Accueil

Le merle blanc des jardins du Vatican

Mgr Xuereb raconte l'amour de Benoît XVI pour la nature, et rappelle une jolie anecdote remontant à l'hiver 2009, que j'avais, par chance, archivée (19/10/2013)

>>> Un témoignage de Mgr Xuereb

     

Il a répondu aux questions de RV, à l'issue de la présentation de l'anthologie de textes de Benoît XVI hier soir à Pordenone.

Mgr Xuereb: Je dois admettre que j'ai été intrigué quand j'ai reçu l'invitation de Pordenone. J'ai demandé pourquoi. Je ne suis ni un écrivain, ni un journaliste, et encore moins un chercheur. L'organisateur de l'événement m'a fait remarquer que j'ai vécu beaucoup d'années aux côtés de Benoît XVI. «Donnez-nous votre témoignage», a-t-il dit.
Et puis je dois dire que je sens au fond de moi, depuis un certain temps, une impulsion: cella d'apporter une contribution, aussi petite soit-elle, pour révéler la véritable identité du pape Benoît XVI. Je souffre quand j'entends des commentaires qui sont loin de représenter le vrai pape Benoît XVI. Moi qui ai eu la chance, la grâce, de le connaître de près, je voudrais raconter la personne que je connaissais.
(...)
>>> Audio ici [531 KB] .

Q: Benoît XVI, dans sa vie quotidienne, comme montrait-il son amour pour la nature, les animaux?

R. - Je pourrais dire que la première image qui me vient à l'esprit est qu'il "fondait" devant les animaux, la nature, il aimait rester dehors, quand nous faisions une excursion, aussi quand son frère venait d'Allemagne. Se souvenant, peut-être, des moments où, en Allemagne, quand il était enfant, ils allaient faire des excursions dans la nature. Mais il faut dire que le pape Benoît n'aimait pas seulement les chats, mais tous les animaux. A propos des petits oiseaux, je peux raconter une petite histoire. Il y a quelques années, en hiver, au cours d'une promenade dans les jardins du Vatican en récitant le Rosaire, nous remarquions souvent un merle blanc. A la fin du chapelet, il me demandait "Mais tu l'as vu?", me suggèrant ensuite d'aller prendre quelques photos du merle (ndt: l'audio confirme le tutoiement). Avec l'aide de nos photographes (de l'OR), qui ont de meilleurs appareils que le mien, j'y suis allé et j'ai pris quelques photos. Quand il les a vues, son expression était l'émerveillement. Il m'a dit que c'étaient des photos à publier. Et quelques jours plus tard, les photos ont fini dans L'Osservatore Romano.
Et encore: à la fin de l'audience générale quelques-uns, venant de paroisses, apportaient des statues de saints. Je me rappelle que j'ai dit au Pape que le Saint béni par lui à une occasion, avait un chien à côté de lui. Il a dit: «Alfred, non seulement ces saints sont sympathiques, mais ils deviennent plus humains». Une réplique qui révèle son attention pour la présence du monde animal à côté de ces hommes qui deviennent ainsi des saints plus proches de notre vie quotidienne, vers lesquels nous pouvons nous tourner avec confiance. Et cela est très beau
(...)
>>> Audio ici [1 491 KB] .

     

Le merle blanc

L'épisode du merle blanc: c'était en décembre 2009, et j'avais par chance traduit à l'époque l'article de l'OR, et sauvegardé les photos du merle.

Pour ceux qui seraient éventuellement intrigués par mon intérêt pour le merle blanc: benoit-et-moi.fr/2009.

