Très cher Pape François,

Je m'adresse à vous de manière aussi familière, parce que désormais, j’ai réalisé à quel point vous aimiez être une personne commune, sans oripeaux et sans hermine, une personne ordinaire, comme tant d'autres.
Une personne ordinaire qui, comme tant d'autres, aime le football.
Une personne ordinaire qui, comme tant d'autres, bavarde aimablement en avion..
Une personne ordinaire, comme tant d'autres.

Nous avons besoin d'un Pape..
Vous me pardonnerez, cher Pape François, il ne me vient pas non plus à l'idée de vous appeler "Sainteté", je crois que vous êtes une personne adorable, le voisin idéal, mais nous avons besoin d'un Pape.

Ils tuent les chrétiens comme des chiens: Sainteté, entre une partie de football et un baiser à un enfant handicapé, pourriez-vous faire quelque chose un peu plus en rapport avec votre rôle?
Rien que dans les dernières heures, 10 églises ont été brûlées en Egypte. Vous pourriez endosser les oripeaux, les ors et les hermines, qui ne sont pas des déchets, Sainteté, ce sont les symboles de 2000 ans d'histoire, et avec ces choses sur le dos, aller en Egypte, plutôt que de regarder le football? Il n'y a pas que Balotelli, qui désire beaucoup parler avec vous, il y a aussi les curés des Eglises catholiques au Niger qui auraient quelque chose à vous raconter, je veux dire ceux qui ont survécu, ceux qui sont déjà défunts n'ont plus rien à Vous dire.

Dans un moment où la chrétienté est comme jamais attaquée, nous, Sainteté, nous avons besoin d'un Pape.
Nous avons besoin de quelqu'un qui, comme premier problème, nomme les chrétiens massacrés au Nigeria et les chrétiens massacrés au Pakistan dans l'homélie de Pâques, parce que ces morts, Sainteté, étaient des hommes, et parce qu'en les tuant, c'est la liberté et la dignité de l'homme qu'on a tuées.
Sainteté, je ne voudrais pas vous enseigner le métier, je comprends que vous êtes un professionnel en matière de christianisme, et moi un dilettante (un oiseau) sans plumes, mais parfois, il arrive que les dilettantes soient plus lucides dans leur jugement. L'arche de Noé, par exemple, a été construite par des dilettantes, le Titanic construit et guidé par des professionnels.

Je ne voudrais pas mener la comparaison plus loin, mais la chrétienté me donne l'impression du Titanic. L'iceberg se nomme Islam (ndt: il n'est hélas pas le seul...!), vous dites qu'il est très bon et spirituel, si vous, qui êtes expert, le dites, cela doit être vrai, mais j'insiste, le capitaine du Titanic était aussi un expert, l'un des meilleurs.
Quelqu'un qui était un dilettante, en revanche, c'estSaint Pierre: durant la moitié de sa vie, il avait été pécheur, études théologiques, zéro, un caneton par rapport à vous. Saint Pierre a dit aux romains qu'en tant qu'êtres humains, certes, ils étaient frères, fils du même Dieu, mais que leur religion était fausse. Son devoir était de les convertir, ou de mourir en tentant de les convertir à l'unique vraie foi, de ne pas trouver de prix à une foi fausse de sorte que ceux qui sont nés dedans ne l'abandonnent jamais. Il est mort dans cette tentative, mais finalement, il les a convertis. Ne devrait-ce pas être votre rôle? Convertir au christianisme. Ou mourir dans cette tentative.

A Lampedusa, vous deviez prononcer une seule phrase: je vous apporte l'amour de Dieu.
Dans tout le Coran, le mot "amour" n'est pas prononcé une seule fois. Cela aurait suffi.

Vous, à Lampedusa, vous vous êtes incliné devant la spiritualité du Ramadan. Vous vous êtes inclinés devant l'islam, et vous êtes le représentant du Christ. Celui qui représente le Christ ne s'incline devant personne. "Je suis le chemin, la Vérité et la Vie".

Je suis la Vie, la Vérité et le Chemin, mais peu importe que vous vous donniez du mal pour évangéliser, puisque toutes les religions sont égales: Sainteté, cela n'est pas écrit dans mon évangile. Ou alors vous en avez un autre, ou bien c'est un excès de professionnalisme qui vous pousse.

Saint Pierre avait dit aux romains que certes, ils étaient frères, mais que leur religion était fausse. Il s'est fait tuer pour l'avoir dit.
Sainteté, des gens meurent. Des gens meurent, tués de manière horrible. Et vous allez regarder le football.
Nous avons besoin d'un Pape. Quelqu'un qui soit l'héritier de Jésus-Christ et de Saint Pierre, quelqu'un qui soit disposé à se faire haïr. Parce que tout est là. Jésus a été tué par des gens qui le haïssaient. Saint Pierre a été tué par des gens qui le détestaient. Haïs ont été Martin Luther King et Gandhi, tellement haïs qu'on les a tués. Prophètes désarmés, certes, mas pas leaders tolérants. Celui qui tolère tout et le contraire de tout avec le même sourire sur la face est de connivence. Nous ne pouvons pas être aimés par tout le monde si nous nous battons pour quelque chose. Si je m'en souviens bien, c'est aussi écrit dans les évangiles. N'ayez pas peur d'être haïs. Votre prédécesseur a été beaucoup haï. Et même condamné à mort par une fatwa après le discours de Ratisbonne.
Vous êtes aimés par tout le monde, Sainteté. Êtes-vous sûr que c'est un prix? Je crois que le moment est venu de vous faire détester. Endossez tous les oripeaux, ce ne sont pas des débris, mais le symbole de 2000 ans d'histoire, et allez au Caire, et au Caire battez-vous pour les chrétiens coptes, et pleurez sur les Eglises brûlées, et puis allez en Syrie et au Pakistan.
C'est le moment le plus sombre de la chrétienté depuis le début des temps.

Nous avons besoin d'un Pape...