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13 mars 2013 (I)

"Du berger allemand au pittbull américain": Un article paru sur le site Papale Papale qui étudie les racines des attaques contre l'Eglise, et imagine l'élection comme Pape du cardinal Dolan. Première partie: l'humilité de Joseph Ratzinger (20/8/2013)

Voici la première partie de la traduction d'un très long article publié sur le richissime site italien Papale papale, intitulé "Du berger allemand au pittbull américain", et sous-titré "Les attaques contre l'Eglise. L'humilité du Pape Benoît et la force d'un papabile américain".
L'une des curiosités de l'article (indépendamment de son grand intérêt, ce qui explique le temps que je passe à le traduire) est qu'il a été écrit le 13 mars, donc quelques heures avant la première apparition au balcon de Saint-Pierre d'un Pape venu du bout du monde. C'est l'explication du titre que j'ai choisi.

Au jeu des pronostics, l'auteur, Nicola Peirce, un (catholique intransigeant) italien d'origine irlandaise (il se présente ici) s'était trompé... enfin, pas vraiment parce qu'il s'agissait plus d'un souhait que d'un pronostic: il voyait comme successeur de Benoît XVI un autre cardinal issu du continent américain, côté nord, l'archevêque de New York, Timothy Dolan.

     
Première partie
Il attend sous la pluie, mais il dit humblement " Il ne s'est rien passé ".

Inutile de se cacher derrière un doigt: j'ai été ému, et même beaucoup, quand j'ai vu cette figure gracile, au pas incertain mais à l’expression assurée, descendre pour la dernière fois de l'appartement papal pour se diriger vers la cour de Saint Damase, et de là se retirer, caché. J'avoue même sans aucun remords que j'ai pleuré comme un enfant, un mélange entre effroi de l'abandon, et certitude de présence, larmes de souffrance et de joie. Un homme doux mais décidé, capable de caresser avec le sourire mais aussi d'entrer, sans scrupules, jusqu'à la jointure des os, jusqu’à "l'épée des mots", toujours prêt à écouter mais jamais à reculer sur les valeurs, en somme, un homme unique et extraordinaire.


Il attend sous la pluie, mais il dit humblement « Il ne s’est rien passé ».
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Je peux raconter une petite anecdote, directe, même si elle n'est pas personnelle, pour dresser le portrait de l'homme Ratzinger, une chose dérisoire, et qui pourtant trace le caractère de cet homme.
Un frère dominicain de mes amis, du couvent de Saint Dominique à Sienne (ndt: l'auteur habite à Sienne), où dans la basilique homonyme adjacente se trouvent les reliques de Sainte Catherine, il m'a raconté qu'à la fin des années 80, quand le cardinal Ratzinger était préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, un organisme d'importance vitale pour l'Eglise, il vint à Sienne en visite privée, sans chauffeur et sans se faire annoncer, seulement en pèlerinage privé, pour prier sur les lieux de la Sainte et du miracle eucharistique qui se trouve dans la Basilique, toujours à Sienne. Le même miracle eucharistique au pied duquel JP II s'exclama: ".... c'est la Présence!..."

Ratzinger, en homme très matinal, arriva à Sienne tôt le matin, mais arrivé devant Saint-Domingue, il trouva les portes de la Basilique fermée, bien qu'il fût sept heures et demi du matin, horaire d'ouverture indiqué; il téléphona à la Curie où, après un premier instant de confusion de son interlocuteur, on lui passa l'évêque, homme lui aussi doux et gentil, très aimé des fidèles, auquel le cardinal Ratzinger demanda d'un ton calme s'il y avait quelque problème à la Basilique Saint-Dominique.
Le frère dominicain, mon ami, qui n'était pas au courant, était le responsable de l'ouverture et de la fermeture des portes, qui ouvraient habituellement à 7h20 pour les fidèles qui voulaient assister à la messe conventuelle de 7h30, et aussi pour accueillir la grande foule des touristes venus du monde entier en voyage organisé. Mais c'était en novembre, période habituellement morte pour le touriste, et la Messe conventuelle était prévue à la crypte, qui a une autre entrée, et mon ami le frère, ignorant ce qui se passait, avait décidé de retarder l'ouverture, d'autant plus qu'il pleuvait à verse.

