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Sondage, ou simple état des lieux?

Beaucoup de débat autour du questionnaire joint au document préparatoire au Synode sur la famille de l'an prochain. (6/11/2013)

>>> Document:
Le document préparatoire du Synode sur la famille du 5 au 19 octobre 2014: eucharistiemisericor.free.fr

>>> Voir aussi dans ces page:

¤ Famille: Un sondage en vue du synode
¤ Enquête en vue du Synode

     

On débat beaucoup, ces jours-ci, pour savoir si le questionnaire contenu dans le document préparatoire au Synode des évêques sur la famille qui se déroulera à Rome en octobre 2014 est, ou non, un "sondage" à l'échelle mondiale.
Certains prétendent d'ores et déjà que oui, d'autres affirment (JM Guénois) que c'est la méthode classique de préparation de tous les synodes romains.

Il est certain que la presse laïciste exerce une grosse pression, pour accréditer auprès de l'opinion publique l'idée que le Pape consulte la base, sur les questions sensibles de la morale sexuelle, et très particulièrement, sur les gays. La démarche serait selon eux "sans précédent", et conforterait l'image d'ouverture qu'ils ont décidé pour des raisons que l'on peut imaginer de coller au successeur de Benoît XVI - ce dernier, présenté comme un pape rétrograde et archaïque ennemi du progrès et sourd aux sirènes de la modernité (!).
Par exemple, aujourd'hui, La Repubblica (une feuille où, après tout, le Pape François a des contacts, rien moins que le fondateur et directeur historique Eugenio Scalfari) titre triomphalement "Noces gay et divorce, le Vatican lance un sondage" (ici)

Et Franca Giansoldati parle d'un "tournant historique du pape" (svolta storica) écrivant sur "Il Messagero" du 6 novembre:
"La nouveauté majeure est constitué par le même que même les fidèles individuels pourront s'ils le veulent envoyer leur réponse à Rome, étant donné que les conférences épiscopales se sont engagées à diffuser le questionnaire sur internet, les évêques anglais et plusieurs diocèses américains y ayant déjà pourvu en un temps record".

Il est difficile de créditer une telle démarche du moindre sérieux, sauf à admettre que tout le monde pourra donner son avis, et pas seulement les catholiques (car comment vérifier, en ligne?)

En réalité, tout ce que nous connaissons pour le moment de façon certaine, c'est le contenu du questionnaire, mis en ligne par les amis du site ESM, et les propos tenus par les prélats en charge lors de la conférence de presse de présentation du document péparatoire hier, 5 novembre: Mgr Lorenzo Baldisseri, le nouveau Secrétaire Général du Synode, Mgr Bruno Forte, Secrétaire Spécial, et le cardinal Erdö, rapporteur général.

Au cas où le compte-rendu aurait échappé à certains, voici ce que dit le bulletin VIS à ce sujet:

Mgr Baldisseri a dit que le thème choisi sera en fait traité en deux temps: D'abord par l'assemblée extraordinaire de l'année prochaine, qui fera le point de la question grâce aux opinions exprimées par l'épiscopat, et ensuite par une assemblée synodale ordinaire qui, en 2015, élaborera des lignes pastorales spécifiques.
Etant donné le caractère extraordinaire du Synode 2014, et plus généralement parce que cette institution est en phase de révision, la méthode préparatoire s'ouvre par une consultation de tous les organismes compétents en matière de famille.
"L'idée est de faire de l'institution synodale un instrument efficace de communion au sein duquel s'exprime et se réalise la collégialité appelée de ses voeux par Vatican II. C'est pourquoi le Saint-Père a accru le rôle du Secrétariat général afin de promouvoir la collégialité épiscopale Cum Petro et Sub Petro pour le gouvernement de l'Eglise universelle. Ceci implique des modifications structurelles mais aussi procédurales...".

Alors, sondage, ou simple état des lieux? Nouveauté, ou routine?

