Accueil

Où va le pape François?

Le malaise d'un catholique insoupçonnable et engagé, Antonio Mastino, l'auteur du blog ami "Papale papale" (2/10/2013)

     

L'ultime épisode de l'interviewe de Scalfari pose quelques questions troublantes. Foi et raison, a dit Benoît XVI, sont les piliers du catholicisme. Rien n'interdit donc de les poser, d'autant plus que sont en question les opinions personnelles du Pape, pas le Magistère

     

Quand Eugenio devient papiste et François "républicain"
Antonio Margheriti Mastino
1er octobre 2013
http://www.qelsi.it/2013/la-sera-andavamo-a-santa-marta-se-eugenio-diventa-papista-e-francesco-repubblichino/
---

Dans l'interviewe officielle au père Spadaro de la Civiltà Cattolica, ce jésuite du pape dit: «... le pape m'avait parlé de sa grande difficulté à donner des interviews. Il m'avait dit qu'il préfère penser plutôt que de donner des réponses exprimées d'un jet lors d'interviewes sur le moment. Il sent que les réponses justes lui viennent après la première réponse: "Je ne me suis pas reconnu moi-même quand sur le vol de retour de Rio de Janeiro, j'ai répondu aux questions des journalistes" ». Pas vraiment satisfaisants, certains dédoublement de la personnalité chez un pontife!
Mais je ne suis pas surpris: déjà comme cardinal, dans un livre-intervewe, conscient de sa façon de faire autoritaire et précipitée, il avait reconnu que «j'ai appris avec le temps que quand je prends sur deux pieds, pressé par les événements, une décision, elle est immanquablement mauvaise: la bonne est la seconde, après avoir réfléchi». Une leçon que semble avoir oublié le pape, malheureusement.

Donc, le pape admet ne pas se sentir à l'aise et reconnaît la nécessité de devoir peut-être corriger quelque chose: pourtant, il y retombe, c'est plus fort que lui, il téléphone à Scalfari et fixe un rendez-vous pour une interviewe. J'ai été frappé par le commentaire, sur facebook, d'une étudiante de 20 ans, une sicilienne: «François et Eugenio font la course à qui dira les choses les plus insensées et confuses et continuent tout au long de l'interviewe à se faire des coups de chapeau réciproques. Deux personnages narcissique et vaniteux: ils sont faits pour s'entendre».

L'entretien avec Spadaro et Scalfari, donc. Celui-ci en particulier. Où, dans certains passages, il semble contredire l'interviewe officielle. Et puis ce "sentiment" .... comme s'il voulait ou avait voulu donner raison à l'interprétation, disons même à l'herméneutique que Scalfari a donnée de la célèbre lettre au pape à Repubblica. Qui désormais, en plus d'être depuis des temps immémoriaux le journal le plus clérical qui soit imaginable, y compris dans son anti-cléricalisme, l'est, en fin de compte, comme certains athées, et ne parle que de choses de l'Église: on dirait l'Osservatore Romano des riches, qui remplace celui des pauvres, qui est au Vatican. Tant et si bien que maintenant les lettres papales au journal "radical-chic" sont directement classées parmi les documents officiels du Saint-Siège et sont présentées comme des actes du Magistère. Allons-nous tous mourir "républicains" plutôt que catholiques?

On s'efforce de comprendre, d'accepter sans coup férir tout ce suintement, ce flot de bavardage "papalin" venant après ses réprimandes de la veille contre le "bavardage au Vatican", cette quotidienne coulée lavique d'amènités et d'extravagances bergogliennes , mais cela devient de plus en plus difficile. Comprendre et accepter passivement. La confusion, la désorientation, sont là, et elles augmentent chaque jour pour un catholique qui essaie de faire de l'apostolat. Cependant, cette fois, nous ne nous tairons pas, l'interviewe n'étant pas un acte de magistère, mais ses opinions, étranges et discutables «à mon avis» sur une image de l'Eglise quelque peu subjective, onirique parfois.


Le Pape ne doit pas changer l'Église parce qu'elle n'est pas à lui : il doit la servir
-----
Nous ne sommes pas appelés à «changer» l'Eglise - c'est l'enseignement de tous les saints - mais à la servir, tandis que François a hâte de la changer comme il la veut, lui, en admettant qu'il sait vraiment ce qu'il veut.
Question de Scalfari, à propos de l'exemple de saint François: «Vous devrez suivre le même chemin?»
«Je ne suis certes pas François d'Assise et je n'ai pas sa force ni sa sainteté. Mais je suis l'évêque de Rome et le Pape du monde catholique. J'ai décidé comme première chose de nommer un groupe de huit cardinaux qui sera mon conseil. Pas des courtisans, mais des personnes sages et animées par les mêmes sentiments que moi. C'est le début de cette Eglise avec une organisation non seulement verticale mais aussi horizontale. Quand le cardinal Martini en parlait, mettant l'accent sur les Conciles et les Synodes, il savait très bien combien ce serait long et difficile d'aller dans cette direction. Prudemment, mais avec fermeté et ténacité».

