Accueil | D'un Pape à l'autre | Retour au Vatican | Collages de Gloria | The hidden agenda | Lumen Fidei | Lampedusa | Benoît et les jeunes

Une interviewe de Peter Seewald

Rappel. Le biographe de Benoît XVI répondait aux questions de Kath.net avant le voyage apostolique en Allemagne, en septembre 2011: "Puisque ses opposants ne sont pas dignes de dénouer les lacets de ses chaussures ils deviennent d’autant plus agressifs"... "La situation est devenue tellement de travers dans les médias dominants, qu’on doit parler de manipulation".. (12/5/2013)

L'interviewe intégrale avait été traduite par Marie-Anne (http://benoit-et-moi.fr/ete2011).
Extraits.

     

Puisque ses opposants ne sont pas dignes de dénouer les lacets de ses chaussures ils deviennent d’autant plus agressifs. Ils construisent une espèce de fantôme, un ennemi «dangereux» pour justifier leur polémique guerrière et leur démagogie sans fard.
...

KATH.NET: (...) Vous connaissez très bien [le Pape Benoît] après plusieurs rencontres. Comment est-il en réalité et que pensez-vous de l’appellation dérisoire de “Panzerkardinal“ ?

Seewald : Oui, comment est-il vraiment ? De toute façon cette appellation “Panzerkardinal“ n’a rien à voir avec la personnalité de Ratzinger. Elle ne peut décrire ni son travail basé sur le dialogue, et surtout pas son être profond. Je pense que le pape Benoît est non seulement un des penseurs les plus importants de notre époque, un théologien de la stature des pères de l’Eglise, mais surtout un maître spirituel de très grande qualité. Un homme plein de finesse, de poésie, de sincérité et dénué de toute vanité. Un homme de cœur, à la fois intelligent et religieux qui se donne à sa tâche jusqu’à l’épuisement.
Avec cela il montre clairement que la foi n’exclut pas la raison ni la réflexion, au contraire, une pensée sans la foi restera toujours en deçà de la vérité. Il est ce pontife venant de l’Occident, qui sait montrer dans notre monde scientifique que la raison n’est pas contraire à Dieu, mais qu’elle est bel et bien l’expression de Dieu ; que Dieu est la substance de l’Etre et du Sens. Il démontre la recherche de la vérité par le moyen de la raison. Ratzinger explique Jésus non seulement en partant de la foi, mais aussi par une logique scientifique. C’est en cela consiste une des ses forces incomparables.
Je ne connais personne d’autre qui sache si bien écouter, si bien analyser. En plus, il dispose de l’art d’exprimer des choses compliquées de façon simple et compréhensible. Dans son discours qui ressemble souvent à une composition musicale, il y a quelque chose qui vous touche non seulement intellectuellement mais aussi spirituellement, parce qu’il élève l’âme de l’auditeur.
Aujourd’hui on sent, bien entendu, le poids des ans et la lourde charge qu’il porte sur ses épaules ; la sollicitude pour son Eglise, et souvent aussi le manque de soutien venant de son Eglise.
Le fait d’être devenu pape n’a rien changé dans sa personnalité, sa façon d’être, sa gentillesse. Mais je pense qu’en tant que pasteur, il est devenu encore plus humble, plus large d’esprit, plus sage.
Ce qui est décisif dans ce pape, c’est que, dans ce monde de nouveau menacé par l’athéisme, il met la question de Dieu au centre, et il nous montre à nul autre pareil, comment le Christ, qui est véritablement le Fils de Dieu, est à notre époque également le Seigneur de l’univers.
Cela représente aujourd’hui une énorme provocation même pour des gens qui se disent chrétiens. Mais si Dieu est absent, un Dieu qui nous connaît qui nous parle, qui nous aime et nous incite par ses exigences à la conversion, nous perdons les fondements d’une existence civilisée.
Comme dit Ratzinger, c’est “l’annonce de la foi qui est le cadeau le plus précieux que l’Eglise peut offrir à l’humanité”.
Voilà la différence avec ceux qui veulent des “réformes”. Voilà quelqu’un qui ose aller jusqu’au fond du mal, jusqu’au plus difficile, pour opérer une sorte de purification fondamentale, un retour à l’origine.
C’est lui, ce pontife Occidental qui démontre dans un monde post-scientifique devenu si matérialiste que la raison et la science ne sont pas en contradiction par rapport à la foi, mais qu’elles en font partie intégrante comme expression de Dieu, de ce Dieu qui est la substance de l’Être et du Sens.
Le pape Benoît peut clarifier et purifier les choses. A une époque de confusion, de l’ésotérisme et des faux prophètes, c’est un trésor inestimable. Je pense que cela fait partie des secrets justement d’un pape allemand.

KATH.NET: Peut-on critiquer le pape ?

Seewald : Il n’est pas interdit de critiquer le pape lorsqu’on est catholique
Ratzinger exige justement l’échange des points de vue. Mais il faut que ce soit honnête. Si les hommes politiques ou les dirigeants des médias adoptent le style des jacobins et du régime de la guillotine, ce n’est pas drôle. Dans l’affaire Williamson et aussi au sujet des abus sexuels il s’agissait d’une campagne chez les journalistes dépassant toute mesure. C’est pourquoi il est devenu difficile de percevoir l’atmosphère véritable qui règne dans le pays. Si on croyait à l’opinion publique il ne resterait plus personne en Allemagne qui s’intéresserait au pape.
Mais en réalité, ses livres occupent toujours les premières places sur les listes des best-sellers.

KATH.NET: Que pensez-vous sur l’information en Allemagne autour du pape Benoît ?

Seewald: Nous sommes arrivés en ce domaine à une manipulation subtile de l’opinion pouvant être qualifiée de dictature de l’opinion dans la mesure où la désinformation ou l’omission volontaire des nouvelles sont admises comme quelque chose de normal. Je pense qu’une analyse scientifique pourrait le prouver. Même l’agence de presse catholique (KNA) ne se laisse pas aujourd’hui surpasser lorsqu’il s’agit de critiquer l’Eglise en s’afficher comme anti-romaine.
Entre-temps la situation est devenue tellement de travers dans les médias dominants, qu’on doit parler de manipulation. Il s’agit d’étouffer certaines nouvelles pour valoriser des événements insignifiants en les falsifiant, pour les instrumentaliser. Sans parler du ton odieux lorsqu’on qualifie les fidèles du pape comme « catholique obscurantistes » ou « catholiques supporters » jusqu’à leur discrimination.
Un exemple : Les représentants de « Nous sommes l’Eglise » (Wir sind Kirche“), cette fraction hostile au pape, qui, durant 15 ans n’a pas réussi à regrouper un grand nombre d’adhérents, reçoit dans les médias allemandes une audience plus importante que tous les évêques ensemble.
Dans l’autre sens, les lecteurs allemands des grands événements, comme par exemple les JMJ de Madrid qui rassemblait plus d’un million de participants, n’étaient informés que sous l’angle des manifestations anit-JMJ avec 5000 puis 150 participants !
Et lorsqu’il s’agissait des abus sexuels le Spiegel n’avait pas honte de citer des phrases tirées du contexte des homélies du pape pour en donner une autre signification.
...