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Divorcés remariés

Un autre défi posé au Pape... Rappel de propos tenus par Mgr Negri en 2010 (17/9/2013)

Je suis obligée de répéter pour la millième fois, de manière récursive, l'aphorisme génial de Joseph de Maistre, qui pourrait servir de "devise" à mon site:

"Entre l'inconvénient de se répéter, et celui de n'être pas entendu, il n'y a point à balancer".

Les médias en usent et abusent, évidemment, et ils ont un gros avantage sur moi, c'est qu'ils se servent mutuellement de caisse de résonnance.
Par exemple, le thème du célibat des prêtres les fait en ce moment particulièrement saliver, alors qu'on se demande en quoi il les concerne. Mais on imagine à quoi il leur sert, et ils ne s'en privent pas.
Sur les divorcés remariés - autre thème chaud - voici ce que François a dit aux prêtres de Rome qu'il a rencontrés hier à huis-clos (VIS):

Revenant sur l'image des périphéries de l'existence, le Pape a abordé la question des divorcés remariés, "qu'avait tant à coeur Benoît XVI: Ce problème ne saurait se réduire à communier ou non... C'est un problème grave qui...engage la responsabilité de l'Eglise face aux familles dans cette situation. Aujourd'hui l'Eglise doit faire quelque chose pour résoudre la question de la nullité matrimoniale. De ceci il sera question début octobre au Vatican, mais aussi lors du prochain synode des évêques sur le rapport entre l'Evangile, la personne et la famille. Il est absolument nécessaire d'aborder synodalement le sujet. Il s'agit d'une périphérie existentielle".

Wait and see. Mais on voit bien que des gens essaient de "tirer le saint-Père par la soutane", exercice classique, et il j'ai l'impression qu'il ne se laissera pas faire: ce n'est pas sur ce front que les ligne bougeront - au moins en priorité.

J'y avais consacré un article en avril dernier, reproduisant en particulier ce que disait Joseph Ratzinger à Peter Seewald dans "Le Sel de la Rerre", et ses propos, en juillet 2005 au clergé du Val d'Aoste: benoit-et-moi.fr/2013-II/benoit/la-communion-pour-les-divorces-remaries.html

A lire, relire, et re-relire, bien sûr! En gardant à l'esprit la phrase de Joseph de Maistre.

Toujours sur le sujet, et pour fournir des arguments à qui en a besoin, je reprends ici les propos tenus en juin 2010 par Mgr Luigi Negri, un prélat décidément "senza peli sulla lingua"!!

     

- Mgr Negri , commençons par l'objection la plus commune, peut-être désinvolte, mais qui a cependant une certaine prise parmi les catholiques: pourquoi tant d'intransigeance de l'Eglise envers les divorcés non remariés, au point qu'on la considère comme plus sévère à leur égard qu'à l'égard d'autres groupes de pécheurs , comme les voleurs ou les gens malhonnêtes?

"Admettant le fait (que je ne partage pas) que la deuxième partie de la question est vraie, à savoir que l'Eglise n'utilise pas la bonne balance entre la gravité des péchés, il ne s'agit pas tant d'intransigeance envers les divorcés non remariés, que d'un devoir envers Dieu. La première défense que l'Eglise doit mettre en pratique est en effet celle des droits de Dieu; la fidélité et l'unité des époux sont enracinées dans la fidélité de Dieu , le mariage est un sacrement du Christ et l'Eglise doit respecter ce qui lui est confié non pas pour le manipuler, mais pour rester aussi fidèle que possible au message d'origine.
Nous devons aussi dire une chose très claire: faire valoir que les divorcés remariés sont exclus de la vie chrétienne est faux, c'est le résultat d'une mentalité laïciste et terroriste; chaque fidèle vit dans l'Église selon sa capacité et il n'est pas dit que la participation à la vie ecclésiale devrait se niveler sur la pratique de l'Eucharistie: il y a toute une graduation de positions, en réponse aux cas où l'on peut se trouver, y compris volontairement. Donc, on ne peut pas seulement raisonner du point de vue des conditions individuelles,dans la mesure où y a aussi l'implication de la liberté personnelle dans le choix de se mettre dans une certaine situation, et chacun doit assumer la responsabilité des décisions qu'il prend. Envers les divorcés qui ne se remarient pas, en effet, l'Eglise se garde bien de pratiquer ce qu'on appelle intransigeance".

- Une autre accusation récurrente: le processus d' annulation du mariage catholique est très coûteux , il est long, il n'obtient une issue positive que si on a des amis haut placés et c'est seulement un "truc" pour accorder le divorce aux habituels privilégiés ... Comment réfutez-vous cela?

"Ces allégations font partie d'un classique "légende noire" qui doit être définitivement démontée. L'Eglise est extrêmement légaliste, elle mène des procès dans lesquels tous les facteurs sont pris en compte, sans aucun préjugé. La question économique ne se pose pas vraiment: en effet , c'est souvent le diocèse qui offre l'assistance juridique et on peut tout faire sans dépenser pratiquement rien. Le problème est assez différent: aux dires mêmes des deux derniers Papes, s'exprimant devant les tribunaux ecclésiastiques, il y a un certain laxisme dans l'octroi de la nullité du mariage.
Je crois en effet qu'il y a un danger que l'Eglise ne cède parfois assez facilement à la pression ou la mentalité de masse. Mais cette objection est exactement dans la direction opposée à celle dont nous sommes partis"

- A propos de l'interdiction de la communion pour les divorcés remariés, vous avez écrit: "Les sacrements ne sont pas un droit acquis. Dans la mentalité de nombreux chrétiens, il se glisse parfois une idée de revendications syndicales". Bien sûr, on peut vivre et être un chrétien sans recevoir l'Eucharistie; pourtant, il est beau d'aspirer à la pleine communion, non?

" Il est vrai que l'Eucharistie est le sommet de la vie chrétienne. Mais si je me suis sciemment et librement mis dans les conditions de ne pas atteindre ce sommet, je ne peux pas prétendre le faire à tout prix ... Personne n'a droit à aucun sacrement, tous sont le fruit de la grâce du Christ. Et la privation de la pratique des sacrements n'est pas comme l'excommunication latae sententiae contre ceux qui pratiquent l'avortement; elle n'exclut pas la possibilité de vivre dans l'Eglise, sans toutefois atteindre le sommet. D'autre part, personne n'a forcé ces frères à divorcer, et encore moins l'Eglise. Et atteindre au point culminant de la liturgie n'est pas un absolu. Il faut savoir comment traduire cette volonté dans la prière et le sacrifice: la communion de désir, comme on disait autrefois".

- Donc, pour les divorcés remariés, il n'y a - disons les choses ainsi - aucun raccourci .

" Ils doivent supprimer la condition d'irrégularité dans laquelle ils se sont mis: la nouvelle situation affective, ce qu'on nomme les nouvelles familles, le mariage civil, ce qui ne permet pas de participer pleinement à la vie de l'Église; mais pas depuis aujourd'hui: depuis toujours! Donc, la vérité est que dans tous les cas , il faut faire un sacrifice. Pour le reste, je répète que dans l'Église il y a une très belle articulation de charismes et de possibilités: qui empêche , par exemple , les divorcés remariés de vivre emalgré tout une intense vie de charité ou de prière ? " .