Animée par les mêmes sentiments? Mais c'est une Eglise subjective: ceux qui ne pensent pas comme lui, n'ont pas cette image de l'Eglise, en sont exclus automatiquement, ipso facto? Non, enseigne Benoît XVI, pas même le Pape ne peut imposer une Église comme il la veut lui: ce n'est pas un hasard si tout au long du mois de Février, il a dit à chaque sortie «rendre l'église au Christ»; et saint Pie X disait restaurer “omnia in Christo”. Certains ont vu (comme d'habitude, les réponses de François peuvent facilement être interprété dans l'un ou l'autre sens) une autre perpective, diamétralement opposée, dans ces déclarations: «Non, non. "Animé par mes propres sentiments", je le comprends au contraire d'une autre manière. Pas une Église subjective, mais une Église qui sent avec le pape». Tout peut désormais arriver, même qu'il y ait un sens orthodoxe dans les choses que disent des papes.

Mais l'Église «selon Martini»? Mais c'est quoi, cette absurdité? Le Conseil des Cardinaux «animés» par les mêmes sentiments que lui? Mais c'est quoi, cette extravagance? S'ils sont animés par les mêmes sentiments, il n'y aura aucune contradiction, il n'y aura aucune proposition différente, à la face de la liberté d'expression, et, finalement, il n'y aura même pas besoin d'un «Conseil» pour se faire dire «tu as raison». Un Conseil est également fait avec des gens qui ne pensent pas comme vous, mais qui doctrinalement sont impeccables, sinon on crée un Conseil subjectif, une cage avec des perroquets à l'intérieur. Des perroquets savants.

Et puis le même vieux slogan qui sent la pourriture, mais qui rend toujours les journalistes heureux: «L'Eglise doit s'ouvrir à la modernité», et cela manquait, mais c'était entre les lignes qu'il dise «s'adapter». Mais l'Église est un signe de contradiction et le sera toujours, et elle ne pourra jamais «s'adapter» à la modernité, ni à aucun parti, ni à aucun sentiment mondain.

«L'église doit s'ouvrir à la modernité», mais qu'est-ce que cela signifie? A part les technologies devant lesquelles nous tirons notre chapeau, voulons-nous oui ou non réaliser que la modernité comme le monde la conçoit, non seulement a échoué, mais elle est agonisante, elle s'est dépassée elle-même, et nous sommes déjà à la post-modernité? Que signifie ce slogan? à qui profite-t-il? L'ennui, c'est que Bergoglio sait très bien en quoi consiste cette modernité et il l'a dénoncée à plusieurs reprises: dans la solitude, l'isolement de l'homme, la rupture des liens d'affection, l'anarchie de l'égoïsme, la mort morale de l'homme né comme être social, c'est la dictature de l'individualisme selon la doctrine libérale, autrement dit la chose la plus anti-chrétienne qu'on puisse imaginer. Il le sait, mais il feint de ne pas le savoir. Afin de ne pas déplaire à Scalfari. Mais c'est au Christ et au peuple catholique qui, parmi mille tempêtes, chaque jour, navigue à vue, à eux, et pas à la Repubblica, qu'il doit rendre compte.

Et pourtant Dieu « est catholique ». Et le pape?
-----
Scalfari dit : «Je suis reconnaissant pour cette question». La réponse est la suivante: je crois en l'Être (Essere), c'est-à-dire dans le tissu d'où surgissent les formes, les corps (Ente)». Par moments, il lui échappait "Essere", "Ente", ne manquait que le Grand Architecte pour compléter la triade maçonnique.
Et le pape à lui : «Je crois en Dieu, pas en un Dieu catholique, il n'y a pas de Dieu catholique, Dieu existe. Et je crois en Jésus Christ, son incarnation. Jésus est mon maître et mon pasteur, mais Dieu, le Père, Abba, c'est la lumière et le Créateur. C'est mon Être. Pensez-vous que nous sommes très éloignés?»
Il avait raison, Rino Camilleri , l'écrivain catholique, quand en 2009, il a signé le livre, en ce moment prophétique, «Dieu est-il catholique?».

