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Une jeunesse déboussolée

Questions en marge d'une mort (9/6/2013)

     

Si l'on fait une recherche sur Internet sur la rixe qui a coûté la vie à un jeune "anti-fasciste", on voit dérouler des pages et des pages d'une information totalitaire dans son uniformité, brodant indéfiniment sur de maigres dépêches d'agence: hommage au jeune militant courageux, mort pour défendre ses idées, condamnation unanime de la classe politique, répulsion et dégoût exprimés envers les misérables néonazis (nazis = national-socialistes, ne pas l'oublier, ou fascistes? les uns et les autres ne savent sans doute même pas la différence) à la cervelle de pois chiche sous leurs crânes rasés, et auxquels on ne consent aucune circonstance atténuante, même si ce sont à l'évidence des paumés manipulés.
Commençons par dire: ce qui est arrivé à Clément Méric est triste, et on aurait préféré que cela ne soit pas arrivé.

Mais il y a deux ou trois questions auxquelles j'aurais aimé avoir des réponses, et dont je n'ai même pas trouvé un début de formulation:

1. Qui est l'agresseur, Esteban? Né en Espagne, apparemment, mais de nationalité française, nous dit-on, il n'est évidemment pas issu d'un milieu "favorisé" (et ses parents... s'il les a encore, ne lisaient pas Le Monde).
Le Figaro le présente comme "agent de sécurité".
La victime, quant à elle, est un élève de Science Po, après avoir obtenu un bac S avec mention TB, et c'est le fils d'un couple d'universitaires.

2. D'où la deuxième question. La "gauche" (unanime, évidemment, dans son rejet de "l'extrême-droite", thème qui est son principal fond de commerce et, croit-elle, son alibi moral) est censée protéger les pauvres contre les riches. Mais ici, qui est le "bourge", et qui est le "prolo"? Je comprends que la question est gênante, et que chez les faiseurs d'opinion, on n'a pas envie de l'aborder...

3. Qui est ce Serge Ayoub, qui se dit d'origine libanaise, et qu'on présente comme le président du groupuscule des Jeunesses nationalistes révolutionnaires? (lire sa notice wikipedia, qui donne une idée, même si elle est forcément orientée). Un personnage trouble, assurément, dont l'une des activités fut le commerce d'accessoires pour skinheads...

Mise à jour:
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Personnage encore plus trouble que ce que je supposais, si l'on en croit ce site, que l'on me signale à l'instant (une info certainement facilement vérifiable!).
Les récents évènements autour de la mort de Clément Méric auront mis en lumière Serge Ayoub, le leader des JNR et son fameux « local », sorte de bar associatif où se mêlent libations, concerts et conférences.
Ces dernières 24h ont vu les dirigeants du Parti Socialiste s’exprimer avec forces convictions sur la question de la dissolution des groupes d’extrême-droite et des bandes skinheads dont les JNR. Or, la rue de Solférino a la mémoire courte. Ainsi, Julien Landfried, candidat investi par le PS aux dernières élections législatives dans les Hauts-de-Seine, dédicaçait son dernier ouvrage « Contre le Communautarisme » au « Local » le 4 juin 2012.


4. D'où la quatrième question: Les deux "bandes rivales" s'étaient croisées à une vente privée, rue Caumartin, de vêtements griffés Fred Perry et Ben Sherman, des marques fétiches, dit le Figaro, des skinheads et des antifascistes. Fred Perry, ce sont apparemment des polos BCBG (?), Ben Sherman, c'est plus ambigu (décidément, le consumérisme que ces jeunes entendent dénoncer n'est jamais loin...).
Qui dit invitation à une vente privée (ma boîte aux lettres en est remplie en cette période de pré-soldes) dit forcément fichier: ne serait-ce pas une façon de ficher en douce ces jeunes écervelés? Nul besoin de sombrer dans le complotisme pour soupçonner la manipulation... Par qui, pourquoi, pour qui? Là encore, personne n'a creusé la question.

5. Reste surtout à se demander si ces "sauvageons" - en plus travaillés par leurs hormones de jeunes mâles - ne sont pas les fruits amers, ou pourris, d'une société gangrenée qui ne propose à leur génération que le mensonge pour idéal, et la consommation comme exutoire. Un vide qui peut mener à la haine, des autres, mais aussi de soi, jusqu'à la dévastation.

Le bon berger Benoît XVI s'est très souvent adressé aux jeunes, pour leur dire de ne pas avoir peur d'aller à contre courant, de ne pas suivre le monde, de fuir les mauvais bergers, ou les loups déguisées en berger. Ses propos ont été totalement occultés (y compris par le clergé, au moins en France, ce que je trouve particulièrement scandaleux), quand ils n'ont pas été tournés en dérision...
C'est pourquoi je vais essayer de commencer une rubrique pour faire ré-entendre cette grande voix, à la fois si frêle et si forte, que l'on a fait taire, mais qui est encore présente à travers ses écrits (cf.
Benoît et les jeunes ).

En attendant, j'ai lu deux très bons articles: l'un sur Polemia, l'autre sur... Le Point !!

L'éditorial de Michel Geoffroy, sur Polémia se présente comme une sorte de parabole, intitulée: Les Japonais de la rue Saint-Guillaume (ndr: le siège de Sciences Po Paris)

En 1974 le monde découvrait l’odyssée d’Hiro Onoda, ce soldat japonais caché dans la jungle de l’île de Lubang et qui continuait la guerre du Pacifique tout seul, ne sachant pas que le Japon avait capitulé en 1945.
En juin 2013, à l’occasion de l’émotion causée par la mort de Clément Méric, on découvre qu’il existe encore des « militants antifascistes », 68 ans après la disparition du fascisme en 1945.
Là s’arrête la similitude, hélas.
La suite ici...

Charles Consigny (Le Point) écrit quant à lui:

À part l'implacable réalité du crime, tout est faux [dans la présentation par les medias] : les étudiants de l'école la plus soumise qui soit à tous les dogmes se prennent pour des résistants, des groupuscules de déséquilibrés mentaux pour une menace fasciste, le ministre de l'Intérieur pour le gardien de l'ordre, les éditorialistes pour de grands esprits courageux.
Il n'y a aujourd'hui en France ni fascisme, ni résistance, ni ordre, ni courage. Ce militant avait sans doute la funeste illusion d'atteindre la fièvre de la lutte politique radicale, comme ses meurtriers. Mais que pouvaient-ils, chacun avec leurs noirs desseins, face aux forces qui actionnent désormais le destin des hommes et des peuples ? Rien. Le combat est ailleurs, et le leur est d'arrière-garde - plus déplorable encore est son issue.

Rien à redire!
Et si les médias arrêtaient de nous prendre pour des imbéciles de façon aussi voyante?
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