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ONG: détournement de démocratie

A propos de la destitution d'un membre à peine nommé du gouvernement Letta, dénoncé par les associations gays et lesbiennes comme "homophobe", Anna Bono, sur la Bussola s'interroge sur la menace pour la démocratie que constituent les associations (8/5/2013)

>>> Image ci-contre: www.arci.it

Inutile de préciser que les convictions de la très libérale parlementaire italienne Michaela Biancofiore (née en 1970), membre du Popolo della Libertà - le parti de Silvio Berlusconi - ne justifient pas vraiment (malheureusement pour l'Italie) les accusations formulées contre elle par un collectif d'associations....
Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Michaela_Biancofiore .

     

Quand les associations menacent la démocratie
Anna Bono
http://www.lanuovabq.it

Comme on le sait (ndt: La Bussola avait consacré un article au sujet la veille), uniquement parce que des associations gays ont élevé la voix, le président du Conseil Enrico Letta a révoqué à Michaela Biancofiore la charge de secrétaire d'état à la parité qui lui avait été conférée à peine deux jours plus tôt. "C'est toute la communauté gay qui accuse la parlementaire", "la communauté gay en révolte", "une nomination qui a déchaîné la communauté homosexuelle": ce sont quelques-uns des titres lus sur les médias.
En réalité, ceux qui se sont "déchaînés", ce sont les associations Arcigay, Arcilesbica, Gaylib, Gaynet (ndt: pas besoin de notes! les noms sont suffisamment explicites, et nous avons l'équivalent chez nous!! voir le logo ci-dessus). Reste à savoir si ces associations ont interprété les sentiments de toute la population homosexuelle italienne. Comme il est impossible de le vérifier, on peut toutefois émettre l'hypothèse qu'ils n'ont exprimé rien d'autre que ceux des membres, mais même cela n'est pas certain. Il se peut, en effet, que tous ne se soient pas sentis inquiétés et offensés par les propos de la sous-secrétaire Biancofiore. Il n'est même pas exclu que beaucoup, occupés à autre chose, n'aient pas été informés des affirmations de la sous-secrétaire Biancofiore, voire qu'une parie des inscrits n'étaient pas encore au courant que Michaela Biancofiore avait été nommée (sous)-secrétaire à la parité.

Indépendamment de la question abordée ici, le fait est qu'une institution démocratique - autrement dit résultant d'une consultation électorale vouée à appliquer le principe de la souveraineté populaire, et réalisée dans le plein respect de la procédure prévue par la constitution - s'est pliée à la volonté de quelques groupes de personnes constitués en association, sans savoir le moins du monde de qui elles sont vraiment le porte-parole. Le problème de qui elles représentent, et en quels termes, se pose en réalité pour toutes les associations civiles.

Et pourtant, leur pouvoir est devenu énorme. Les seules organisations non gouvernementales sont des centaines de milliers - plus de 37000 pour les internationales, selon les estimations de l'UNDP, l'agence de l'ONU pour le développement - avec une disponibilité cumulée de capitaux qui en fait la cinquième économie du monde. Plusieurs milliers d'entre elles sont accréditées aux Nations Unies, où elles remplissent d'importantes fonctions consultatives et organisatives. Au Palais de verre, elles ont acquis un pouvoir croissant dans les années 90, surtout durant les deux mandats de Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU de 1996 à 2006, qui en a notablement accru les fonctions. Annan, et avec lui, Mary Robinson, haut commissaire ONU pour les droits de l'homme, de 1997 à 2002, considéraient que les ONG étaient "les vrais gardiens de la démocratie et du bon gouvernement partout".
Les associations civiles, selon cette façon de voir, seraient la véritable démocratie: parce qu'elles donnent visibilité et paroles aux minorités, aux marginalisés, aux faibles, aux sujets discriminés, et osent défier les gouvernements; légitimées à imposer au monde leur vision du bien et du mal rien qu'en se déclarant interprètes des besoins humains niés, défenseurs de libertés et droits personnels menacés.

Mais tandis qu'un gouvernement, un parlement, sont en effet l'expression d'une majorité d'électeurs, et qu'en général, ceux qui exercent une charge politique, s'engagent par serment au moins à représenter la population toute entière d'un état et à en protéger les intérêts, indépendamment du parti qui l'a soutenu, les responsables d'une association civile, au contraire, sont tenus de répondre de leurs actes uniquement à leurs membres, et à leurs financiers, qu'ils soient ou pas nombreux, et ne représentent de fait rien d'autre qu'eux, même quand ils se présentent et sont reçus comme "voix" d'une catégorie ou d'un groupe sociale, sinon du genre humain tout entier.

Il y a plus. Une association (ce n'est pas une hypothèse, cela se passe vraiment) peut se prétendre porte-parole des paysans du Kenya, parler à une conférence des Nations Unies en leur nom, pour citer des campagnes de grand impact et d'opportunité discutable réellement promues par des associations civiles - mesures contre le réchauffement de la planète, condamnation d'Israël pour génocide, indemnités pour la traite atlantique des esclaves et la colonisation européenne de l'Afrique - et obtenir des financements internationaux pour poursuivre leur activité, sans avoir jamais consulté les paysans en question, étant en réalité composée de quelques dizaines de membres, tandis que les millions de paysans du Kenya, la majorité, ou presque tous, ne connaissent même pas son existence, n'ont jamais eu le moindre rôle dans sa constitution, et encore moins ne l'ont déléguée à les représenter.

En s'en tenant à cet exemple, il faut dire qu'une association de paysans africains réussirait difficilement à influer sur les choix et les actions de gouvernement: de son propre gouvernement, bien sûr, mais sur ceux des Nations-Unies, et peut-être du gouvernement italien, si.