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Un superbe message en forme d'hymne à la Vie.

C'est celui du Patriarche de Constantinople Bartholomée, dans son homélie de Noêl (28/12/2013)

Merci à Régine M-L, qui me l'envoie accompagné de ses voeux, et de ces lignes:

Que Dieu protège notre Pape émérite et qu'il guide les pas du Pape François.
Heureuse de savoir que Benoît XVI est reconnu et aimé par des religieux et des laïcs et certaine qu'un jour viendra où nous saurons tous qu'il est une Lumière spirituelle essentielle en ce siècle.



Message patriarcal diffusé à l’occasion de Noël

† BARTHOLOMAIOS
PAR LA GRÂCE DE DIEU ARCHEVÊQUE DE CONSTANTINOPLE,
NOUVELLE ROME ET PATRIARCHE ŒCUMÉNIQUE,
À TOUT LE PLÉRÔME DE L’ÉGLISE
GRÂCE, MISÉRICORDE ET PAIX DU CHRIST SAUVEUR NÉ À BETHLÉEM
* * *

Frères et Enfants bien-aimés dans le Seigneur,
« Un enfant nous est né, un fils nous a été donné » ! (Es 9, 5.)
Enthousiaste et joyeux, de nombreux siècles à l’avance, le Prophète nous annonce de façon prémonitoire la Naissance de l’Enfant Jésus, enfanté par Marie toujours-Vierge. Certes, du temps du recensement décrété par César Auguste, il n’y avait pas de place dans l’hôtellerie pour héberger la sainte Vierge enceinte par l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est pourquoi, saint Joseph, son fiancé et protecteur, est contraint à la conduire dans une grotte, à la crèche, pour « mettre au monde l’Enfant ».

Le ciel et la terre l’accueillent en exprimant leur action de grâce au Créateur : « Les Anges, leur chant ; le Ciel, une étoile ; les Mages, leurs cadeaux ; les Bergers, l’émerveillement ; la terre, une grotte ; les Prés, une crèche ; et nous-mêmes une Mère vierge ». Les bergers montent la garde auprès de « leur troupeau pendant la nuit » et, contemplant le Mystère des anges, chantent des louanges (Vêpres de Noël).

Une fois de plus, la douceur de la sainte Nuit de Noël comble le monde. Et au milieu des labeurs et des souffrances, de la crise et des crises, des passions et des hostilités, des inquiétudes et des déceptions, se produit, réel et actuel plus que jamais, le mystère de l’Incarnation du Verbe de Dieu, descendu « comme la pluie sur un pré fauché » dans le sein de Marie toujours-Vierge, pour que paraissent justice et abondance de paix (cf. Ps 71, 6-7).

Dans le silence et la paix de la Nuit de Noël, Jésus Christ, sans commencement, éternel, invisible, incompréhensible, immatériel, celui qui est toujours, qui est aussi, entre dans le drame de l’histoire, porteur de notre chair, discret, pauvre, inconnu. Il entre, en même temps, comme «l’Admirable, le Conseiller, le Dieu fort, le Puissant, le Père à jamais, le Prince de la paix » (Es 9, 6-7).

Oui, il vient comme un homme né d’une Mère Vierge et il abolit l’emprise de l’iniquité. Par sa Grâce et sa Miséricorde, il fournit une issue aux dilemmes de la vie. Il donne à l’aventure humaine, une fin, une valeur, une substance, un ethos exemplaire et un modèle.

Le Seigneur a assumé toute la nature humaine et l’a sanctifiée. Le Dieu éternel a daigné devenir embryon pour nous et être porté dans le sein de la Théotokos. De la sorte, il a aussi honoré la vie humaine dès ses prémices. Il a enseigné le respect dû à l’être humain dès le début de la gestation. Le Créateur de l’univers a condescendu à naître comme Nourrisson et être allaité par la Vierge. De la sorte, il a honoré la virginité et la maternité spirituelle et naturelle. C’est pourquoi saint Grégoire le Théologien exhorte : « femmes, pratiquez la virginité, si vous voulez être mères du Christ » (Discours 38, Pour la Théophanie, PG 36, 313A, SC 358).