A 8h et quelque, au terme de la célébration de la messe conventuelle, il répondit enfin au téléphone qui sonnait sans discontinuer depuis un moment, c'était l'évêque qu'il connaissait lui aussi comme un homme doux, mais à cette occasion, il se trouva face à une bête féroce qui lui dit, en réponse à ses excuses: "mais quelles excuses, « scuse un corno »! Savez-vous qui est, après le Pape, l'homme le plus important de l'Eglise?... allez ouvrir immédiatement!!!".

Mon ami trouva devant le portail la frêle figure d'un haut prélat sous le parapluie qui le protégeait à peine de la pluie torrentielle, et immédiatement, il s'excusa pour le contretemps: "Eminence, je m'excuse...", et lui, répondit avec un grand sourire, et l'immanquable inflexion allemande: "Ne vous inquiétez pas, il n'est rien arrivé!".
Il lui serra la main, et le rassura, sans lui faire ressentir le moins du monde ce qui était arrivé, et il se rendit immédiatement devant la Chapelle latérale, là où sont conservées les reliques de Sainte Catherine, et s'agenouillant, il resta au moins une demi-heure à prier dans le silence absolu de l'énorme Basilique complètement vide, ce silence dont je crois que le Pape émérite a voulu désormais le trouver de façon permanente.

Et pourtant pendant des années, cet homme doux et extraordinaire, "humble travailleur dans la vigne du Seigneur", vrai homme de Dieu, a été attaqué à la fois par ses ennemis déclarés - comme c'est évident - et par ceux qui auraient dû être ses amis fidèles et obéissant à son magistère - chose beaucoup moins évidente. Je me souviens parfaitement de tous ces catholiques qui, au lendemain de son élection comme successeur de Pierre, dirent: "... et pourtant, Papa Wojtyla, c'était autre chose", comme si on se trouvait face à l'interprétation d'un acteur à critiquer, et non du pasteur de l'Eglise catholique à écouter et à suivre.

La vérité est que ces attaques à la figure du Pape ont toujours visé, consciemment ou inconsciemment, à la démolition de l'Eglise catholique dont LUI, le Pape, est le plus grand représentant sur la terre, l'alter christus par excellence, ou le "doux Christ en terre" comme l'appelait Catherine de Sienne, aussi parce que, comme l'a écrit Antonio Socci: une Eglise catholique sans le pape, n'aurait pas de raison d'être, et même ne pourrait pas 'être", et donc il n'y a pas de meilleure manière que de démolir son plus haut représentant pour dévaster aussi l'Eglise.

Malheureusement, je le répète ce "tir au pigeon" a été pratiqué aussi de l'intérieur de l'Eglise catholique elle-même, peut-être avec des intentions différentes de celles des ennemis déclarés, peut-être moins évidemment destructrices, mais toujours et malgré tout dans le but d'affirmer une Eglise différente de celle indiquée par le Magistère du Pape: en somme, une tentative maladroite d'une partie de la "nomenklatura" ecclésiastique d'arriver à une sorte d'autogestion, comme cela se passe dans les écoles quand les élèves répudient les professeurs et "autogèrent" les cours, avec des conséquences pour le moins désastreuses.
Je ne veux pas entrer dans les détails, ce n'est pas nécessaire: c'est sous les yeux de chacun que de nombreux religieux, y compris de haut rang, ont tout fait pour dévier, ridiculiser, faire obstacle, désobéir, au Magistère du Pape, par exemple sur sa ligne ferme et rigoureuse concernant les "principes non négociables".
Malgré cela, Benoît XVI, le Pape émérite comme nous allons devoir l'appeler désormais n'a jamais renoncé à rappeler à l'unité, à l'obéissance, à la rigueur, certes avec une voix mesurée, comme c'est son tempérament, et non pas avec une voix tonnante, comme c'était le tempérament de JPII.

A suivre....