Interrogé à ce sujet: «Vous dites que le seul Dieu est catholique. Pourquoi?» Camilleri avait répondu:
* * *
«Dans mon pamphlet, un certain Théophile, un homme "en recherche" (comme on dirait aujourd'hui) me demande qui est Dieu. Pourquoi à moi? Parce qu'il sait que je suis un croyant. Moi (ie l'auteur), je lui réponds comme je sais le faire. Et je lui déroule les raisons qui m'ont amené à considérer qu'il est très probable que Dieu, s'il existe, est catholique. Autrement dit, qu'il est exactement celui qui prêche depuis deux mille ans l'Église de Rome.
"Pourquoi ne peut-il pas être musulman, Juif, ou de quelque autre religion?"
Camilleri : Aujourd'hui, en matière de religion, ce qui manque, c'est la demande, et pas l'offre. Théophile est quelqu'un qui à un moment donné, comme Pascal, s'est dit: si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer. En fait, quelqu'un qui se rend compte de la nécessité d'un Dieu a déjà fait une grande partie du chemin. Mais, quand vous regardez autour, vous vous trouvez dans un supermarché du sacré, avec des étagères qui présentent une grande variété. Par définition, une seule peut être la bonne, parce que Dieu, s'il existe, n'a aucun intérêt à nous induire dans la confusion. Tout mon livre est destiné à faire en sorte que Théophile s'adresse directement à la source pour connaître la vérité.
Voilà ce que disait Camilleri.

C'est vrai, soutient une de mes amis , que «François veut probablement dire que Dieu "n'est pas catholique" dans le sens que Dieu n'est jamais enfermé dans quelque chose, mais qu'il est catholique, les Pères le disaient pour signifier précisément son universalité». Mais à la fin, mon amie écarte les bras, écrasée, après sa tentative de salto théologique: «... s'il dit être le Pape du catholicisme mais dit ensuite que "Dieu n'est pas catholique"... au diable ... c'est impossible, de devoir expliquer chaque réplique».
* * *

Ouvrir "La Repubblica" chaque matin comme si c'était l'Evangile
---
Il y a aussi un aspect positif dans ce torrent irrésistible de mots qui déborde de Sainte Marthe presque jusqu'à noyer le christianisme: cela fait un moment que le pape a renoncé à se dire juste "évêque de Rome", et du reste, son autoritarisme serait difficilement justifiable avec une aussi maigre qualification. Même devant Scalfari, il se réfère à lui-même en disant: «Je suis évêque de Rome et pape de la catholicitée»; l'autre jour, il avait renvoyé à lui-même à la troisième personne comme «père». Nous avons fait des progrès. Je m'attends à ce que d'un jour à l'autre, il déclare sa nature divine.

Maintenant, cependant, il commence à être temps d'arrêter de faire le "piacione" (celui qui plaît à tout le monde) chaque jour dans les journaux, à mesurer les mots, en dire moins et travailler un peu plus, et en silence. Avant qu'il ne devienne totalement indéfendable (et Dieu sait combien de venin nous avalons chaque jour pour ne pas être tentés de perdre patience), aussi parce que la confusion qu'il crée chez les catholiques devient évidente: un jour il dit une chose, un jour une autre, toujours des demi-phrases obliques jetées là sans précision, délibérément ambiguës et, d'ailleurs, la seule chose qui reste claire, c'est l'herméneutique de Scalfari: moi, je le dis clairement, je ne me règle pas selon les papes, mais dans le doctrine, toutefois je me rends compte que les papes pourraient annuler tous mes efforts. La confusion parmi les catholiques est là, je la ressens sur moi-même, et je suis un catholique militant, au moins j'essaie ... J'ai essayé de faire de l'apostolat de ce qui me semblait être, comme on me l'a dit de Rome, la «vérité». Même ecclésiologique. Maintenant, j'ai des doutse, et à chaque fois que le pape parle, ces doutes se multiplient, pas la certitude, qui faiblit, même. Il est bon, comme Jésus, de laisser les 99 brebis pour poursuivre celle égarée, qui dans ce cas est Scalfari, mais jouer toute la journée à cache-cache avec Scalfari, en laissant le troupeau s'éloigner, je pense que c'est trop.
Nous ne pouvons pas lire La Repubblica tous les matins pour voir si nous sommes dans la grâce de Dieu, pire: si nous sommes catholiques ou non. Nous ne voulons pas mourir "républicains", mais catholiques! Il est temps que Bergoglio s'arrête pendant 5 minutes de parler. En roue libre!