La lettre à Oddifreddi (suite)
Réponse à quelques critiques (26/9/2013)
>>> Cf. La lettre à Oddifreddi
Je l'ai dit, ma première réaction à l'information (et non pas à la lecture de la lettre elle-même) que Benoît XVI avait écrit à Oddifreddi a été (pour une fois!) le doute.
Depuis, j'ai lu ici et là des critiques plus ou moins feutrées adressées à "l'émérite" (comme ils disent!), d'une part lui reprochant de ne pas respecter sa promesse d'être caché au monde, d'autre part lui reprochant de ne pas faire peuve de commisération, par le ton sévère, voire ironique, de sa lettre.
A la première objection, je répondrais qu'en presque sept mois nous n'avons eu de lui que quelques images volées parues dans des magazines people, les photos de la messe conclusive du Schülerkreis (il n'avait même pas été présent aux travaux, par discrétion) et celles de l'inauguration d'une statue dans les jardins du Vatican, où sa présence avait certainement été très désirée par le pape régnant. On ne peut pas dire qu'il a tiré la couverture à lui, et prétendre qu'on le voit "trop", c'est finalement lui intimer de se taire définitivement, car il gêne. Du reste, cette lettre est une réponse personnelle à une attaque qui lui était personnellement adressée comme auteur d'un livre écrit bien avant qu'il ne devienne pape.
Quant au manque de miséricorde, les auteurs de ce reproche sont, comme par hasard, ceux qui exaltent, par contraste, la même vertu chez François (cf. Antonio Livi dans la Bussola d'aujourd'hui). Mais Benoît XVI n'a fait que renvoyer dans les cordes un homme (en fait un bateleur médiatique) qui se répandait sur tous les plateaux de télévision, dont il était un habitué, par la calomnie et l'insulte contre la religion catholique - il avait par exemple traité les catholiques de "crétins" suscitant l'ire de Vittorio Messori. A lui, et à tous ceux qui comme lui veulent clouer l'Eglise au piloris sans avoir d'autre argument à apporter que le mensonge né de l'ignorance la plus crasse, Joseph Ratzinger rappelle que pour débattre, il faut avoir un minimum de connaissance du sujet que l'on prétend aborder. Et au "mathématicien", il réclame un minimum d'honnêteté scientifique! Malheureusement, de tels escrocs, dont la parole est démultipliée par les médias, ont sur l'opinion un impact inversement proportionnel à leur compétence, et ils font ainsi beaucoup de mal.
Ajoutons que se voir accuser d'adorer une divinité "irrationnelle" est vraiment un comble pour un mathématicien dont la spécialité est la... logique! (on lira à ce sujet sur le site Papale papale le témoignage ironique d'un de ses collègues à l'université de Turin où il était justement titulaire de la chaire de logique, mais où il était rarement présent... le collègue mathématicien daube sur son abondante production scientifique, qu'un projet UNESCO travaillerait, dit-il, à rassembler).
Oui, j'ai regretté que Benoît XVI se soit abaissé à écrire à un tel personnage (ce qui est peut-être la vraie miséricorde), mais ce dernier a pris une belle râclée qu'il n'a pas volée (et qu'il va hélas tranformer, n'en doutons pas, en espèces sonnantes et trébuchantes en publiant la lettre papale dans la prochaine édition de son livre) .
Là, j'applaudis.
Et qui sait si la courtoisie sévère du Pape émérite, s'il est permis d'utiliser cet oxymore, ne va pas réduire l'histrion au chômage médiatique, l'ayant privé grâce à sa plume de son juteux fond de boutique?