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François et l'audimat

Après le triomphe de la visite à Assise, une très intéressante réflexion lue sur le blog d'un journaliste italien, collaborateur de Il Giornale, Maurizio Caverzan (6/10/2013)

La "popularité" du Pape mesurée par "l'audimat", voilà qui ne laisse pas d'inquièter (...), ou à tout le moins de surprendre.
Mais la "demande de sens" qu'elle exprime est certainement un signe fort, que nos gouvernants auraient tort de ne pas prendre en compte.

     

Pourquoi le Pape François fait exploser l'audimat
http://blog.ilgiornale.it/caverzan/2013/10/05/perche-papa-francesco-sbanca-lauditel/
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Rien de construit, rien de «médiatique»: mais il y a un nouveau phénomène qui remplit le petit écran ces jours-ci. C'est la figure du pape François. Sa personne, ses gestes, ses actes. Ce n'est pas un programme qui suit l'audimat, basé sur des alchimies spécifiques et plus ou moins scientifiques de marketing. Sans être ni histrionique ni télégénique, Bergoglio devient, bien sûr involontairement, une star de la vidéo.

Hier matin, la messe célébrée à Assise a été suivie sur Rai Uno par un million 566 mille téléspectateurs, soit 23,14% des parts d'audience. Dans le même temps, avec une audience constamment supérieure à 5% et une moyenne de 6,53%, Tv2000, la chaîne de la Conférence épiscopale italienne, qui a suivi tout au long de la journée Bergoglio à Assise, s'est classée en cinquième position, derrière Rai Uno, Canale 5, LA7 et Rai tre.

Dans l'après-midi, une audience encore élevée pour la rencontre avec les jeunes. L'audience moyenne sur toute la journée a été de 2,21%, avec des pics de 8,44%, alors que normalement, la chaîne de la CEI ne dépasse pas 1%.

Certes, le pape François n'a pas la capacité de «crever l'écran» qu'avait Jean-Paul II.
Mais la portée de ses gestes saisit une demande de sens de plus en plus répandue dans la société à un moment comme celui-ci. Loin des critères des gourous de la télévision, les parts d'audience élevées de François expriment la perception d'un témoignage authentique de foi vécu comme événement contemporain. Un témoignage qui démasque les manièrismes en vogue dans le monde catholique. «Les chrétiens de pâtisserie», a-t-il dit hier à Assise, parlant d'une Église qui ne se dépouille pas de la «mondanité spirituelle». Ou la tentation de s'en tirer avec une tape dans le dos et un appel au courage, comme le ferait un «employé de l'Église», a-t-il souligné lors de sa dernière visite en Sardaigne, devant les ouvriers et les chômeurs. Il y a deux jours, son «Honte!» après le massacre au large de Lampedusa a interprété le sentiment d'indignation qui traverse le cœur de tous.

Comme le savent les politiciens, les audiences de télévision sont souvent l'indice de quelque chose de grand. De nombreux Italiens ont trouvé chez le pape Bergoglio un leader en qui se reconnaître.