Un merle blanc dans les jardins du Pape

Francis M. Valiante
-----
S'il avait écouté le Merle blanc (*) , Pinocchio, aujourd'hui, serait devenu un autre. Peut-être un vieux monsieur à la retraite après une vie honnête partagée entre famille et travail. Peu ou rien à raconter aux petits-enfants: une enfance tranquille, sans soucis, pas un seul jour d'école séché, se tenant toujours à l'écart des histoires et des ennuis. Seul le souvenir étrange de ce long nez en bois, héritage des vieux cauchemars d'enfant vite disparus.
Et dire que l'avertissement de l'oiseau, ne manquait pas de bon sens: «Ne l'écoute pas - lui avait-il crié - contre l'avis des mauvais compagnons, sinon, tu le regretteras». La plume de Carlo Collodi les lui avait fait rencontrer sur le chemin entre le théâtre de marionnettes et la maison de Geppetto. Une ancre de salut, à mi-chemin entre la chute et la rédemption. Mais il n'y avait rien à faire. Aussi parce que le chat, qui avait sauté d'un bond sur l'oiseau et l'avait dévoré d'un coup avant qu'il ait pu prononcer un autre mot, avait déjà pensé à faire taire la conscience hésitante de Pinocchio.
Disons la vérité: aucun enfant ne penserait jamais à regretter la pauvre bestiole. Qui peut imaginer un livre d'histoires sans les aventures de la marionnette la plus célèbre du monde?
Sort ingrat, celui du judicieux volatile. Et de tous ces conseillers sages et avisés qui sont de plus en plus de rares compagnons de route sur les chemins de la vie. Tout comme les merles blancs.
Qui d'ailleurs, en dépit de l'imaginaire populaire, ne sont pas si rares, selon les constatations de la science ornithologique. Les chercheurs les appellent "aberration chromatique", en une expression qui, à la vérité, semble évoquer quelque terrifiante alchimie génétique plutôt qu'un bon tour innocent de la nature.
Il paraît que c'est une histoire de pigments , dans le cas des merles, les mélanines, agents chargés de l'obscurcissement du plumage. Quand ils sont complètement absents on parle de l'albinisme, quand elles sont produites en petites quantités on est en présence de "leucisme" (leucistisme?).

Merles albinos et merles leucistes - descendants de l'illustre ancêtre, qui a malheureusement fini dans les griffes du chat de Pinocchio - ne sont pas si rares à observer, selon les experts.
Même dans un coin de verdure très particulier, comme les jardins du Vatican. Il y en a un specimen dans la zone du jardin français, derrière la grotte de Lourdes, qui s'offre assez souvent aux regards des observateurs d'oiseaux les plus chanceux dans le cercle des murs Léonins.
Parmi lesquels Benoît XVI lui-même et un de ses secrétaires, Mgr Alfred Xuereb, qui l'ont remarqué au cours de la prière quotidienne du Rosaire, en marchant le long des allées.
Heureusement qu'aucun d'eux n'a de penchants pour la vénerie, pourrait-on dire. Le fait est que le prélat, aussi encouragé par le pape, s'est mis en tête de le "capturer".

Mais pour cela, il a suffi d'un appareil photo équipé d'un objectif puissant. Cette situation combinée avec une bonne dose de patience et un esprit d'observation peu commun lui a permis le lendemain, au terme d'un guet pas si long, de prendre une série de superbes photos (publiées sur cette page) de l'oiseau. Totalement ignorant - surtout après le malheur qui est arrivé à son ancêtre le plus célèbre - d'être devenu rien de moins que l'objet d'attention du Pontife romain.
Ses "collègues" Noirs - l'une des colonies les plus nombreuses parmi les espèces d'oiseaux qui se pressent dans les jardins du Vatican - ne le prendront certainement pas mal. Aussi parce que, selon une autre légende, ce specimen au plumage blanc, témoignerait en réalité les apparences de leur beauté originelle. Autre chose qu'une histoire de pigments et de mélanine. Il semble en fait q'autrefois, tous les merles étaient blancs. Leur coloration noire actuelle est due au froid intense des trois derniers jours de Janvier - d'où l'expression «les jours du merle" - qui aurait contraint une merlate engourdie à se réfugier avec ses enfants dans une cheminée. Dont ils seraient alors sortis couverts de suie. Et pour cela, depuis lors, complètement noirs. Ce doit être pour cette raison qu'un autre naturaliste, un observateur aussi averti que le romancier français Jules Renard écrit: «Le merle blanc existe, le merle noir n'en est que l'ombre."
On peut parier que le Pape lui-même commence à le penser.

(© L'Osservatore Romano - 11 Décembre 2009)

* * *

(*) L'épisode du merle blanc dévoré par le chat se trouve en françaisici.