Il me semble important à ce sujet de bien distinguer les intentions (de l'Eglise) et la perception (de l'opinion). A défaut, on surfe sur l'ambiguïté, aux risques et périls de l'Eglise-institution.
Pour le moment, il semble y avoir comme un léger flottement.

     

Commentaire de Monique T.

Monique (cf. Enquête en vue du Synode), qui trouve a priori l'initiative intéressante, mais redoute la cacophonie, m'écrit:
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Je viens de lire en ligne un article de La Croix intitulé: "La large consultation en vue du synode sur la famille satisfait les évêques" (ceux de France, je suppose) [1].
Je crois qu'on va assister à une belle pagaille. Certains évêques envisagent de consulter leurs paroissiens (lesquels? Sélectionnés sur quels critères? Ceux qui monopolisent la parole depuis 50 ans... et pas de la première jeunesse? Ceux qui vont à la messe... et avec quelle fréquence? Ceux qui font partie des assemblées paroissiales et qui parlent pour les autres? Ceux qui ont internet? Ceux qui lisent La Croix? etc...). Personne ne le sait.
Un évêque se réjouit même de l'avènement de la démocratie dans l'Eglise, comme si ces décisions devaient être soumises au vote du peuple, après une campagne électorale préalable. On risque d'arriver d'ailleurs, dans les diocèses et les paroisses, à des colloques creux entre personnes dépassées par les enjeux doctrinaux des questions abordées. D'autres évêques n'envisagent que la consultation des conférences épiscopales.
Comment pourra-t-on évaluer et comparer les résultats provenant du monde entier si on ne définit pas une méthodologie commune et rigoureuse?
L'initiative ne manque pas d'intérêt mais pour le moment, c'est l'amateurisme qui prime.

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[1] http://www.la-croix.com

Présent à Lourdes avec l’ensemble des évêques français à l’occasion de leur assemblée plénière, Mgr Hervé Giraud, évêque de Soissons, a justement l’intention de « procéder à une large diffusion » de ce texte, auprès des paroisses. « Notre devoir est de le rendre accessible à tous », martèle-t-il, en insistant sur la nécessité pédagogique de « choisir quatre à cinq points de réflexion » parmi les 39 sous-questions.

L’ampleur du questionnaire inquiète certains évêques qui jugent indispensable un travail préalable avant la diffusion auprès d’un large auditoire. « J’ai demandé au responsable de la pastorale familiale du diocèse d’élaborer un document de synthèse à l’intention des laïcs qui n’ont pas forcément la formation nécessaire pour se saisir de ce texte », explique Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne. D’ores et déjà, il a envoyé le questionnaire à tous les doyens du diocèse en leur demandant que chaque équipe pastorale se réunisse à ce sujet.

La méthode romaine satisfait les évêques français, à l’image de Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, qui y voit « à travers les questions posées, la volonté d’une consultation large sur les réalités familiales et les difficultés rencontrées ».
Mgr Pierre D’Ornellas, archevêque de Rennes, se réjouit, lui aussi, que « le texte circule ». « Je l’ai envoyé à tous mes curés et responsables de services diocésains en leur demandant de trouver des chrétiens pour travailler l’une ou l’autre question. Une consultation n’est efficace que lorsqu’on a préparé en amont sa réalisation. Or il est difficile de créer des espaces d’écoute mutuelle, qui empêchent les dialogues de sourds. »

À ce sujet, Mgr Giraud apprécie que la démarche préparatoire au Synode sur la famille favorise « une réelle approche du dialogue démocratique dans l’Église » tout en appelant les catholiques français à ne pas « trop attendre » de cette consultation à laquelle vont prendre part 3500 diocèses dans le monde. La Conférence des évêques de France réfléchit actuellement aux modalités d’une synthèse nationale, voulue par Mgr Georges Pontier, son président pour l’aider à participer pleinement au Synode.