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Des rencontres qui laissent une marque (II)

Deuxième partie du témoignage de Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz dans "Benedik XVI: Prominente über den Papst" (2/7/2013)

Image ci contre: le 27/8/2011 à Castelgandolfo pour le Schülerkreis.

>>> Première partie: Des rencontres qui laissent une marque (I)

     
Des rencontres qui laissent une marque (II)

Suivirent d'autres rencontres, quand il était déjà cardinal: pour le centenaire de Romano Guardini, en 1985, à la Katholische Akademie de Munich, où je devais présenter ma biographie de Gardini, qui venait d'être publiée; et ensuite à la télévision bavaroise pour la présentation du livre «Le sel de la terre», à laquelle participait le Dr. Heinz Joachim Fischer de « Frankfurter Allgemeine Zeitung», Martin Lohmann de « Rheinische Post » et moi. Plus tard, il y eut un bref échange de lettres au sujet de Frederike Ida Gorres (1901-1971) l'illustre écrivain à tort oubliée, amie du professeur Ratzinger à Tubingen et dont le cardinal m’encouragea à préparer l'édition des œuvres.
Puis vinrent les rencontres inattendues avec le pape: en 2006 pour l'inauguration de la grande statue de Sainte Edith Stein, placée dans une niche de la façade de Saint-Pierre; en Octobre 2010 à Rome, lors d'une audience à la Fondation Guardini, où le pape vint de façon inattendue vers moi, pour me saluer en personne ; et enfin - un honneur inattendu - en Août 2011 pour des entretiens avec un groupe de ses anciens élèves à sa résidence d'été de Castel Gandolfo, où, avec Otto Neubauer, de Vienne, je devais parler la Nouvelle Évangélisation et où j'ai relié mon expérience à Dresde avec un développement philosophique encourageant : à savoir que beaucoup de penseurs post-modernes se servaient (à nouveau) du thésaurus biblique. Mon sujet « Athènes et Jérusalem » était consacré au pape comme «Théoricien de la raison».

Dans un cadre à la fois simple et beau, j'ai de nouveau rencontré le Professeur au moment où - de retour des Journées mondiales de la Jeunesse à Madrid, un peu fatigué et voûté – il suivait avec attention les conférences et coordonnait le groupe de soixante anciens élèves, endiguant avec un grand sens de l'humour leurs envols intellectuels, les ramenant au sujet et corrigeant les réflexions philosophiques et autres hypothèses. Il y avait un climat serein d'amitié, mais également soutenu par l'atmosphère d'un séminaire universitaire, lorsque le Saint-Père encourageait ses «élèves» à prendre position ou soulevaient des objections. Ce qui était particulièrement impressionnant - comme j’en avais déjà fait l’expérience plusieurs fois – c’était la remarquable simplicité de ses manières. Il n'y avait pas une «cour», on pouvait se déplacer librement dans les espaces prévus et profiter de la vue magnifique sur le lac d'Albano et les jardins irrigués, et sur une Rome estompée dans la brume.

A midi, le dimanche eut lieu l’habituelle prière de l'Angélus, suivie par un bref discours du Pape. Déjà une heure avant, la cour intérieure de Castel Gandolfo était remplie de pèlerins. L'enthousiasme était perceptible comme une vague, bien avant que le pape ne ramène le calme, non sans difficulté. On pouvait observer avec quel naturel et avec quelle joie il était accueilli et il y avait de quoi avoir honte des médias d’Europe centrale qui faisait la course pour le championnat du monde du commérage, devant le succès énorme, évident, des Journées mondiales de la Jeunesse.
Ceux qui ont regardé l'imposante et majestueuse arrivée du pape en Allemagne, en Septembre 2011, et ont pu le rencontrer personnellement juste avant, se demandent pourquoi les médias veulent contrefaire son image. En tout cas, son charisme, immense et silencieux, sa profondeur et sa sagesse atteignent tous les hommes qui savent garder les yeux ouverts.

Encore un autre épisode. Un dimanche, lors de la rencontre avec le Cercle des anciens élèves, mon mari Hans-Bernhard Wuermeling et moi, nous avons été invités à prendre le petit-déjeuner avec le pape. Nous étions cinq, assis avec lui à une table. La conversation est naturellement tombée sur des questions théologiques. Mon mari raconte:
«Aux discours théologiques, moi, chercheur en médecine et en sciences naturelles, je ne pouvais pas participer, malgré l'atmosphère détendue. Pourtant, je ne voulais pas rester silencieux, assis à la table du petit déjeuner. Alors je me suis levé, j’ai pris une rose blanche dans un magnifique bouquet de fleurs, et je me suis approché du Pape. Ma femme craignait déjà le pire, mais j'ai demandé au Saint-Père si, entre autres choses, il voulait écouter une leçon de botanique. Le pape acquiesça, surpris, et je lui ai montré les sépales (ndt :Chacune des pièces formant le calice d’une fleur) de la rose, au nombre de cinq, et j'ai souligné qu'il y avait toujours alternativement, un sépale velu et un avec un bord lisse. Mais qu’en est-il du cinquième sépale? De manière surprenante – par un ordre supérieur - d'un côté il est lisse, et de l'autre il est velu, de sorte que dans les sépales l'élément lisse alterne avec le velu. De cette façon, expliquai-je au Pape la nature fait un compromis. C'est seulement plus tard que j'ai appris que cette particularité de la rose, qui a été maintenue jusqu'à des espèces très sophistiquées d’aujourd’hui, était connue depuis des siècles. En effet, on attribue à Albertus Magnus (fr.wikipedia.org/wiki/Albert_le_Grand), au XIIIe siècle, cette devinette en vers qui se rapporte justement à cela:

Il y a cinq frères,
Deux ont des barbes,
deux sont nés sans.
L'un des cinq
n'a pas de barbe d'un côté.

Si le pape a oublié les commentaires théologiques, peut-être n'oubliera-t-il pas l'information botanique».

* * *

A suivre...