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Le Pape ami avec les médias

Caroline fait sa première communion... mais en robe noire. La spécialiste religions de Paris-Match a assisté à la messe du Pape, au premier rang, et elle semble avoir été touchée par la grâce (6/10/2013)

     

On se souvient, pourtant, comment pendant huit ans, elle a poursuivi Benoît XVI de sa haine implacable, multipliant les insinuations sournoises et les fausses rumeurs perfides - comme par exemple son "scoop" de juin 2012 (Cf. une-fee-malefique-a-ses-entrees-au-vatican), où elle annonçait qu'il avait renoncé à son voyage au Liban... et tant d'autres.
Il est vrai que là, elle anticipe la promotion d’un livre à venir sur le pape François, co-écrit avec le jésuite Henri Madelin (il enseigne à l'IEP: très intéressant auto-portrait ici), comme par hasard invité d'Arlette Chabot samedi sur Europe 1, associé à Paris-Match dans le groupe Lagardère, où elle fait fonction de "grand" reporter.

Sur Paris Match de cette semaine, elle « brode » donc autour de sa visite sur deux pleines pages, auxquelles s’ajoutent deux photos chacune sur deux pages. Soit pas moins de six pages en tout.
J'ai sacrifié 2 euros 50 afin de faire profiter mes lecteurs du récit édifiant de sa conversion.
La dernière phrase laisse supposer qu’elle espère obtenir (ou qu’elle a déjà obtenu) un rendez-vous en tête-à-tête.

Il ne faut peut-être pas prendre au pied de la lettre le compte-rendu de son entretien privé avec le pape.
Mais on ne peut nier qu'il sait utiliser les médias - pour le bien de l'Eglise?

La messe du Pape

On voit que CP a même pu emmener sa photographe

     

Extraits

Il a les yeux mi-clos. Quelle émotion de voir à quelques mètres le pape François en dialogue avec Dieu
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La place Saint-Pierre est déserte.
Il fait nuit, le ciel tutoie encore le diable (?). Le secrétaire particulier du pape François m'a informée que j'étais invitée à la messe privée de Sa Sainteté et qu'il faudra me présenter à 6h30 à l'entrée du Vatican, devant les grilles encore fermées.
Me voici donc au rendez-vous devant la porte du Perugino, à gauche de Saint-Pierre. Consciente d'être une privilégiée, car le Saint-Siège reçoit des centaines de demandes quotidiennes depuis que l'archevêque de Buenos Aires a été choisi par ses pairs.

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A 7 heures précises, Sa Sainteté se trouve face à nous. On l'a à peine vu entrer. Lui n'a d'yeux que pour la petite croix de bois posée, entre les deux cierges, au centre du massif autel de pierre. Ce matin, il n'est plus l'homme le plus populaire du monde, celui qui, aux JMJ de Rio, était entouré de 3,5 millions de pèlerins, mais simplement un mystique, s'abandonnant, les yeux mi-clos, dans la prière. Quelle émotion de voir à quelques mètres de soi le pape François en dialogue avec Dieu. Sa voix est basse. Le ton sera plus affirmé lors de l'homélie, quand il critiquera « la culture du bien-être, les honneurs » et désignera « la route de Jésus pour la chrétienté, la capacité de porter avec joie et patience les humiliations [...] afin d'avancer dans la vie ».

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A la fin de l'office, le Pape nous bénit, puis repart. Il va quitter ses parements liturgiques. Quelques instants après, il est là de nouveau, encore plus près de nous. Il s'assied sur un banc, tel un modeste chrétien. Quel contraste avec le pape conquérant qui fascine la terre entière ! Il prie, seul, immobile et fixe l'autel. Après une dizaine de minutes, le Saint-Père sort de la chapelle pour rejoindre l'atrium. On ne se sent plus au Vatican mais chez lui.

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Aucun huissier en gants blancs et lourde chaine d'argent croisée à ses armoiries n'est là pour nous présenter. Le protocole a été allégé à sa demande; il sait qui sont ses invités. Son secrétaire particulier reste à l'écart. Un prêtre de son entourage m'indique juste de rejoindre la file, et un majordome me débarrasse de mon sac afin que je n'en sois pas encombrée. De même, lorsqu'on offre un cadeau au Souverain Pontife, il est immédiatement mis de côté. En chef d'Etat qu'il est aussi, il doit toujours avoir les mains libres, c'est l'usage. Avec le pape François, plus question de plonger ni de baiser son anneau pontifical: on se prosterne avec respect, en faisant un léger signe de la tête. Je suis néanmoins si émue que j'ai peur de lâcher la bouteille de Chateauneuf-du-Pape que je lui ai apportée. Impressionnée, je regarde ses pieds. Il porte de confortables chaussures noires à lacets, usées au point que le bout semble remonter. C'est déjà mon tour... «Alors, comment allez-vous depuis que vous m'avez interrogé sur les jésuites dans l'avion qui nous ramenait de Rio? Et votre livre? » me demande le Pape, affable, avec un grand sourire. «Très Saint-Père, vous faites chaque jour tant de choses que je vous cours après dans mes pages... » Il lève les bras: «Je vous crois, mais il y a tellement de travail ! Vous savez, le père Madelin, avec lequel vous écrivez, était provincial comme moi. J'imagine que vous consacrez beaucoup de temps à l'écriture car les jésuites sont rigoureux et exigeants... » Le père Madelin est aussi sévère que chaleureux. Je lui montre la bouteille que je veux lui offrir. «Très Saint-Père, j'ai pensé que vous ne connaissiez pas ce cru de la région du Vaucluse au nom prédestiné. Alors peut-être pourriez-vous le boire à notre santé ! » Lors de ses moments quasi intimes, il n'est pas prévu d'aborder des sujets de fond mais de répondre à Sa Sainteté avec diplomatie.

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Après cette providentielle parenthèse, je dois maintenant redescendre sur terre. Je quitte Sanctae Marthae émerveillée. Ce pape latino-américain transmet tant de joie qu'il faut faire attention à la façon dont on lui parle. Spontané, il met en effet si peu de distance apparente avec ses interlocuteurs que l'on se sentirait presque en famille ! Malgré cela, il en impose, car il dégage une telle autorité naturelle qu'on est ébloui par son charisme et son rayonnement. De plus, son enthousiasme est porteur.
C'est pourquoi, me souvenant que ma chère mère me répétait souvent: «L'important dans la vie n'est pas d'être invitée mais d'être réinvitée», je sais que, comme en amour, il faut toujours susciter la rencontre suivante. Ainsi, le regardant droit dans les yeux, j'ai osé suggérer à Sa Sainteté de lui apporter le premier exemplaire de notre livre dès qu'il sera imprimé. Le Pape a souri. Il est d'accord.
C'est bon, je tiens mon prochain rendez-vous! En chantant, je quitte le Vatican...