Accueil

François et Eugenio

J'ai traduit quelques "pépites" de leur conversation. De quoi rendre perplexes (1/10/2013)

>>> François reçoit Scalfari...

Ces choses devaient-elles être dites à un Scalfari, qui bien sûr s'en délecte?

* * *

Je ne traduis pas tout, et pas dans l'ordre, parce que c'est long, répétitif, et que cela m'ennuie, mais je ne fais aucune désinformation, et je n'empêche personne de se plonger dans le texte original.
J'espère donc qu'on ne me fera pas le procès habituel d'avoir sorti des phrases de leur contexte... Tout est ici très clair.

     

Extraits

- Les maux les plus graves qui affligent le monde en ces années, c'est le chômage des jeunes et la solitude dans laquelle on laisse les vieux...
(ndt: moi je croyais que le mal le plus grave, c'était l'absence de Dieu... Ce propos est celui d'un philanthrope, pas d'un Pape)

- (traduction Yves Daoudal) Le prosélytisme est un non-sens monumental, ça n’a pas de sens. Nous avons besoin de nous connaître les uns les autres, de nous écouter les uns les autres et de développer la connaissance du monde qui nous entoure. (…) Le monde est traversé de routes qui se rejoignent ou qui s’éloignent, mais la chose importante est qu’elles conduisent au Bien.


- Nous devons redonner de l'espérance aux jeunes, aider les vieux, nous ouvrir au futur, répandre l'amour, pauvres parmi les pauvres. Nous devons inclure les exclus et prêcher la paix. Vatican II, inspiré par le Pape Jean, et Paul VI, décida de regarder l'avenir avec un esprit moderne, et de s'ouvrir à la culture moderne. Les pères conciliaires savaient que s'ouvrir à la culture moderne signifiait oecuùménisme religieux et dialogue avec les non-croyants. Depuis lors, peu a été fait dans cette direction (!!!). J'ai l'humilité et l'ambition de vouloir le faire.

- (traduction sur Le Salon Beige):
"La politique est la première des activités civiles et possède son propre champ d'action, qui n'est pas celui de la religion. Les institutions politiques sont laïques par définition et opèrent dans des sphères indépendantes. Cela a été dit par tous mes prédécesseurs, au moins pendant de nombreuses années ici, quoique avec des accents différents. Je crois que les catholiques engagés en politique ont en eux les valeurs de leur religion avec une conscience mature et l'expertise pour les mettre en œuvre. L'Église n'ira jamais au-delà de la tâche d'exprimer et de diffuser ses valeurs, au moins tant que je serai là".

- Je suis l'évêque de Rome et le Pape de la catholicité, et j'ai décidé comme première chose de nommer un groupe de huits cardinaux qui soient mon Conseil, non pas des courtisans mais des personnes sages, mais animées des mêemes sentiments que moi. Tel est le début (!!!) de cette Eglise avec une organisation verticale mais ausi horizontale. Quand le cardinal Matini en parlait, en mettant l'accent sur les Conciles et sur les Synodes, il savait parfaitement combien était longue et difficile la route à parcourir dans cette direction. Avec prudence, mais fermeté et ténacité.

- -

Question de Scalfari: Avez-vous ressenti votre vocation dès votre jeunesse?
- Non, pas très jeune. J'aurais dû faire un autre métier, d'après ma famille, travailler, gagner de l'argent. J'ai été à l'Université. J'ai eu une enseignante pour laquelle j'ai conçu respect et amitié; elle était une fervente communiste. Souvent, elle me lisait, ou me donnait à lire des textes du parti communiste. Ainsi, j'ai connu cette conception très matérialiste. Je me souviens qu'elle me fit aussi avoir le communiqué des communistes américains en défense des Rosenberg, qui avaient été consdamnés à mort. La femme dont je parle a été ensuite arrêtée, torturée et tuée par le régime de dictature qui gouvernait alors en Argentine.
...

Scalfari: Je ne suis pas anticlérical, mais je le deviens, quand je rencontre un clérical (ndt: comme Benoît XVI, sans doute, qu'il a poursuivi pendant 8 ans de sa vindicte)
- (Sourire): à moi aussi, il arrive, quand je suis face à un clérical, que je devienne anticlérical. Le cléricalisme ne devrait avoir rien à voir avec le christianisme. Saint Paul qui fut le premier à parler aux Gentils, aux païens, aux croyants d'autres religions, a été le premier à nous l'enseigner..

- Je n'aime pas la parole 'narcissisme', elle indique un amour immodéré envers soi-même, et cela n'est pas bien, cela peut produire de graves dommages non seulement à l'âme de ceux qui en sont atteints, mais aussi dans le rapport avec les autres, avec la société dans laquelle on vit.
La vraie difficulté est que les plus atteints par ce qui est en fait un vrai trouble mental, ce sont ceux qui ont beaucoup de pouvoir. Souvent les chefs sont narcissiques (ndt: c'est vrai que si moi, je suis narcissique, tout le monde s'en fiche, à juste titre!)

Scalfari: Beaucoup de chefs de l'Eglise l'ont aussi été
- Vous savez ce que je pense à ce sujet? Les chefs de l'Eglise ont souvent été narcissiques, flattés et excités "de mauvaise façon" par leurs courtisans. La cour(tisanerie) est la lèpre de la papauté.

Scalfari: La lèpre de la papauté, c'est exactement ce que vous venez de dire. Mais quelle est la cour? Faites-vous allusuion à la Curie?
- Non, à la Curie, il y a parfois des courtisans, mais la Curie dans son ensemble, c'est autre chose. C'est ce que dans les armées on appelait l'intendance, elle gère les services qui servent le saint-Siège. Toutefois, elle a un défaut: elle est vaticano-centriste. Elle voit, et s'occupe des intérêts du Vatican, qui sont encore en grande partie des intérêts temporels. Cette vision vaticano-centriste néglige le monde qui nous entoure. Je ne partage pas cette vision, et ferai tout pour la changer. L'Eglise est, ou doit redevenir une communauté du peuple de Dieu, et les prêtres, les curés, les évêques en charge d'âme, sont au service du peuple de Dieu. L'Eglise, c'est cela, une parole, pas par hasard, distincte du Saint Siège qui a une fonction importante mais est au service de l'Eglise.

* * *