Et le Seigneur a établi l’homme et la femme comme conjoints dans la famille bénie. Cette institution de la famille chrétienne constitue la cellule de la vie et la couveuse du développement sain psychique et corporel des enfants. Dès lors, tant l’Église que les dirigeants de chaque nation ont l’obligation et le devoir de renforcer de diverses manières l’institution de la famille.

Le développement sain et normal d’un enfant requiert une famille où l’homme et la femme vivent harmonieusement, comme un seul corps, une chair, une âme, se soumettant l’un à l’autre.


Nous sommes certains que les dirigeants spirituels et ecclésiastiques, à l’instar des bergers vigilants, mais aussi les décideurs des affaires du monde connaissent et acceptent cette réalité et cette vérité divine, qu’à l’occasion de Noël nous proclamons cette année aussi de la part de notre Patriarcat œcuménique. Nous devons tous encourager la création et le fonctionnement des familles normales pour procréer des citoyens psychiquement sains et heureux, se sentant en pleine sécurité, soutenus par le sentiment d’être protégés et défendus par la force du père, l’affection et l’amour de la mère. Des familles dans lesquelles Dieu se reposera. Nous invitons et exhortons le plérôme de notre sainte Église orthodoxe, œuvrant de façon digne de l’appel reçu, à faire tout ce qui est possible pour soutenir l’institution de la famille.

Frères et enfants bien-aimés, « la nuit est avancée, le jour est tout proche » (Rm 13, 12). Déjà, les bergers cheminent vers Bethléem proclamant le prodige et nous invitent à les suivre, à l’instar des « mages observateurs des étoiles remplis de joie (tropaire 4 de l’ode des Matines de Noël). Ils Lui présentent des dons très précieux : « comme au Roi des siècles, de l’or, de l’encens, comme au Dieu de l’univers, et de la myrrhe à l’Immortel » (Vêpres de Noël, Apostiches). C’est-à-dire les dons de l’amour, de notre foi et de notre probation en tant que chrétiens, notamment chrétiens orthodoxes, dans l’ethos et la tradition familiale, patristique, ecclésiastique, qui agit toujours avec justesse à travers les siècles et qui, jusqu’à nos jours, assure la cohésion de notre société bénie, dont une cellule de la vie et du développement selon Dieu est, répétons-le, la famille.
Frères et enfants,

2013 ans depuis la Naissance dans la chair du Christ ;
2013 ans que le Christ, comme en ce temps-là, ne cesse d’être persécuté par Hérode dans la personne des faibles, les Hérode contemporains de toute sorte ;
2013 ans que Christ part, réfugié avec les réfugiés, non pas en Égypte, mais au Liban, en Europe, en Amérique et ailleurs pour trouver la sécurité dans l’insécurité du monde ;
2013 ans que l’Enfant Jésus est encore prisonnier avec les deux hiérarques de Syrie, Paul et Jean, avec les moniales orthodoxes et plusieurs autres chrétiens, anonymes et connus ;
2013 ans que Christ est crucifié avec ceux qui sont torturés et assassinés pour ne pas renier leur foi ;
2013 ans que Jésus est quotidiennement tué en la personne d’embryons que leurs parents ne laissent pas naître ;
2013 ans que Christ est victime de moqueries et d’injures dans la personne des enfants malheureux vivant dans la crise de la famille, de la misère et du dénuement.

Le Seigneur est venu, il vient ce Noël encore, assumer la douleur, l’affliction et les souffrances des êtres humains, Lui qui a dit : « [...] toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » (Mt 25, 40). C’est pour eux qu’il est né de la Vierge, c’est pour eux qu’il est devenu homme, c’est pour eux qu’il a souffert la passion, a été crucifié et est ressuscité. C’est-à-dire, pour nous tous. Prenons donc chacun sa croix « afin que nous obtenions miséricorde et que nous trouvions grâce, pour un secours opportun » (He 4, 16) pour que « Dieu soit avec nous », Emmanuel, Sauveur et Seigneur. Amen.

Noël 2013

† Bartholomaios de Constantinople
fervent intercesseur de vous tous en Dieu