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Qu'a dit Georg Gänswein à Die Zeit?

Quelques précisions.... (6/12/2013)

Voir aussi:
¤ Georg Gänswein dans Die Zeit
¤ Des nouvelles du Pape émérite

     

L'information intéresse la Repubblica, qui se fait l'écho de l'article de Die Zeit, et qui en profite pour dénoncer une prétendue aile conservatrice allemande au sein de la Curie, emmenée par le cardinal (sic!) Müller, dont il est plus que suggéré que le secrétaire du pape émérite fait partie, et manoeuvre en sous-main (et pourquoi pas Benoît XVI lui-même) pour empêcher François de mener ses réformes à bien.

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Bergoglio et la vie à Sainte Marthe

Tous les tourments de Padre Georg
Andrea Tarquini
"la Repubblica", le 5 Décembre 2013
(source)
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Au Vatican , où l'aile conservatrice (surtout allemande) de la Curie veut résister à la nouvelle ligne du Pape François, Georg Gaenswein, l'ex (?) secrétaire du pape Benoît XVI, vit avec la douleur, et avec de fortes réserves sur le nouveau cours. Il l'écrit dans l'hebdomadaire Die Zeit, en kiosque en ce moment.
Le retrait de Ratzinger «a été une amputation», dit Gaenswein cité par les envoyés de Die Zeit. Sa vie a changé , dit-il, après huit années au cours desquelles «j'ai beaucoup souffert». A présent que, le jour, il sert le pape Françis et le soir, après 21h son prédécesseur, Gaenswein avoue : «J'ai l' impression de vivre dans deux mondes , et je dois être honnête avec moi-même, c'est une douleur de s'adapter à mon nouveau rôle».
Un nouveau rôle qui, selon l'hebdomadaire, pose à l'ancien secrétaire de Ratzinger également quelques questions critiques. Il a accepté la requête de François, de rester à son poste de cérémonie . «Si c'est votre volonté , je l'accepte avec l'obéissance», révèle-t-il lui avoir dit. Mais aujourd'hui sa vie «ne bat plus avec le pouls» de l'Église.

Le nouveau pape veut introduire de nombreuses nouveautés, et selon Die Zeit « à Gaenswein, cela ne peut pas plaire; peut-être même plus que le pape Benoît, il se sentait un "grand prêtre" de la tradition, dans laquelle il ne voyait pas un diktat de la Formalité, mais plutôt un concentré de la sagesse l'Église». Le fait que François n'ait pas voulu aller vivre en permanence dans les palais apostoliques, parce qu'il veut vivre au milieu des gens, parce que le couloir obscur menant aux palais apostoliques l'assombrit, selon l'hebdomadaires allemand, secoue et irrite Gaenswein. Qui ne voit pas seulement dans ce choix un coup à la tradition, mais aussi un affront envers son prédécesseur, et même tous ses prédécesseurs. Benoît XVI était un homme sobre, selon Gaenswein, il avait choisi les palais pontificaux, non pas comme un symbole de pouvoir personnel, mais comme une expression de la position du Pape dans l'Eglise .

A présent, le différend est surmonté: il paraît que Gaenswein en plaisante avec François, mais il reste un peu d'inquiétude dans la relation entre les deux : «Chaque jour, j'attends de savoir ce que le Nouveau apportera, ce qui va changer », dit l'ancien secrétaire de Ratzinger.
Selon les envoyés de Die Zeit qui l'ont rencontré , il vit un conflit intérieur : il se sent toujours attaché à son ancienne promesse de fidélité , il se sent du côté de Benoît XVI. Après 21h, il s'occupe de lui, expédie sa correspondance et d'autres affaires, il est aux côtés de ce vieil homme qu'il continue d'appeler «Saint-Père». Pourtant, il ne discute pas, il ne peut pas se laisser paralyser par le doute : «Il n'y a qu'un seul Pape» dit-il, comme s'il se rappellait à l'ordre, commentant [l'attitude de] ses collègues allemands.

Le danger sérieux, pour François, souligne le reportage de l'hebdomadaire de Hambourg, est ailleurs: c'est le poids de cardinaux puissants, comme Gerhard Ludwig Mueller (ndt: qui n'est même pas cardinal, bravo pour la qualité de l'information!). Et de tous les «conservateurs de la Curie» qui souvent comparent le pape Bergoglio à Gorbatchev, une comparaison négative de la destruction d'un ordre existant .

     

Démenti?

Hier, comme nous en avons parlé ici (cf Des nouvelles du Pape émérite ), Georg Gänswein était invité dans les locaux de Radio Vatican à l'occasion du lancement d'un application permettant de lire la bible sur ipad.
Il a évidemment été interrogé au sujet de l'article de Die Zeit.
L'Agence Asca rapporte ainsi les propos du secrétaire de Benoît XVI:

«C'est une idiotie, si j'étais contre le pape, il ne m'aurait pas confirmé à mon poste».
Et d'ajouter:
«Je n'ai pas lu l'article. Ce matin, j'ai reçu plusieurs mails critiques envers moi. Je ne sais pas ce que j'ai dit. J'ai parlé avec un journaliste, il y a quelques mois, mais ce n'était pas une interview».


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Peut-on parler de démenti? Et les deux informations se contredisent-elles tellement?
La vérité se trouve peut-être quelque part dans une zone grise entre les deux, où toutes les interprétations sont possibles, pour le plus grand plaisir du Diviseur...
Personnellement (mais c'est juste mon intuition... féminine!), je pense que les propos tenus à Die Zeit reflètent bien l'état d'esprit de don Georg. A vrai dire, il est presque impossible qu'il en soit autrement.
Et je ne peux m'empêcher de revoir avec un oeil différent, et un petit pincement au coeur, cette video du 6 janvier dernier, lorsque Benoît XVI confére à son secrétaire (qui était dans la confidence de la renonciation toute proche) l'ordination épiscopale.

Et cette autre , si belle, de mon ami <Russi>: